Née de l’alliance entre les groupes TF1, M6 et France Télévisions, la plateforme Salto a pour ambition de concurrencer les plus grands sites de streaming américains en regroupant l’ensemble des offres des chaînes françaises à un seul endroit. Pourtant, ce petit mariage à trois pourrait prendre fin.
Dans le contexte de fusion entre TF1 et M6, Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, n’exclut pas de vendre sa part dans le Netflix à la française.
France Télévisions prêt à abandonner Salto ?
Les premiers pas de Salto ont été mouvementés. Alors que la plateforme de streaming vidéo française a fêté son premier anniversaire début novembre, son approbation par le Conseil d'État est toute récente, la faute à des accusations d’entente commerciale formulées par Free. Mais le site de SVoD n'est pas au bout de ses peines, puisque l’un de ses trois fondateurs pourrait abandonner le projet.
C’est ce que laisse entendre Delphine Ernotte dans un interview accordée au Figaro ce mardi 29 novembre. La présidente de France Télévisions s’est annoncée prête à céder ses parts dans Salto aux deux autres groupes, dont l’union est actuellement examinée par l'Autorité de la Concurrence. « Dans le contexte de fusion entre TF1 et M6, c'est une option afin de concentrer nos efforts sur france.tv, qui doit être le leader incontesté du streaming gratuit en France », a-t-elle déclaré quand elle a été interrogée sur une possible revente de ses parts.
Créer une grande plateforme de l'audiovisuel public français
Cette volonté de s’éloigner contraste fortement avec l'engouement de Delphine Ernotte lors de la création de Salto. Elle avait très largement porté le projet réunissant chaînes privées et service public. En novembre 2017, elle avait plaidé dans une tribune publiée par Le Monde « pour une équipe de France de l'audiovisuel » afin de concurrencer les géants américains du streaming. Son objectif, désormais, est de construire une « grande plateforme numérique de l'audiovisuel public français ».
Toujours dans son entretien avec le média, elle explique que pour réussir dans le numérique, il faut « massifier » les offres. « Partout en Europe, les grands médias font le choix de concentrer leurs investissements. Je plaide pour la création d'un grand portail commun à tout l'audiovisuel public, avec Arte, l'INA, France Médias Monde et Radio France. Nous aurons besoin d'une vision politique commune pour y arriver. »
Cette déclaration intervient dans un contexte où Marine Le Pen projette de privatiser le groupe audiovisuel public en cas d’accession à l’Élysée. « Nous sommes le patrimoine culturel gratuit et commun de tous les Français », répond-t-elle avant d'ajouter : « Nous rayer de la carte, c'est priver de nombreux Français de l'accès à la culture, à commencer par les plus modestes. »
Source : Le Figaro