Un mois après une énième provocation, et dans un contexte où l'extrême droite menace de plus en plus ouvertement les maires français, YouTube a finalement décidé d'appliquer ses propres règles.
Papacito, le vidéaste qui avait fait d'une histoire de voisinage dans un village de 200 habitants une affaire personnelle, au point d'en menacer physiquement le maire, a fini par perdre sa chaîne YouTube. Si la plateforme se justifie en expliquant qu'il avait clairement enfreint les règles édictées, on est en droit de se demander ce qui a bien pu prendre aussi longtemps.
Rappel des faits
Il y a quelques mois, un agriculteur de Montjoi connaissait un différend de voisinage réglé en sa défaveur par le maire du village. Après avoir été condamné pour avoir séquestré ledit maire, l'homme se tourne finalement vers le youtubeur Papacito. Ce vidéaste d'extrême droite, avec 200 000 abonnés au compteur sur sa chaîne, ne se fait pas prier pour intervenir. Il décide alors de s'attaquer directement à Christian Eurgal, le maire de 75 ans de ce petit village du Tarn-et-Garonne.
Cela commence par une vidéo d'une heure postée en novembre dernier dans laquelle il critique la décision du maire. Il y appelle au harcèlement pour expliquer à répétition à l'élu à quel point il avait tort. Nous parlons ici d'intimidations, de menaces de mort et de tags insultants jusque sur la façade de sa maison, au point que l'édile est placé sous protection policière.
Mais pas encore satisfait, Papacito récidive en mai dernier avec une nouvelle vidéo de plus de 40 minutes dans laquelle il se rend directement sur place, menace le maire et le compare à une fouine qu'il faudrait traquer et chasser. Il conclut cette visite par une sinistre mise en scène dans laquelle une peluche de fouine géante est tabassée et violée. Les deux vidéos ont dépassé les 500 000 vues.
YouTube tergiverse et se met tout le monde à dos
Finalement, notamment après les multiples plaintes déposées par le maire de Montjoi, YouTube a fini par supprimer la chaîne du vidéaste d'extrême droite ce vendredi 9 juin. Dans un communiqué, YouTube France explique ainsi la décision : « Le harcèlement et la cyberintimidation ne sont pas autorisés sur YouTube et nous avons des règles claires qui interdisent les contenus dans lesquels des insultes ou des menaces sont proférées de manière répétée ou malveillante à l’encontre d’individus. » Une justification qui était déjà vraie il y a un mois, et tout autant en novembre dernier…
En effet, les vidéos concernées pourraient difficilement plus correspondre à cette description. Reste à savoir pourquoi YouTube a attendu un mois après la dernière vidéo de Papacito, et plus de sept mois après la première sur cette affaire, pour réagir. En agissant ainsi, la plateforme, pourtant si prompte à censurer les tétons et à démonétiser les gros mots, réussit l'exploit de ne contenter personne. Bien sûr, du côté des fans de Papacito, on crie à la liberté d'intimider et de harceler. Du côté de Christian Eurgal, cette décision intervient évidemment beaucoup trop tard, car le plus gros du harcèlement était sûrement passé.
Toujours est-il que depuis ce week-end, la plateforme de SVoD est un endroit un poil plus apaisé.
- Grande diversité de contenus
- Monétisation pour les créateurs
- Accessibilité sur toutes les plateformes
Sources : Le Monde, 20 Minutes