Capture d'écran de l'audition de Xavier Niel, le 22 mars 2023 devant le Sénat © Capture d'écran
Capture d'écran de l'audition de Xavier Niel, le 22 mars 2023 devant le Sénat © Capture d'écran

Auditionné au Sénat mercredi, Xavier Niel a assez longuement réagi au plan mis en place par Orange pour tendre vers la fermeture du réseau en cuivre. Pour le patron de Free, il faut mettre un coup de pied dans la fourmilière.

Le fondateur du groupe Iliad et du FAI Free, Xavier Niel, répondait aux questions de la commission des Affaires économiques du Sénat, mercredi 22 mars, lors d'une session durant laquelle il a fustigé Orange au sujet de la lenteur de l'extinction pourtant programmée (pour 2030 au plus tard) du réseau cuivre de l'opérateur historique. L'homme d'affaires a dénoncé « des problèmes sur les conditions envisagées pour l'arrêt du cuivre, qui ne sont pas satisfaisantes, avec un calendrier trop étendu ».

Xavier Niel veut bousculer Orange (et les « irréductibles »)

L'arrêt du réseau cuivre est censé se faire de manière progressive, pour définitivement basculer dans une ère de fibre optique pour l'Internet fixe. Sauf que les choses n'avancent pas comme Xavier Niel le voudrait. Avant de s'en prendre à Orange, le papa de Free est revenu à la racine du problème : l'état d'esprit de ceux qu'il appelle « les irréductibles ».

De nombreux Français, qui vivent notamment dans des coins plus reculés ou qui sont parmi les plus âgés, restent attachés à l'ADSL, « parce que pour eux ça marche bien et qu'ils ont peur de changer ». Xavier Niel voudrait que les choses aillent plus vite, et pour cela, il n'y a pas trente-six solutions : « Les seuls moments où cela fonctionne, c'est lorsqu'on dit "demain, il n'y aura plus de cuivre, il va falloir basculer à la fibre optique" », explique le milliardaire.

« Collectivement, on doit avoir un but, c'est d'éteindre le plus rapidement possible ce réseau en cuivre, déjà parce que ça va réduire l'impact environnemental ; et que ça va optimiser l'investissement », ajoute-t-il, tout en dénonçant la stratégie de l'opérateur leader du marché.

Ramener la hausse des tarifs de dégroupage à un an, pour presser Orange à fermer son réseau cuivre

« On trouve qu'Orange propose un plan peu ambitieux, avec des fermetures techniques en volume qui commencent longtemps après la fermeture commerciale. C'est-à-dire qu'on continue de vendre des accès et qu'on continue de les laisser vivre. À la vitesse proposée par Orange, il restera la moitié des lignes en cuivre en France toujours en exploitation. On ne comprend pas ce qui nous empêche rapidement d'éteindre des grandes villes », s'offusque Xavier Niel.

Orange, dans le viseur de Xavier Niel
Orange, dans le viseur de Xavier Niel

Orange propose aujourd'hui et jusqu'en 2025 une phase de transition qui consiste à mener des expérimentations avec certaines, avant la fermeture technique prévue pour les années 2026 à 2030. « C'est une erreur pour le pays de laisser 5 ans entre le moment où on dit "on va fermer une zone" et le moment où va vraiment le fermer », souligne Xavier Niel, qui regrette que les tarifs de dégroupage aient augmenté, dégroupage qui rappelons-le permet aux opérateurs alternatifs comme Free, en échange d'une allocation (en hausse donc), d'accéder au réseau en cuivre. Xavier Niel demande ainsi à ce que la hausse du dégroupage ne se fasse qu'un an avant la fermeture du réseau. Ce qui mettrait davantage les opérateurs à égalité, et presserait davantage Orange dans sa fermeture du réseau de cuivre. Au passage, le propriétaire d'Iliad a dénoncé une ARCEP aujourd'hui « entièrement acquise à la cause d'Orange », sur ce dossier en tout cas.

Pour le boss de Free, « rien ne justifie d'augmenter le tarif du dégroupage », en ajoutant qu'Orange profitait d'une « technologie obsolète » pour s'offrir une rente d'opportunité, tant que l'opérateur n'est pas contraint d'aller plus vite. « Si Orange reçoit plus de recettes pour le cuivre, on ne le motive pas à fermer ses réseaux », ajoute le dirigeant, précisant que l'offre ADSL chez Sosh (l'opérateur low cost d'Orange) était vendue 10 euros de moins que celle en fibre optique. « Permettre une dérégulation est une erreur », martèle monsieur Niel, rappelant également que l'Europe demandait une stabilisation sur les tarifs de dégroupage. « Notre vision est simple : l'arrêt du cuivre, il faut l'accélérer », a-t-il conclu sur cette question.

Source : Sénat