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Patron historique d'Orange condamné mercredi dans l'affaire du Crédit Lyonnais, Stéphane Richard a dénoncé, ce jeudi à la radio, une indulgence de la justice envers les « petits délinquants, trafiquants et voleurs ».

C'est une condamnation qui fait beaucoup parler, et il n'est pas certain que la dernière sortie du principal intéressé ce matin sur France Inter facilite une transition en douceur. Stéphane Richard, Président-directeur général d'Orange depuis 2010, a été condamné par la Cour d'appel de Paris à un an de prison avec sursis et 50 000 euros d'amende, pour les chefs d'accusation de complicité de détournement de fonds publics dans l'affaire Tapie et le fameux arbitrage du Crédit Lyonnais. Après avoir présenté sa démission mercredi, le dirigeant a fait une sortie remarquée auprès de Nicolas Demorand et Léa Salamé jeudi, évoquant une justice à deux vitesses.

Une interview mal maîtrisée

Alors qu'il a présenté sa démission de la présidence du groupe Orange, acceptée par le conseil d'administration et d'ailleurs effective à compter du 31 janvier 2022, Stéphane Richard indique à la radio avoir reçu « avec beaucoup d'incompréhension » la décision rendue par la Cour d'appel, qui casse d'ailleurs celle prise en première instance deux ans plus tôt, qui lui fut favorable.

Le dirigeant, à qui la Cour d'appel reproche d'avoir privilégié les intérêts de Bernard Tapie à ceux de l'État et contribué à l'affaiblissement de ce dernier, compare la peine à laquelle il été condamné - un an de prison avec sursis et 50 000 euros d'amende - « à ce qu'on a lorsqu'on roule très vite sur l'autoroute », tentant de banaliser sa condamnation et de minimiser son rôle dans l'affaire, en évoquant de la « colère et une profonde injustice ».

Sauf que la comparaison n'est pas maîtrisée, puisqu'un excès de vitesse supérieur à 50 km/h n'entraîne qu'une amende pouvant aller jusqu'à 1 500 euros et ne fait risquer au chauffard qu'une suspension de permis pouvant aller jusqu'à trois ans. Ni prison avec sursis, ni amende à cinq chiffres. Le problème de ce début de réponse, c'est qu'il a ouvert la porte à d'autres déclarations maladroites tout au long de l'interview.

Stéphane Richard reproche à la justice son indulgence avec les délinquants, trafiquants et voleurs

« Au-delà de mon cas personnel, je pense que cette affaire doit faire réfléchir tout le monde ». Le président démissionnaire d'Orange (fort d'un bon bilan, il aurait été probablement candidat à sa propre succession à la tête de l'entreprise en mai prochain) a ensuite déroulé. « Quand il y a un problème, une affaire, parce qu'on est haut fonctionnaire, les sanctions prononcées par la justice sont toujours plus fortes, plus sévères quand on est responsable ou haut fonctionnaire que lorsqu'on ne l'est pas », a démarré Stéphane Richard.

« Je ne comprends pas ce raisonnement par lequel on aura beaucoup plus d'indulgence avec quelqu'un qui n'a pas de responsabilité, voire un petit délinquant, un trafiquant ou un voleur, qui n'a pas trahi la confiance du public, que quelqu'un qui a pris des responsabilités, qui a pris des risques, qui (…) va être condamné beaucoup plus lourdement », a déclaré Stéphane Richard, faisant donc référence à son action à la tête du groupe Orange, à qui il a redonné une image positive et un allant après la crise de 2008, même si le chiffre d'affaires de l'entreprise, détenue à 20 % par l'État, ne décolle plus depuis plusieurs années.

Une sortie médiatique qui a du mal à passer

Les déclarations de Stéphane Richard faites au micro de France Inter font largement réagir sur les réseaux sociaux ce jeudi matin, certains évoquant du « foutage de gueule » ou un « privilège de la délinquance en col blanc », quand d'autres ont fait émerger un hashtag #JeSoutienStephane (avec une faute d'orthographe d'ailleurs) sur Twitter.

L'arbitrage frauduleux, qui à l'époque avait permis à Bernard Tapie de recevoir 405 millions d'euros, avait certes était annulé au civil, mais l'affaire remontant à 2008, on peut déjà évoquer une justice lente, qui aura mis plus d'une décennie à définitivement statuer. Et encore, le pourvoi en cassation de Stéphane Richard va allonger un peu plus ce délai.

Le plus regrettable dans cette histoire, c'est qu'Orange se voit mêlée aux déboires de son ex-P.-D.G., jusqu'à être citée dans la rubrique économie du Financial Times aujourd'hui pour des faits peu glorieux. Et ce n'est évidemment pas bon pour l'image de l'opérateur ni pour celle des télécoms français en général.

Sources : France Inter