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InfraNum a appelé ce mercredi les opérateurs à revoir à la hausse la rémunération de leurs sous-traitants chargés de déployer la fibre. Le dirigeant de la principale fédération des industriels des télécoms décrit des entreprises « en souffrance », prises à la gorge par l'inflation et des tarifs d'intervention trop bas.

Les fournisseurs d'accès seraient-ils pingres avec les entreprises chargées de déployer la fibre optique dans les villes et les campagnes ? La question se pose alors que la filière concernée appelle Orange, Free, SFR et Bouygues Telecom à « mieux payer » leurs sous-traitants. Ce cri d'alarme intervient dans un contexte de forte inflation touchant de plein fouet les acteurs des télécoms, surtout ceux « en bout de chaîne » pour lesquels la situation actuelle est de moins en moins tenable.

Des entreprises « en souffrance »

Peu connus du grand public, les principaux sous-traitants des fournisseurs d'accès pour le déploiement de la firme, comme Sogetrel, Circet, Constructel ou encore Ineo, tirent donc la sonnette d'alarme par l'intermédiaire d'InfraNum et de Philippe Le Grand, son dirigeant. À l'occasion d'un colloque tenu cette semaine à Toulouse, l'intéressé a décrit un secteur pris à la gorge, indiquant en outre que les plus petits acteurs de la filière, souvent présents à un niveau local, voire rural, sont encore plus impactés par le contexte économique et le manque de largesses des opérateurs.

« Il faut que ceux qui sont en bout de chaîne puissent gagner leur vie dignement », a notamment déclaré Philippe Le Grand, qui visait tout particulièrement Orange. « Si Orange tousse, c’est toute la filière qui tremble. Nous avons besoin de signaux forts », a-t-il ajouté. Comme le souligne La Tribune, la situation est suffisamment préoccupante pour que certains des plus gros acteurs de la filière jouent dès à présent leur survie.

Une détresse qui fait réagir

Christel Heydemann, nouvelle dirigeante d'Orange, a réagi en assurant avoir augmenté « les tarifs de 2,2 % pour les contrats en cours » depuis juillet, mais en rappelant que l'opérateur est lui aussi impacté par l'inflation, ce qui réduirait sa marge de manœuvre. La situation préoccupante des industriels des télécoms a également suscité une réaction de l'État. Jean-Noël Barrot, ministre délégué en charge du Numérique et des Télécoms, a pour sa part annoncé la création d’un groupe de travail visant à faire le point sur le partage de la valeur dans le secteur de la fibre optique. Ce groupe devrait accoucher de premières propositions avant la fin de l'année 2022. Univers Freebox souligne très justement qu'il est dans l'intérêt du gouvernement d'agir : l'objectif de couvrir tout l'Hexagone en fibre d'ici 2025 en dépend.

« Il serait délétère qu’un maillon de la chaîne de l’industrie de la fibre soit fragilisé. Sinon, nous risquons un arrêt des déploiements et des raccordements », a de son côté déclaré Laure de la Raudière, Présidente de l’Arcep, le régulateur des télécoms.

Comme le rapporte Univers Freebox, le ministre délégué en charge du Numérique et des Télécoms a par contre évoqué une possible relation de cause à effet entre les problèmes de qualité d’intervention remontant régulièrement quant au déploiement de la fibre et les tarifs bas pratiqués par les opérateurs à l'égard des « petites mains » chargées de ce déploiement au long cours. Un problème que l'on peut en réalité voir par les deux bouts de la lorgnette.