Bruce Willis © Shutterstock
Bruce Willis © Shutterstock

L'acteur Bruce Willis, qui a annoncé prendre sa retraite en avril dernier, devrait pourtant continuer à tourner des films. Le tout sans mettre un pied sur un plateau de tournage.

La star de films d'action a annoncé avoir vendu ses droits d'image à DeepCake, une entreprise américaine de deepfakes. Convaincu après que cette technologie a été utilisée pour le faire apparaître dans une publicité, l'acteur a expliqué qu'elle offrait de belles perspectives d'avenir.

La technologie deepfake est déjà utilisée au cinéma

La technologie deepfake n'est pas exactement nouvelle. Cette technique utilise l'intelligence artificielle pour superposer une image, généralement un visage, sur une vidéo de manière extrêmement réaliste. Son essor et son irruption dans le débat public il y a maintenant plusieurs années ont initialement créé de nombreuses inquiétudes, notamment sur l'utilisation qui pourrait en être faite dans un but de désinformation. Ce problème n'est d'ailleurs, en 2022, toujours pas résolu comme l'a prouvé une vidéo diffusée en mars dernier, montrant le président ukrainien Zelensky annoncer sa capitulation dans une adresse télévisée.

Mais il ne s'agit pas de l'unique utilisation qui peut en être faite et l'industrie du cinéma l'a bien compris. Disney a notamment utilisé cette technologie pour afficher des versions rajeunies de certains acteurs ou pour ramener des acteurs malheureusement décédés à l'écran, à l'image de Carrie Fischer dans la saga Star Wars. Bruce Willis, dont l'entourage a annoncé au début de l'année qu'il était atteint d'aphasie, une affliction causant des troubles du langage et de la compréhension, a donc décidé à son tour de se lancer dans les deepfakes.

Une première pour un acteur vivant

L'entreprise DeepCake, qui a donc récupéré le droit à l'image de Willis, propose aux studios de cinéma d'intégrer le visage et les expressions d'un acteur pour une fraction de ce qu'aurait été son cachet si celui-ci s'était réellement rendu sur le tournage. L'entreprise explique que cela permet de plus aux sociétés de production d'économiser sur beaucoup d'autres coûts, comme les billets d'avion ou les nuits d'hôtel.

Bruce Willis est pour l'instant la première personnalité à ainsi vendre ses droits dans un tel objectif. Et si sa situation personnelle peut le justifier, il met le pied dans la porte d'un système qui n'en est qu'à ses débuts mais qui pose des questions éthiques. Le cas des acteurs morts qui continuent d'apparaître dans des films, notamment, interroge : à quel point ces derniers sont-ils propriétaires de leurs corps ? Et les acteurs bien vivants trouveront-ils toujours du travail à l'avenir si des clones numériques sont disponibles pour beaucoup moins cher ?

L'adoption des deepfakes par Hollywood est en tout cas une nouvelle preuve que l'IA peut venir bouleverser tous les métiers, si créatifs ou artistiques soient-ils.