De plus en plus d'acteurs de doublage voient apparaître dans leurs contrats des clauses leur demandant de vendre leur voix pour la synthétiser.
Ce phénomène provoque une levée de boucliers pour le moins légitime dans ce corps de métier. Il pourrait en effet coûter cher à bien des égards aux professionnels de ce milieu.
Les acteurs de doublage lèvent la voix contre l'IA
Dans la course folle à l'IA, les modèles capables de synthétiser des voix commencent à prendre de l'ampleur. Si les plus communs requièrent plusieurs minutes d'enregistrement, d'autres plus expérimentaux comme chez Microsoft n'ont besoin que de quelques secondes pour parvenir au même résultat.
En l'état, les acteurs de doublage rapportent une multiplication des clauses dans leurs contrats visant à, pour ainsi dire, vendre leur voix pour nourrir des intelligences artificielles. Ces nouvelles obligations contractuelles inquiètent à juste titre les professionnels, pour de nombreuses raisons.
Leurs voix pourraient en effet servir à d'autres occasions sans leur consentement, et pour l'instant sans compensation financière additionnelle. D'autres estiment qu'il s'agit d'une manœuvre pour contourner leur consentement à interpréter des lignes de dialogue contraires à leurs valeurs.
Enfin, certains y voient un manque de respect envers l'art du doublage, une performance artificielle ne pouvant égaler une performance humaine, avec les émotions que cela implique. Malgré tout, les avancées en la matière sont fulgurantes et pourraient tromper des auditeurs peu avertis, avec une porte ouverte à l'emploi de leurs voix à des fins frauduleuses, ou pire encore.
Bientôt la fin du métier d'acteur de doublage ?
Outre ces obligations qui commencent à fleurir dans les contrats des acteurs, un marché entier proposant des voix artificielles à moindre coût est en train de voir le jour. Certains sites proposent en effet, contre un abonnement mensuel peu prohibitif, un large choix de voix, pour l'heure majoritairement en anglais.
L'une de ces entreprises, baptisée ElevenLabs, se montre particulièrement avancée en la matière. Elle entend en effet proposer à la demande un support audio multilingue pour l'éducation, le streaming, les livres audio, les jeux vidéo, les films/séries et même des conversations en temps réel.
Pour ne pas trop alarmer les acteurs de doublage, la société entrevoit un futur dans lequel ils peuvent travailler de concert avec l'intelligence artificielle. L'idée serait ainsi pour les acteurs d'accorder des droits de licence sur leur voix et ne plus avoir à s'inquiéter du nombre de sessions d'enregistrement, leur assurant un flux constant de revenus et de royalties.
À cela, nombre d'acteurs de doublage à plein temps ont répondu : « Allez donc demander aux musiciens comment ils s'en sortent depuis que les plateformes de streaming musical existent. » Si certains acteurs à temps partiel y ont trouvé une nouvelle forme d'expression et de revenus, le consensus veut que la profession accueille d'un œil très peu amène cette incursion grandissante de l'IA dans leur corps de métier.
Une majeure partie d'entre eux espèrent en effet que la frénésie autour de l'intelligence artificielle finisse par se tasser ou, à tout le moins, que les acteurs puissent simplement refuser de telles clauses. Dans ce domaine comme dans tant d'autres, l'IA ne fait donc définitivement pas que des heureux.
Source : Vice