© Parallel Systems
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Trois anciens ingénieurs de chez SpaceX ont imaginé un tout nouveau concept de transport de marchandises par rail. S’ils n’en sont qu’au stade de prototype, leur technologie est très prometteuse.

L’entreprise qu’ils ont fondée, baptisée Parallel Systems, vient de lever 50 millions de dollars.

Corriger des failles du système ferroviaire américain

Le transport ferroviaire est beaucoup moins polluant que le transport par camion. Toutefois, le système ferroviaire américain, qui a été privatisé au fil des années, présente plusieurs failles. De nombreuses voies ferrées de petite taille ont ainsi été fermées, car elles ne permettaient pas aux entreprises de générer assez de revenus. Par ailleurs, les trains transportant des marchandises sont incroyablement longs et peuvent parfois compter plus de 200 wagons. Les coûts sont bien moins élevés si un seul train transporte les marchandises.

Cela les force cependant à s’arrêter dans d’importants terminaux situés dans des zones urbaines pour les décharger, et les marchandises destinées à des endroits plus reculés sont donc livrées par la route. « En raison de la façon dont le domaine ferroviaire est conçu, il a ses limites opérationnelles et économiques. Mais si vous pouvez briser ces barrières et permettre au rail de desservir un plus grand nombre de ces marchés, c'est là que se trouve l'opportunité », explique Matt Soule, employé chez SpaceX de 2006 et à 2019.

Avec John Howard et Ben Stabler, également anciens salariés de la firme d’Elon Musk, il a donc créé Parallel Systems. Le système imaginé par les ingénieurs comprend de petits véhicules ferroviaires autonomes à propulsion électrique qui proposent une nouvelle façon d’utiliser les chemins de fer. Ils peuvent aussi bien fonctionner de manière autonome qu’ensemble. Mais, contrairement à un train classique, un wagon peut être chargé et commencer sa route sans attendre que tous les autres soient prêts également. De la même manière, ils peuvent être déchargés un par un, ce qui leur permet de se rendre dans des terminaux bien plus petits, et donc dans des zones rurales.

« Les wagons transportant les conteneurs sont tous autonomes, mais le système fonctionnera mieux si les wagons sont reliés entre eux. Ainsi, au lieu d'avoir un long train de marchandises alimenté par quelques locomotives diesel, Parallel Systems envisage un "peloton" de 10 à 50 wagons de marchandises auto-alimentés », déclare Matt Soule à CNBC.

Le concept plaît 

Les véhicules peuvent transporter plus de deux fois la capacité d'un semi-remorque, possèdent une autonomie de 800 km et peuvent se recharger en une heure environ. En sachant que de nombreuses locomotives aux États-Unis tournent au diesel, faire passer le système à l’électrique pourrait permettre de largement faire baisser les émissions de CO2 liées au transport, bien qu’il faille également prendre compte la technologie par laquelle l’électricité est produite.

Pour l’heure, Parallel Systems compte une équipe de 25 ingénieurs, certains issus de grandes entreprises comme Uber, Tesla et Google. Si la firme n’engrange pas encore de bénéfices et n’a testé son système que sur 50 miles (31 km), Matt Soule affirme que plus de 30 sociétés réputées dans le secteur l’ont déjà contacté. 

Dean Wise, ancien vice-président de la stratégie réseau de BNSF Railway, une compagnie de chemin de fer, fait l’éloge de Parallel Systems : « Chez BNSF, nous avions pensé qu'un véhicule ferroviaire autonome et auto-alimenté changerait la donne, en améliorant considérablement la capacité du rail à concurrencer l'autoroute et à se défendre contre le défi imminent des camions autonomes, que la plupart des gens reconnaissent aujourd'hui comme une question de temps, pas d'éventualité. »

L’entreprise semble donc bien partie pour attirer les grands acteurs du secteur, qui pourraient même investir dans celle-ci pour profiter de sa technologie. 

Sources : Electrek, CNBC