IBM s'apprête à mettre en ligne son 14e ordinateur quantique, soit son plus puissant jusqu'à présent. Cette mise en ligne interviendra seulement neuf mois après que la marque a annoncé son premier ordinateur quantique à vocation commerciale.
Par rapport à ce précédent modèle, qui utilise 20 « qubits », le nouvel ordinateur quantique en utilise 53.
Toujours plus de qubits
Ces qubits sont à la base des ordinateurs quantiques : ils sont utilisés pour le stockage et le traitement des données. Cet article du CNRS détaille ce que sont les qubits et ce qu'ils impliquent : alors que les bits « conventionnels » ne peuvent avoir que deux états clairement distincts (0 et 1, en fonction du passage ou non du courant électrique), les qubits, eux, peuvent avoir les deux états à la fois. On parle de superposition.En outre, les qubits peuvent interagir : on parle d'intrication. En utilisant superposition et intrication, l'ordinateur peut déterminer la totalité des résultats possibles d'un calcul en une fois, là où un ordinateur devra les calculer un à un.
Mais le CNRS explique également la difficulté pour un ordinateur de disposer d'un grand nombre de qubits : la nature instable des qubits. L'article cite Sébastien Tanzilli, de l'Institut de physique de Nice : « Pour qu'un ordinateur quantique fonctionne, il faut que ses qubits conservent leurs propriétés quantiques le temps du calcul. Or, du fait des interactions avec l'environnement (champ magnétique, lumière, agitation thermique...), tout pousse un système quantique à perdre ses propriétés. Et cela est d'autant plus vrai que le système contient plus de qubits ».
C'est là la prouesse du nouvel ordinateur quantique d'IBM. Il passe de 20 à 53 qubits par rapport à l'ordinateur précédent, et se révèle être l'appareil de son genre le plus puissant jusqu'à présent. Le directeur d'IBM Research, Dario Gil, explique : « Le nouveau système quantique est important, car il assure un réseau plus conséquent et donne la possibilité aux utilisateurs de mener des expériences d'intrications et de connectivité encore plus complexes ».
Potentiel quantique
Certes, Google a annoncé en 2018 avoir créé un ordinateur de 72 qubits, mais sans faire la preuve de leurs intrications. Dans la course à l'informatique quantique, IBM est déjà en concurrence avec Google, Microsoft, Intel, Honeywell, IonQ, etc.Mais comme pour les bits sur les anciennes consoles de jeux, le nombre de qubits n'est qu'un seul indicateur du potentiel d'un ordinateur. IBM préconise l'utilisation d'un concept qu'il nomme « volume quantique » pour juger de la puissance d'un ordinateur quantique. CNet explique que celui-ci tient compte du nombre de qubits d'un ordinateur quantique, mais aussi de la puissance de calcul effective que l'ordinateur peut tirer de ces qubits si instables.
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Et à ce petit jeu (probablement adressé aux 72 qubits de Google), IBM vérifie la loi de Moore : son ordinateur quantique a atteint un volume quantique de 4 en 2017, 8 en 2018 et 16 avec le Q System One dévoilé au début de l'année et ses 20 qubits. Le nouvel ordinateur quantique affichera-t-il 32 ?
Source : CNet