© Alexandre Boero pour Clubic
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Si la France ne risque pas de black-out, l'éventualité de coupures d'électricité plus sporadiques n'est pas pleinement écartée pour les mois à venir. Les opérateurs télécom, eux, font pression sur Enedis.

Depuis l'alerte lancée le mois dernier par RTE (Réseau de Transport d'Électricité) sur les possibles risques de coupure d'électricité durant l'automne et l'hiver, nombreux sont les secteurs à devoir adapter leur réponse face à la crainte des consommateurs. La polémique autour des ballons d'eau chaude est aujourd'hui suivie de celle qui évoque de potentielles interruptions de certaines parties des réseaux mobiles, essentiels aux communications, dans l'Union européenne. Quels sont les risques véritables et quelle certitude avons-nous à ce stade ?

Les opérateurs télécom redoutent les coupures de courant

La question, soulevée par nos confrères de Reuters, est évidemment légitime à l'heure où les autorités de toute l'Union européenne prônent la sobriété énergétique. Pour ce qui est de la France, le secteur énergétique connaîtra des tensions, causées notamment par la maintenance de plusieurs centrales nucléaires.

En France et en Europe, l'industrie des télécommunications dit redouter les conséquences d'un hiver rigoureux qui pourrait directement avoir une incidence sur les infrastructures et les utilisateurs. Aujourd'hui, plusieurs pays du Vieux continent ne disposent pas de systèmes de secours suffisamment résilients pour affronter des coupures de courant généralisées, qui entraîneraient alors des pannes de téléphonie mobile.

La France fait partie des nations chanceuses en ce que ses antennes cellulaires disposent de batteries de secours (de générations différentes cependant, garantissant quelques dizaines de minutes d'autonomie), qui ne sont pas inépuisables. Alors que faire pour éviter tout risque de coupure ?

Les antennes mobiles ne sont pas inscrites sur la liste des services essentiels en cas de coupure

Enedis aurait proposé un plan prévoyant des coupures de courant pouvant aller jusqu'à deux heures, dans les cas les plus extrêmes. Une éventualité peu probable, disons-le tout de suite, mais qui a néanmoins été actée et qui reste donc envisageable en cas d'extrême tension sur le réseau. Évidemment, toute panne générale n'affecterait que certaines parties du territoire, à tour de rôle.

Certains services essentiels comme les hôpitaux, la police, les services de l'Armée et autres secours, ainsi que le gouvernement ne seront pas touchés par d'éventuelles coupures. Enedis et les opérateurs télécoms ont discuté de ces questions avec l'État dès cet été. La Fédération française des télécoms (FFT), qui représente Orange, SFR/Altice et Bouygues Telecom (Iliad/Free n'en est pas membre), a pointé du doigt l'incapacité d'Enedis à écarter les risques de coupure des antennes. La filiale d'EDF se contente d'expliquer que tous les clients réguliers sont traités sur un pied d'égalité, rappelant que les clients prioritaires restent ceux que nous venons d'évoquer, comme les hôpitaux.

Selon Enedis, seules les autorités pourraient atténuer ce coup de gueule des télécoms, en ajoutant tout simplement les opérateurs sur la liste des clients prioritaires. « Il n'est pas facile d'isoler une antenne mobile du reste du réseau », aurait déclaré un responsable du ministère de l'Économie et des Finances, justifiant une certaine impasse technique.

Un mot enfin des équipementiers, qui fabriquent les antennes et qui ont aussi un rôle à jouer. Nokia et Ericsson ne s'épanchent pas vraiment sur le sujet, mais indiquent tout de même travailler avec les opérateurs mobiles pour atténuer l'impact d'une pénurie d'électricité.

Source : Reuters