En avril 2009, le Mexique avait entrepris la création d'une vaste base de données destinée à réduire la criminalité locale. L'une des mesures consistait à identifier tous les téléphones mobiles du pays, de sorte à connaître chaque utilisateur de portable, et empêcher les criminels emprisonnés de continuer leurs activités illégales par téléphone.
Un an après, le gouvernement mexicain s'apprête à voter une loi qui, si elle passe samedi comme prévu, entraînera la désactivation de tous les téléphones non-enregistrés au préalable.
Mais malgré des spots diffusés depuis plusieurs semaines par l'Etat à la radio et à la télévision, et une procédure d'enregistrement simplifiée - un seul SMS suffit - 30 millions de téléphones mobiles n'ont toujours pas été identifiés sur les 84 millions que compte le pays. Un chiffre énorme, difficile à imputer au seul syndicat du crime.
Une situation qui pousse America Movil, le premier opérateur de téléphonie mobile du pays avec 71% de part de marché, à tirer la sonnette d'alarme auprès du Sénat. « Près de 30 millions de personnes seront affectées (...) Beaucoup d'entre elles n'ont que le téléphone portable comme moyen de communication » souligne Guillermo Ferrer, responsable des relations avec les pouvoirs publics de la société. L'intervention d'America Movil n'est pas purement philanthropique, puisque si les 30 millions de lignes étaient belles et bien coupées, la firme pourrait perdre jusqu'à 10 millions de dollars par jour.
C'est l'explosion du trafic de drogue, du racket et plus spécifiquement des enlèvements dans le pays en 2008 qui avait poussé le gouvernement à adopter des mesures si radicales. Une directive très critiquée puisque pour beaucoup, rien n'empêchera les criminels d'enregistrer des téléphones sous un faux nom. Le président de la commission fédérale de la communication mexicaine, Hector Osuna, a cependant affirmé que les autorités vérifieront la légitimité des informations fournies par les utilisateurs.
Plusieurs autres entreprises de téléphonie ont déjà tenté, cette semaine, de faire repousser le délai d'un an auprès du Sénat, mais sans succès jusque-là. Rien n'exclut cependant un revirement de situation avant le vote définitif, qui est programmé pour demain.