Stéphane Richard est en garde à vue. Le PDG d'Orange mais aussi ancien directeur de cabinet de Christine Lagarde est entendu ce lundi matin par la brigade financière dans le cadre de l'affaire Tapie, rapporte l'AFP. L'enquête porte sur l'arbitrage privé dans l'affaire opposant Bernard Tapie au Crédit Lyonnais, lors de la vente d'Adidas en 1992.
Pour rappel, lorsque Bernard Tapie est devenu ministre de la Ville en 1992, il a dû se séparer de l'équipementier sportif allemand Adidas pour se prémunir de tout conflit d'intérêt. Montant de l'opération : l'équivalent de 472 millions d'euros. Seulement, en 1994, la filiale du Crédit lyonnais à la manœuvre lors de la revente placera l'homme d'affaires en faillite, le ruinant et le rendant inéligible.
Suite à ce rebondissement, Bernard Tapie découvre que le Crédit lyonnais a effectué un montage opaque par lequel la banque a revendu Adidas à deux sociétés offshore qu'elle contrôle avec une option de revente à Robert Louis-Dreyfus. Ce qui lui permet d'engranger une plus-value de 396 millions d'euros. S'estimant abusé, l'homme d'affaires réussit par attaquer la banque et finit par obtenir la somme de 403 millions d'euros à la mi-2008, ce qui comprend les dommages et intérêts et le préjudice moral subi.
Que fait Stéphane Richard dans cette affaire ?
Stéphane Richard est donc entendu en tant qu'ex-directeur de cabinet de Christine Lagarde, alors ministre de l'Économie du gouvernement de François Fillon, en 2007. Cette dernière a saisi le tribunal arbitral à la demande de Bernard Tapie. Or ce type de tribunal est privé, il est donc hors de la procédure judiciaire. Problème : en plus de forts soupçons d'irrégularité, des fonds publics sont en jeu.
Certains juges auraient été proches de Bernard Tapie, biaisant le jugement. Pierre Estoup, l'un des trois juges du tribunal arbitral, a d'ailleurs été mis en examen pour escroquerie en bande organisée. Plusieurs voix se sont élevées pour un recours en annulation, ce que Christine Lagarde a refusé. Une enquête à son encontre a ainsi démarré en 2011 pour « complicité de faux et complicité de détournement de fonds publics ». L'ex-ministre justifiant l'arbitrage par sa volonté de mettre fin à une longue procédure.
Stéphane Richard devra donc livrer ses explications sur son rôle exact et la responsabilité du ministère de l'Économie dans la décision de recourir à l'arbitrage. L'enquête porte en particulier sur le rôle de l'État de ne pas s'opposer à cet arbitrage privé, en dépit de soupçons d'irrégularité. Pour le PDG d'Orange, « il n'y a eu ni ordre, ni instruction, ni pression particulière de l'Elysée pour aller à l'arbitrage ».
Mais selon les informations du Canard enchaîné, Stéphane Richard aurait affirmé avoir reçu en 2007 une « instruction » de la part de l'ancien secrétaire général de l'Élysée, Claude Guéant. En attendant, le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, y est allé de son grain de sel, estimant dans Le Monde que cette garde à vue est « incompatible avec la fonction de président d'Orange » - affirmation démentie ensuite par le ministre.
Mise à jour du 12 juin : Stéphane Richard est mis en examen
Après avoir été entendu pendant 48 heures par les enquêteurs de la Brigade financière dans le cadre de l'affaire Tapie, le PDG d'Orange, Stéphane Richard, et ancien directeur de Cabinet de Christine Lagarde a été mis en examen pour « escroquerie en bande organisée », rapporte le site Bfmtv.com.
Une procédure qui n'a pas été sans remous puisque le gardé à vue a dû être conduit à l'hôpital, à l'Hôtel-Dieu, où les juges l'ont entendu. « Stéphane Richard était juste fatigué, comme on peut l'être après une première journée d'audition qui a duré de 9h30 à 1 heure du matin. Il va très bien. Il sortira cet après-midi après avoir vu le juge », a expliqué l'un de ses avocats à l'AFP.
Après avoir été entendu pendant 48 heures par les enquêteurs de la Brigade financière dans le cadre de l'affaire Tapie, le PDG d'Orange, Stéphane Richard, et ancien directeur de Cabinet de Christine Lagarde a été mis en examen pour « escroquerie en bande organisée », rapporte le site Bfmtv.com.
Une procédure qui n'a pas été sans remous puisque le gardé à vue a dû être conduit à l'hôpital, à l'Hôtel-Dieu, où les juges l'ont entendu. « Stéphane Richard était juste fatigué, comme on peut l'être après une première journée d'audition qui a duré de 9h30 à 1 heure du matin. Il va très bien. Il sortira cet après-midi après avoir vu le juge », a expliqué l'un de ses avocats à l'AFP.
Mise à jour du 14 juin : le sort de Stéphane Richard sera connu lundi
« Sur la position qui sera celle des administrateurs, un conseil est prévu lundi et nous ferons connaître lundi notre décision », a précise le président. Le conseil d'administration de l'entreprise rassemble quinze administrateurs, dont trois élus par le personnel et représentant les syndicats CGT, CFDT et SUD.
Ce dernier a déjà partagé son point de vue sur cette mise en examen, qu'il considère comme « difficilement compatible avec la direction du groupe ». Une position que partage la CGT qui « non seulement ne soutient pas la stratégie de la direction, mais la conteste et entend la combattre ».
Pour la CFDT en revanche, « tant que Stéphane Richard n'a pas été jugé coupable, il doit rester à son poste ». « Son renvoi par l'État serait perçu comme une injustice. Chez Orange, il est perçu comme un patron humain », a ajouté le syndicat. Les administrateurs trancheront.
Mis en examen, Stéphane Richard sera-t-il maintenu à la tête d'Orange ? L'État se prononcera sur son sort lundi 17 juin, a indiqué le président de la République François Hollande, dont les propos ont été repris par l'AFP. Sa décision, a-t-il dit, sera guidée uniquement par « l'intérêt de l'entreprise, de ses salariés et de ses clients ».
« Sur la position qui sera celle des administrateurs, un conseil est prévu lundi et nous ferons connaître lundi notre décision », a précise le président. Le conseil d'administration de l'entreprise rassemble quinze administrateurs, dont trois élus par le personnel et représentant les syndicats CGT, CFDT et SUD.
Ce dernier a déjà partagé son point de vue sur cette mise en examen, qu'il considère comme « difficilement compatible avec la direction du groupe ». Une position que partage la CGT qui « non seulement ne soutient pas la stratégie de la direction, mais la conteste et entend la combattre ».
Pour la CFDT en revanche, « tant que Stéphane Richard n'a pas été jugé coupable, il doit rester à son poste ». « Son renvoi par l'État serait perçu comme une injustice. Chez Orange, il est perçu comme un patron humain », a ajouté le syndicat. Les administrateurs trancheront.
Article initialement publié le 10/06/2013