© Tobi/Pixabay
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Les rails sur lesquels circulent nos trains vont passer à l’ère du numérique.

Le chemin de fer est une technologie qui accompagne les sociétés humaines depuis un certain temps maintenant. Mais, son attractivité ne semble pas décliner, d'autant plus à l'heure où l'utilisation d'autres moyens de transport est remise en question. Ainsi, que ce soit pour acheminer des voyageurs ou des marchandises, les constructeurs développent de nouveaux projets pour permettre aux trains de répondre aux besoins des décennies à venir.

Transformer le rail en un câble Ethernet

C'est surtout aux rails que la multinationale française Alstom va apporter des améliorations. Elle souhaite améliorer un composant essentiel, existant depuis plus de 100 ans, et qui permet de surveiller l'état des voies et le déplacement des trains. Le dispositif analogique en place actuellement, et dont la technologie remonte aux années 1970, fait circuler un courant électrique dans les rails. Il peut ainsi détecter la position d'un train dans un rayon de trois kilomètres, tout en permettant un infime débit de données.

Les nouvelles implantations développées par Alstom utilisent un système numérique, capable de localiser les trains avec plus de précision, de l'ordre du kilomètre, et avec des débits beaucoup plus élevés. Pour Jeff Baker, responsable au sein d'Alstom, « c'est un peu comme passer du télégraphe au câble Ethernet. Nous avons essentiellement transformé le rail lui-même en un câble Ethernet. »

© Alstom
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Répondre à la demande et accroître la sécurité

Cette avancée vise à répondre à deux besoins, le premier étant l'augmentation du trafic ferroviaire. Si le transport de passagers pourrait connaître une demande croissante, c'est surtout le fret qui voit son activité croître. Néanmoins, le nombre de trains sur une même voie peut rapidement être restreint pour des raisons de sûreté. Pour Alstom, plus on pourra détecter avec précision la position des véhicules, plus on pourra en faire circuler sur chaque voie sans sacrifier l'aspect sécuritaire. Ainsi, il est envisageable d'augmenter le trafic et de satisfaire la demande.

Sur le plan de la sécurité, le constructeur entend aller encore plus loin. Avec des débits de données plus élevés, il sera possible de collecter davantage de statistiques sur les appareils en circulation. La température des roues, l'état de leurs roulements et les éventuels défauts pourront être surveillés afin d'effectuer une maintenance préventive, évitant ainsi les retards, voire les accidents. De plus, ces nouvelles implantations devraient aider au déploiement des trains autonomes que l'entreprise expérimente actuellement sur le réseau français.

Le ferroviaire à l'épreuve de la mondialisation et du réchauffement climatique

Au cours de l'année 2021, aux États-Unis, un train a subi un violent déraillement qui a tué trois passagers. L'accident aurait été causé par des rails déformés par une chaleur extrême. Baker explique qu'« il existe un phénomène appelé "sun kink", où le rail devient très chaud et se casse », ajoutant qu'« avec cette technologie, nous pouvons commencer à prédire quand ces choses vont se produire ». Pour l'industriel, c'est d'autant plus essentiel à l'heure où les vagues de chaleur intenses qui se succèdent fragilisent le réseau ferroviaire et exigent une surveillance accrue.

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La division fournissant cette nouvelle technologie, installée à Saint-Ouen-sur-Seine, en France, a commencé l'installation de ces nouveaux circuits destinés à des marchés du monde entier. Conformément à une tendance chez Alstom, cette division enregistre une augmentation de ses ventes, démontrant ainsi que le chemin de fer est autant une technologie du passé que du futur.

Source : Forbes