Après l'échec de la 3D, la relance viendra sans aucun doute de l'ultra haute-définition selon les fabricants de téléviseurs japonais rencontrés cette semaine à l'occasion du salon Ceatec. Tous en ont fait le point d'orgue de leurs stands, avec une avalanche de dalles accompagnée d'un discours optimiste quant à la disponibilité prochaine de contenus nativement conçus pour ces hautes résolutions.
N'en déplaise aux puristes, pour qui l'appellation 4K correspond aux 4096 × 2160 pixels utilisés dans la production cinéma, le terme supplante définitivement la mention Ultra HD, censée correspondre à ces écrans affichant en réalité 3840 × 2160 pixels. Au Ceatec, la 4K est partout, chez Sharp, Panasonic, Toshiba, Sony ou Mitsubishi qui soulignent à grands renforts de démonstration la promesse de contenus plus détaillés rendue possible grâce à cette débauche de pixels.
Ils ont également à coeur de souligner que les quelques lacunes qui pouvaient encore frapper les premiers téléviseurs 4K sont désormais comblées. Panasonic, par exemple, dernier arrivé sur ce terrain, insiste sur le fait que ses premiers modèles du genre sont capables d'afficher des contenus 4K en 60p, et met également en avant leur connectique « sans compromis » avec HDMI 2.0 d'un côté et Displayport 1.2a de l'autre.
C'est toutefois cette seconde connectique qui est utilisée pour les démonstrations sur le salon, le discours étant encore un peu hésitant quant au HDMI 2.0, dont la ratification finale ne date que de début septembre. Rappelons que le HDMI 1.4 utilisé sur les téléviseurs Ultra HD actuellement disponibles plafonne théoriquement à 30 images par seconde pour les contenus 4K, alors que la version 2.0 de la norme autorise le passage à 60 images par seconde, du fait de sa bande passante accrue.
Des contenus 4K en 2014... en théorie seulement ?
Ceux qui s'activent également dans le domaine de la prise de vue, Sony et Panasonic, présentent aux côtés de leurs téléviseurs leurs caméras 4K. Le premier expose par exemple la FDR-AX1, une caméra de poing initialement dévoilée sur le salon IFA, en septembre, et destinée aux professionnels, ne serait-ce qu'à cause de son prix, situé aux alentours de 4 500 dollars. Il ne faudra sans doute pas longtemps pour que la 4K fasse son entrée sur des caméras grand public, mais dans les faits la production reste aujourd'hui cantonnée aux univers cinéma et TV.
Si ces derniers ont déjà emboîté le pas à la tendance, il faut encore pallier aux carences de la chaîne de distribution pour que ces contenus arrivent jusqu'au consommateur. On espérait que le Ceatec soit l'occasion pour Sony et les acteurs du consortium Blu-ray de donner quelques précisions quant à l'avènement du 4K sur ce support. Pour l'instant, les attentes sont déçues, même si l'on suppose que le CES de Las Vegas, début janvier, verra des annonces plus concrètes et, surtout, plus tangibles.
Après la vidéo domestique reste l'épineuse question de la diffusion en TV. Sur ce point, la télévision japonaise d'état NHK a affirmé lors du Ceatec être en mesure de débuter des tests à grande échelle avant l'été 2014, avec l'objectif avoué de mettre en service le plus rapidement possible un ou plusieurs canaux dédiés. Interrogés par nos soins, ses représentants indiquent que la chaîne de distribution est prête, correctement dimensionnée, et donc en mesure de lancer les opérations à grande échelle dès que le feu vert aura été donné. On reste en revanche évasif quand à l'équipement nécessaire pour le quidam moyen, chez qui un écran 4K ne sera pas forcément suffisant.
Des zones d'ombre qui tempèrent donc quelque peu l'optimisme de bon aloi affiché par le secteur, d'autant que la NHK parasite quelque peu le message en annonçant en parallèle qu'elle planche toujours sur la génération suivante, le 8K, avec l'ambition de lancer cette très, très haute définition, à l'horizon 2020, idéalement pour les Jeux Olympiques de Tokyo.
En attendant, vendons des écrans !
Retour aux constructeurs. Eux affirment que les premiers chiffres de vente relatifs aux TV 4K sont satisfaisants sur l'archipel, mais ne se risquent toutefois pas à livrer le moindre chiffre. Chez Toshiba, on admet un écueil : aujourdhui, l'ultra HD n'est proposée que sur des modèles de grande taille (55 pouces et supérieurs), que tout le monde n'a pas la place d'installer chez soi - sans même parler des coûts élevés induits, et on laisse entendre que la 4K sera bientôt accessible sur des diagonales plus raisonnables (à partir sans doute de 42 pouces) dès l'an prochain. Sharp, spécialiste du genre, a déjà témoigné la faisabilité de la chose avec ses moniteurs 32 pouces 4K, pendant que Panasonic vante l'intérêt, pour les pros essentiellement, d'une tablette tactile 4K de 20 pouces seulement.
Reste à voir si le consommateur verra, lui, l'intérêt. Comme toujours, tout sera fait pour l'y inciter.
Ci-dessous, notre reportage vidéo Cap sur l'Ultra HD réalisé lors du salon IFA.