En effet, la demande d'AMD vise à implémenter la gestion de la fréquence de rafraîchissement variable du moniteur par la carte graphique au sein des caractéristiques de base de la connectique DisplayPort 1.2a. Si cette demande venait à être validée par les membres du consortium VESA, ça signifierait que n'importe quel constructeur pourrait fabriquer des écrans compatibles FreeSync, simplement en adoptant la bonne révision de la connectique DisplayPort 1.2a. Donc sans le surcoût de la technologie G-Sync de NVIDIA et surtout avec une clientèle potentielle beaucoup plus large, le standard n'étant pas cloisonnée derrière une marque. Si la dalle et l'électronique le supportent, des écrans déjà existants pourraient même devenir compatibles par simple mise à jour de firmware. Rappelons brièvement les grands principes.
Le joueur sur PC est tiraillé depuis toujours par un grand dilemme : avoir le maximum de FPS en dépit du phénomène de déchirement (tearing) ou activer la V-Sync pour supprimer le tearing mais récolter des saccades (stutter) et de la latence. Dans les deux cas, la source du problème reste la même : l'inadéquation entre le taux de rafraîchissement constant des moniteurs et la vitesse variable de rendu des images des cartes graphiques. La V-Sync se proposait de caler la carte graphique sur le moniteur (le plus souvent à 60 Hz), c'est en fait l'inverse qu'il faut faire. Si pendant des lustres les écrans d'ordinateur se sont cantonné à des taux de rafraîchissement fixes (sur le modèle des tubes cathodiques de l'époque), il semblerait que les choses changent.
À vrai dire, il existe déjà des dalles qui rafraîchissent à fréquences variables, notamment sur les portables et pour des raisons d'économie d'énergie. En effet , le DisplayPort interne (norme eDP, pour embedded DisplayPort) gère déjà le rafraîchissement variable depuis 2008 (soit la v1.0) ! L'idée d'AMD, c'est donc de faire implémenter ces mêmes propriétés dans les spécifications du DisplayPort externe. AMD aurait confié à nos confrères de Hardware.fr que leurs pilotes Catalyst seraient déjà prêts. Il ne manquerait que l'interface de contrôle permettant au joueur de prendre la main sur le réglage.
De son côté, NVIDIA vraisemblablement bien conscient de tout cela a pris les devants avec son G-Sync. Une technologie qui utilise précisément le DisplayPort 1.2, mais aussi une carte mère d'écran propriétaire, coûteuse, et qui ne fonctionne qu'avec certaines cartes graphiques, NVIDIA bien sûr. Le chemin emprunté par AMD sera certes plus long, la révision d'un standard et son adoption par les constructeurs nécessitant diverses tractations. Et la stratégie sera probablement moins juteuse. Sauf qu'en termes d'image de marque, AMD pourrait bien rester comme l'acteur qui a cherché à faire évoluer la cause du jeu vidéo tout entière, alors que NVIDIA passera davantage pour l'entité qui savait mais a préféré faire cavalier seul pour engendrer des profits. On verra bien qui sera gagnant sur le long terme... NVIDIA a peut-être aussi plus de plumes à laisser qu'AMD.