Le transhumanisme par la robotique est à nos portes, si l'on en croit les scientifiques spécialistes en la matière.
Au-delà de remplacer nos périphériques viandeux par des membres chromés, des parties additionnelles robotiques semblent cette fois littéralement à portée de main.
L'augmentation robotique à portée de main ?
Nous avons déjà vu les premiers signes d'ajouts d'éléments robotiques sur le corps humain. Jusqu'à présent, il était toutefois surtout question de remplacer des membres manquants en raison de maladies ou d'accidents. Mais les scientifiques en robotique s'intéressent désormais à une autre forme d'augmentation : l'ajout de membres robotiques surnuméraires.
Tamar Makin, professeure en neurosciences cognitives de l'université de Cambridge, a en tout cas indiqué qu'une telle idée serait tout à fait réalisable et nous permettrait d'augmenter notre productivité dans divers domaines. « Si vous voulez un bras en plus pour faire la cuisine, notamment pour touiller la soupe pendant que vous coupez des légumes, vous pourriez avoir l'option de porter un bras robotique supplémentaire contrôlé indépendamment », a-t-elle indiqué.
Le concept d'avoir une partie du corps robotique en plus a déjà fait ses preuves. Dani Clode, collègue de Tamar Makin, a en effet créé un pouce imprimé en 3D, qui peut être rattaché à une main de chair et d'os. Cette création fait partie d'une conférence baptisée « Homo Cyberneticus : l'augmentation motrice pour le corps du futur » qui s'est tenue au dernier rendez-vous annuel de l'association américaine pour l'avancement de la science à Washington.
Une idée qui fait son chemin
De telles augmentations pourraient avoir de nombreuses applications, tant dans la vie de tous les jours que dans la vie professionnelle. Un chirurgien a ainsi exprimé à Dani Clode l'intérêt de disposer d'un bras tenant une caméra au-dessus de son épaule, au lieu d'accaparer exclusivement un assistant.
Plus qu'un simple ajout, l'idée est de pouvoir contrôler indépendamment ce nouveau membre robotique, venant ainsi renforcer nos capacités naturelles, plutôt que de les remplacer ou d'avoir une fonction limitée. Pour l'exemple du pouce supplémentaire, celui-ci est connecté à deux moteurs fixés au poignet et contrôlés par une sorte de manette attachée au bras.
Pour aller plus loin, certains chercheurs explorent une telle possibilité avec un contrôle opéré par des électrodes fixées au cerveau ou à la colonne vertébrale. Mais Tamar Makin estime qu'aucune justification éthique n'autorise pour l'instant une opération aussi invasive, sans parler de l'impact que cela aurait sur un système nerveux chamboulé par l'apparition d'un membre en plus.
Quoiqu'encore balbutiant, ce terrain de recherche avec le pouce en plus comme fer de lance présente déjà des résultats encourageants. Dani Clode a en effet mis son invention à l'épreuve durant une exposition au public. Sur les 600 personnes testées (de 3 à 97 ans), 98 % des utilisateurs ont réussi à le faire fonctionner dès la première minute. Une évolution robotique de l'humain sur le… pouce, qui semble donc plus que jamais à portée de… main.
Source : Dani Clode