Pour lutter contre la fraude aux allocations chômage, de nombreux États américains ont choisi d'avoir recours au service « ID.me » employant la reconnaissance faciale. Mais de graves dysfonctionnements empêcheraient tout simplement des milliers bénéficiaires d' y avoir accès.
Dénoncés depuis de longs mois dans pas moins de 24 États américains, notamment sur le réseau social Twitter, ces blocages ne semblent pas près d'être levés, alors que le P.-D.G. d'ID.me affirme que sa technologie FaceMatch « opère avec une efficacité de 99,9% ».
De nombreux cas de défaillance d'ID.me seraient relevés par les allocataires
La technologie de reconnaissance faciale d'ID.me a pour objectif de croiser données biométriques et informations officielles sur les demandeurs d'allocations chômage afin de vérifier leur identité et leurs droits potentiels à percevoir une indemnité. Le recours aux services de cette entreprise dans 24 États américains doit permettre d'éviter les pertes liées aux fraudes dans la perception des allocations chômage. Toutefois, des milliers d'utilisateurs dénoncent d'importantes failles qui entraineraient un blocage de leur profil et l'impossibilité de percevoir leurs indemnités.
Au bout de trois échecs d'identification, l'allocataire potentiel est bloqué par le service ID.me. Selon Vice, les personnes de sexe féminin et de couleur sont celles qui seraient le plus victimes de blocages injustifiés.
Quant au recours au service d'aide, disponible en maximum 30 minutes 24h/24 et 7j/7 d'après le P.-D.G. d'ID.me Blake Hall, de nombreux messages de plaintes nous apprennent qu'il nécessiterait plusieurs semaines d'attente et de procédures. Vice cite notamment le cas de Tom Weaver, qui a dû attendre près de trois semaines avant de toucher à nouveau ses allocations. Pour Hall, il n'y aurait « aucune relation entre le teint de la peau et l'échec de Face Match sur une base 1:1 ».
Hall affirme que les fraudes aux allocations chômage atteignent 400 milliards de dollars
Le point névralgique de l'emploi de la reconnaissance faciale pour distinguer les bénéficiaires d'allocations chômage de potentiels fraudeurs réside dans la lutte contre le gaspillage d'argent public par manque de vérification efficace des demandes d'indemnisation. Néanmoins, la controverse ne concerne pas seulement la technologie employée par ID.me, mais également le coût de la potentielle fraude aux allocations avancé par Blake Hall.
Des chiffres sans cesse en hausse pour ce dernier, qui affirme que les pertes seraient passées de 100 milliards en février 2021 à 400 milliards (!) de dollars selon les chiffres partagés par ID.me dans une enquête d'Axios le 17 juin dernier. Soit 2 % du PIB américain en 2019, rien que ça.
Si les pertes annuelles du Trésor américain liées à la fraude aux allocations chômage demeurent élevées (l'administration les évalue à 5,6 milliards de dollars entre mars et octobre 2020), nous demeurons loin des chiffres donnés par Hall.
Comme le pointe avec discernement Vice, « ID.me a également tout intérêt à décrire la fraude comme un problème majeur » afin d'accroître sa visibilité et augmenter son nombre de clients. En attendant, les plaintes contre ce service continuent de se multiplier quotidiennement sur Twitter. Jusqu'à quand ?