Kaedim, une start-up spécialisée dans l'IA et la modélisation 3D, est sous le feu d'une grave accusation. Celle-ci prétendait travailler avec un logiciel autonome, mais à la place, c'étaient des employés de chair et d'os qui travaillaient durement dans l'ombre.
Cette petite start-up californienne proposait à ses clients la conversion d'images 2D vers des modèles 3D, soi-disant grâce à l'utilisation d'un modèle d'IA à la pointe. Toutefois, il s'avère que cette intelligence « magique » n'en était pas une, mais que de vrais artistes étaient en charge des commandes, dans des conditions indignes. Un coup dur pour l'image de la société, et un point en plus pour alimenter le discours des détracteurs de l'intelligence artificielle.
Une supercherie grossière
Cette histoire n'est pas sans rappeler celle du Turc mécanique, un canular organisé au XVIIIe siècle par l'écrivain et inventeur hongrois Wolfgang von Kempelen. Celui-ci avait prétendu concevoir un automate capable de jouer aux échecs seul contre un joueur humain pour impressionner l'impératrice d'Autriche Marie-Thérèse en 1770. Au lieu de cela, son automate était en réalité un mannequin dans lequel pouvait se glisser un humain pour pouvoir assurer les parties d'échecs. Grâce à ce subterfuge, la prétendue machine a joué et gagné des parties pendant 84 ans contre d'illustres joueurs d'échecs et personnages historiques comme Bonaparte ou Catherine de Russie.
L'histoire de la start-up Kaedim est un peu moins romantique et n'aura pas duré aussi longtemps. Vendant sa solution miracle principalement aux artistes du secteur vidéoludique, elle vantait son logiciel comme un moyen de faire gagner du temps à ses clients. Cette promesse semblait trop belle pour être vraie. Et effectivement, elle l'était.
La supercherie a été dévoilée par 404 Media, qui a découvert le pot aux roses. Derrière cette façade polie à la sauce high-tech made in California se cachaient en réalité de vrais artistes. Ces derniers étaient chargés de réaliser les conversions d'images en coulisses, travaillant dans un secret absolu pour des sommes dérisoires. Un tableau nettement moins sympathique que celui que dressait la fondatrice de la start-up, Konstantina Psoma.
La réponse de Kaedim
Tout d'abord, l'entreprise a nié les faits auprès de 404 Media, mais a mis à jour son site web dans la précipitation juste après que l'article fut paru. La P-D.G. de Kaedim a ensuite fait machine arrière. Elle admettait jusqu'alors que ces personnes n'étaient là que pour un simple processus de vérification des images générées. Elle a ensuite avoué que le fonctionnement de son logiciel reposait en grande partie sur le travail humain, en changeant le texte de présentation du site de son entreprise. Un rétropédalage plus que suspect.
Par la suite, Kaedim a montré patte blanche en s'engageant à proposer une version entièrement autonome de son service d'ici 2024. Difficile aujourd'hui d'imaginer que l'entreprise gagnera à nouveau la confiance des clients et de ses investisseurs. Alors que Microsoft a supprimé en mars son équipe chargée de l'éthique dans l'IA, nous ne sommes pas près de voir le bout de ce débat. Comme un nouvel eldorado, il faut croire que certains acteurs sont disposés à toute manœuvre, aussi peu morale soit-elle, pour se faire une place au soleil.
Sources : Usine Digitale, 404 Media