La ville de Portland, dans l’Oregon, vient de passer une loi interdisant l’usage de la reconnaissance faciale, aussi bien par les autorités que dans le secteur privé.
Cette décision intervient alors que la ville est secouée par d’importantes manifestations depuis la mort de George Floyd, citoyen afro-américain tué par la police en mai dernier. La police fédérale a reconnu avoir photographié les manifestants depuis un avion, entraînant la contestation des autorités de l’État d’Oregon et de la ville.
Les autorités et les entreprises visées
D’autres villes du pays comme Oakland, San Francisco ou Boston ont également interdit à la police d’exploiter la reconnaissance faciale, mais la législation de Portland est bien plus sévère car elle empêche aussi les entreprises privées de s’en servir. Cela touche notamment les banques, les restaurants, les salles de cinéma et de concert, les stations de transports, y compris les aéroports, ou encore les magasins. Il arrive en effet que certains commerces utilisent la technologie, notamment dans le but d’identifier les voleurs.
Bien sûr, cette mesure n’inclut pas l’usage de la reconnaissance faciale pour débloquer son smartphone ou ajouter un filtre sur une photo dans une application. Elle a été votée à l’unanimité par le Conseil municipal de la ville, et ce malgré un lobbying d’Amazon qui a dépensé 24 000 dollars pour empêcher la loi d’être promulguée.
Une mesure pour protéger les personnes vulnérables
« Personne ne devrait avoir quelque chose d'aussi privé que son visage photographié, stocké et vendu à des tiers à des fins lucratives. Personne ne devrait être injustement jeté dans le système de justice pénale parce que l'algorithme technologique a mal identifié une personne innocente », a déclaré Jo Ann Hardesty, commissaire du Conseil municipal de Portland. « Il s'agit en fait de s'assurer que nous accordons la priorité aux membres les plus vulnérables de notre communauté et aux personnes de couleur », a-t-elle ajouté.
Plusieurs études, dont l’une du gouvernement américain, ont en effet prouvé les biais racistes et sexistes de la reconnaissance faciale, qui peuvent avoir des conséquences désastreuses. C’est notamment pour cette raison qu’IBM avait décidé d’abandonner l’exploitation de cette technologie il y a quelques mois.
Jo Ann Hardesty espère désormais que cette décision fera des émules dans d’autres villes du pays, et ne souhaite pas réintroduire l’utilisation de la technologie tant qu’elle ne sera pas mieux contrôlée.
Sources : TechCrunch, OneZero