SFR aussi veut accélérer l'affichage des pages Internet

Thomas Pontiroli
Publié le 03 juillet 2013 à 12h50
Pour répondre aux besoins croissants des e-commerçants et des médias, SFR a développé sa propre offre d'accélération de contenus (CDN). Si ce marché est dominé par l'américain Akamai, l'opérateur entend se faire une place aussi grâce au multi-CDN, et à une intégration à son offre cloud existante.

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Dans une logique de maîtriser la chaîne de bout-en bout, de l'accès aux écrans en passant par le réseau, SFR Business Team lançait à l'automne 2012 une offre d'accélération de contenus. L'objectif pour l'opérateur est désormais d'avoir la main sur les données qui transitent dans ses tuyaux, pour en améliorer la qualité. Six mois après les débuts commerciaux de son offre, l'opérateur dresse un premier bilan et revient sur sa stratégie.

Pour rappel, le « content delivery network », ou le CDN, consiste en l'installation de serveurs de cache entre le serveur d'origine du service et l'internaute. L'intérêt est multiple : améliorer la disponibilité des contenus en évitant pour l'utilisateur de tomber sur une page 404, accélérer l'affichage des pages et des vidéos, désengorger les serveurs d'origine aux heures de pointe, ou encore améliorer la sécurité.

Arnaud Bertrand, directeur sécurité et cloud de SFR Business Team, souligne que le CDN devient capital pour des sites e-commerce, de médias ou même des institutions. « Lors d'un événement comme l'affaire Mohamed Merah, certains sites de presse ont explosé les compteurs et il fallait pouvoir supporter cette charge. L'intérêt du CDN est qu'il permet de faire face à ce pic de connexions, sans que l'entreprise ait besoin de dimensionner ses serveurs toute l'année. Cela répond à un besoin temporaire », indique-t-il.

Compléter l'offre cloud existante

Et de poursuivre qu'en période de soldes, « certaines enseignes en ligne réalisent jusqu'à la moitié de leur chiffre d'affaires annuel. C'est une période courte mais vitale pour les e-commerçants, durant laquelle ils ne peuvent absolument pas se permettre d'être indisponibles ». De manière générale, les solutions de CDN accompagnent le fort accroissement du trafic Internet et du volume de données. Selon Cisco, le trafic des entreprises devrait passer de 11 exaoctets cette année à 22 exaoctets en 2017.

Les enjeux pour SFR sont de compléter son offre de cloud auprès des entreprises, et d'améliorer le fonctionnement de ses propres services. Mais le principal intérêt est de se positionner sur un secteur en plein essor, et où des parts de marché restent à prendre. Car si l'américain Akamai occupe plus de 70% du gâteau dans l'Hexagone, sa taille devrait presque tripler dans les quatre ans à venir.

Le cabinet IC Informa Telecom estime que le secteur français du CDN devrait générer 180 millions d'euros de chiffre d'affaires à l'horizon 2017, contre 50 millions l'année dernière. À l'échelle mondiale, la taille du marché devrait tripler, passant de 1,1 milliard d'euros l'an passé, à plus de 3,5 milliard dans quatre ans.

Le multi-CDN pour se faire une place

Arnaud Bertrand reconnaît que SFR arrive avec dix ans de retard comparé à des acteurs comme Akamai, mais il se satisfait de la qualité de son offre. Le CDN SFR est classé en premier en France, selon Cedexis, en termes de temps de réponse moyen (86 ms au 3 juillet, contre 94 ms pour Akamai), et deuxième sur les taux d'erreurs (pages 404 ou time out), avec 0,5% pour SFR contre 0,7% pour l'américain.

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S'il y a de la place sur le marché et que l'offre de SFR semble qualitative, avec des engagements SLA sur le temps de latence et la perte de paquets, l'un des leviers de son développement repose sur le multi-CDN. Ce n'est pas pour rien que l'opérateur s'est associé à Cedexis, « l'aiguilleur du Net », dont le métier est de comparer la qualité de service des diffuseurs de contenus puis d'aiguiller vers les meilleurs.

Précisons que tous les contrats ne passeront pas par Cedexis, et que ce dernier agit plutôt comme un tiers de confiance indépendant. Son but est de mesurer la qualité de service des différents CDN en se basant sur 1,5 milliard de données collectées par jour, puis de les remonter aux intéressés, comme SFR.

Selon Julien Coulon, le fondateur de cette start-up qui compte déjà 300 clients après quatre ans d'existence, l'objectif est de rediriger l'internaute vers le CDN le plus performant au moment où il effectue une requête. Un e-commerçant déjà client d'Akamai pourra renforcer par exemple sa disponibilité avec d'autres CDN, comme celui de SFR, c'est en tout cas ce qu'espère ce dernier.

Face à Orange, SFR localise ses données en France

À l'heure actuelle, l'opérateur compte une dizaine de clients, principalement des grands comptes, comme Cdiscount et M6, mais aussi le service de télévision connectée Wizitivi. « Nous ne nous adressons pas prioritairement aux start-up mais notre offre reste adaptable », nous explique Arnaud Bertrand. L'équipe dédiée au CDN chez SFR rassemble une vingtaine de collaborateurs, et pourrait croître d'ici la fin 2013.

Si dans une logique de multi-CDN, les acteurs de ce marché peuvent être vus comme des compléments plutôt que des concurrents, rappelons qu'à l'annonce de SFR en novembre 2012, Orange avait répliqué en annonçant à son tour sa propre offre - adossée elle à Akamai. Sur ce point, SFR répond que ses serveurs sont localisés en France, un argument qui reprend de la valeur depuis l'éclatement de l'affaire Prism.

SFR s'appuie sur douze datacenters dans le pays, en Île-de-France, à Bordeaux, Rennes, Toulouse, Strasbourg, Marseille, Dijon, Lille et Lyon. Si l'objectif de SFR avec son parc de serveurs est de répondre à une problématique nationale, l'opérateur et diffuseur de contenus regarde aussi le marché européen.
Thomas Pontiroli
Par Thomas Pontiroli

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