L'entreprise, qui a récupéré un joli pactole des suites d'une décision du Conseil d'État, voudrait relancer la machine à acquisitions. Mais elle a botté en touche et écarté tout projet de rachat d'Atos.
À l'heure où beaucoup considèrent que la France, et plus largement l'Europe, manquent d'un super champion du numérique et des nouvelles technologies, la rumeur du rachat d'Atos, géant français de l'informatique, par Orange, opérateur historique de télécommunications aux 257 millions de clients, a enflé ces derniers jours dans les médias, et a de quoi emballer. Mais la rumeur a rapidement été balayée par l'entreprise, qui s'apprête à lancer son réseau 5G.
Une manne financière qui donne des idées aux salariés actionnaires
Pourquoi certains médias évoquent-ils un intérêt d'Orange pour Atos ? Deux arguments sont à développer. Le premier est financier. Le 13 novembre, l'opérateur télécom a obtenu gain de cause devant le Conseil d'État, qui a permis à Orange de récupérer (définitivement) 2,2 milliards d'euros, dans une décision survenue pour mettre fin à un contentieux fiscal qui opposait l'entreprise aux finances publiques depuis une dizaine d'années.
2,2 milliards d'euros, voilà une enveloppe qui donne de la marge et de la visibilité pour certains projets. Orange promet de viser « une attribution juste et équilibrée de ces fonds au bénéfice du développement de l'entreprise, de ses salariés et actionnaires ».
Il n'en fallait pas moins pour faire naître l'idée d'un rachat d'Atos, qui serait soutenu par les salariés actionnaires et la principale organisation syndicale du groupe, la CFE-CGC Orange, qui détiennent 5,5% du capital de l'opérateur. Ensemble, les deux parties veulent proposer l'acquisition de l'entreprise autrefois dirigée par Thierry Breton.
Un rachat pour créer un leader européen de la cybersécurité ? Orange dément
C'est là que l'on en vient au second argument. Comme l'affirment les salariés actionnaires et les administrateurs salariés, un rachat d'Atos par Orange permettrait de bâtir un vrai leader de la cybersécurité en Europe, Atos et Orange occupant déjà une place de choix dans ce secteur sur le continent. Les deux entreprises pourraient aussi, dans cette hypothèse, profiter l'une et l'autre de leurs capacités respectives dans le Cloud, où l'Europe peine à faire émerger un concurrent solide.
Une telle opération serait également l'occasion de réfléchir à la succession de Stéphane Richard, le P.-D.G. d'Orange dont le mandat prend fin en mai 2022. Les salariés actionnaires auraient fait d'Elie Girard, Directeur général d'Atos et ancien patron de la stratégie et du développement international de l'opérateur télécom, un candidat naturel pour prendre la place de monsieur Richard.
Au-delà des rumeurs et supposés bruits de couloir, Orange a été contraint de communiquer et a officiellement démenti, mercredi, tout projet d'acquisition d'Atos ainsi que son inscription à son prochain conseil d'administration.
Source : communiqué de presse