Conçue pour les enseignes Cdiscount, cette trottinette électrique mise sur un prix au ras des pâquerette pour attirer les utilisateurs à la recherche d’un EPDM aux prétentions modestes. Nous avons voulu vérifier si ce modèle assure bel et bien le service minimum : voici notre verdict !
Avec un tarif affiché à 180 euros sur le site de Cdiscount, la Surpass Pro 8 est tout simplement l’une des moins chères du marché. Alors forcément, côté équipement, il faut adapter ses attentes. La Pro 8 est dotée d’un moteur 250 watts (Cdiscount indique 350 watts sur son site, soit la puissance en crête) intégré dans la roue avant, les roues 8 pouces sont en gomme dure, le deck est assez étroit et il accueille une petite batterie de 6 Ah promettant une autonomie de 25 km avec une personne de 70 kg. La Pro 8 profite même d'une certification IPX4 d'après le constructeur, ce qui lui permet de rouler par temps de pluie. Nous l'avons fait !
- Le rapport qualité/prix
- Le guidon réglable en hauteur
- Le poids contenu
- L'autonomie loin d'être ridicule
- La qualité du freinage
- Le confort sur routes dégradées
- Le klaxon inutile
- Le deck un peu étroit
- Quid de la durée de vie ?
Avant de démarrer, une remarque qu'il faudra garder en tête : nous avons adapté certains critères d’évaluation pour les accommoder au tarif de la Pro 8. Ainsi, nous lui pardonnerons plus facilement des défauts de puissance ou d'autonomie, mais nous resterons intransigeants sur tout ce qui touche à la sécurité.
Une conception basique, mais qui fait le job
Côté design, la Surpass Pro 8 ne fait pas dans les fioritures - mais à ce prix, cela aurait pu être bien pire. Il y a même quelques bonnes idées (et des moins bonnes).
Les platines, les soudures (même si elles ne sont pas très soignées) ou encore les différents éléments de la colonne de direction semblent plutôt robustes. « Semblent », car la difficulté ici est de se prononcer sur la durée de vie de ces éléments qui peuvent cacher des faiblesses. Seule une utilisation sur la durée peut révéler si la visserie, les axes de roues et autres éléments tiendront le choc. Mais cela s’applique aussi à des trottinettes plus chères…
La colonne de direction de la Pro 8 se replie par un mécanisme presque traditionnel présent en partie basse. Le loquet, verrouillé par une bride de sécurité à tirer, est conçu de sorte qu’il faut appuyer dessus pour rabattre la colonne, et non tirer comme dans bon nombre de mécanismes du genre. De ce fait, il suffit de presser avec le pied, comme une pédale. C'est une des bonnes idées de ce modèle à petit prix.
Il faut en revanche à chaque fois remettre la bride en place pour éviter toute mauvaise surprise. Lors du déballage de la trottinette, ce mécanisme était un peu « grippé ». Un coup vif pour le débloquer, et tout se passe bien.
Lors du déballage, vous aurez à assembler les poignées du guidon. Celles-ci se vissent, mais la qualité de l’usinage laisse un peu à désirer. Il faut s’appliquer pour compenser ce défaut et parvenir à assembler le tout.
Sur notre modèle d’essai, nous avons dû « refaire » les premiers filets de la poignée de droite pour pouvoir la visser. D'après l’importateur du produit, ce problème concerne quelques modèles et une solution est en cours de déploiement.
Autre point très intéressant pour ce modèle : la hauteur du guidon est réglable sur trois niveaux ! Une position basse qui place le guidon à environ 85 cm du deck, une position intermédiaire à 90 cm et une position haute à 97 cm. De quoi répondre, en principe, aux besoins d’une large cible d’utilisateurs… même si d'autres détails font que les plus grandes statures ne seront pas forcément à l'aise avec ce produit.
A commencer par le deck, qui ne laisse que 40 cm de long et 14 cm de large pour s’installer. Pour nous qui avons l’habitude de positionner nos pieds en quinconce, l’un derrière l’autre, nos pointures 43 ont régulièrement été à l’étroit.
Une conduite ferme et des routes cabossées à fuir d’urgence
Les premiers mètres au guidon de la Surpass Pro 8 nous permettent d’identifier sa principale faiblesse : c’est une poutre ! Une raideur que nous avions totalement oubliée, surtout après le test de la Z8 Pro qui capitalise sur le confort (mais qui est certes aussi 5 fois plus chère).
Le ressort dissimulé derrière le soufflet orange, qui est supposé faire office d’amortisseur, ne montre aucune incidence sur le confort de conduite. D'ailleurs, même à l'arrêt, on a beau forcer sur le guidon, il ne se passe pas grand-chose.
Quant au pneu arrière, il n'a non seulement aucune suspension, mais il est en plus conçu dans une matière qui s'apparente plus à du plastique sur lequel ont été dessinés des motifs pour lui donner un look de pneu qu'à de la gomme dure.
Il fallait bien que le prix se justifie de-ci de-là. De fait, la conduite est très raide : le moindre relief du goudron est transmis sous les pieds et la colonne de direction. La trottinette est mise à mal sous nos 80 kg, et nous n’avons d’autre choix que de ralentir par crainte que quelque chose ne casse. Si nous ne ressentons pas de perte de contrôle sur ce bitume rafistolé au fur et à mesure des hivers qui ont attaqué la chaussée, nous ne sommes pas très en confiance pour autant.
Rouler sur des pavés nous paraît inconcevable : la trottinette pourrait très vite devenir ingérable ou les sensations trop désagréable. Il faut donc composer avec cette rigidité jusque dans les manœuvres les plus basiques telles que franchir un bateau pour accéder à une piste cyclable. Les petites roues très dures de 8 pouces imposent de se positionner bien en face pour ne prendre aucun risque que la trottinette se dérobe ou que de la casse se produise.
Pour en revenir au guidon et ses poignées assemblées par nos soins, il faut reconnaître que le réglage en hauteur permet d’adopter une bonne posture de conduite, sauf pour nos pieds qui cherchent toujours un peu leur place. On trouve au centre du guidon un afficheur LCD des plus minimalistes, puisqu’il se contente d’indiquer la jauge de la batterie et le mode utilisé (1 pour le mode piéton, 2 pour le mode 15 km/h et 3 pour le mode 25 km/h).
Le compteur est quasi illisible lorsqu’on est au guidon de la trottinette. En tout cas, du haut de notre mètre soixante-quinze, il faut s’abaisser un peu pour tenter d’identifier ce que la jauge de batterie indique sur cet afficheur peu lumineux. Mais passons : étant donné qu’il n’indique pas la vitesse, ni même les kilomètres parcourus, on ne le consultera que de temps à autre histoire d’éviter la panne sèche.
La sécurité au niveau de son petit prix
Plus contrariant, le phare intègre une petite diode et un réflecteur qui assurent clairement le service minimum. La puissance est très limitée et ce petit phare sera plus utile pour être vaguement vu des autres usagers de la route.
Un conseil : achetez des accessoires pour vélo pour les monter sur le guidon afin d'y gagner en visibilité et en sécurité. Tant que vous y êtes, prenez aussi une sonnette. Le klaxon électronique intégré frôle le ridicule.
Le feu-stop arrière est plutôt de bonne taille et relativement bien placé sur le garde-boue. De façon classique, il s’allume fixe lorsqu’on roule et clignote lorsqu’on freine. Là encore, on ne peut que vous recommander d'accessoiriser votre casque pour votre sécurité.
En jetant un œil sous le garde-boue, on se rend compte que les fils de ce feu-stop sont visibles et pas vraiment protégés des projections de graviers, ni même de l’oxydation liée aux projections d’eau.
Pourtant, selon la fiche technique, la Pro 8 est certifiée IPX4. Nous avons profité d'une journée pluvieuse pour faire une dizaine de kilomètres à son guidon. Ce test de roulage s'est révélé concluant, même si rouler sous la pluie renforce nos inquiétudes quant à l'exposition des fils. Sans oublier que le garde-boue fait également office de frein à pied, rapprochant d’autant les fils électriques du pneu.
A noter que tester (à nouveau) une trottinette électrique qui ne dispose que d’un frein à pied et d’un frein magnétique nous a donné quelques sueurs froides. Même si la Pro 8 n'est pas un foudre de guerre, elle atteint bel et bien les 25 km/h sur le plat.
Du coup, lorsqu’il est question de ralentir très fort, l’affaire se complique est c’est parfois même dangereux !
Autonomie et recharge
La Pro 8 et son petit moteur de 250 watts n’a pas eu de réelle difficulté pour atteindre les 25 km/h sur notre parcours, qui ne comportait que très peu de dénivelés. Nous avons rapidement constaté que sous notre poids de 80 kg, la Pro 8 s'essoufflait au moindre dénivelé positif, faisant chuter la vitesse.
Cela étant dit, sur la boucle de test de 12 km que nous avons réalisée, la Pro 8 affiche une vitesse maximale de 26 km/h et, surtout, une vitesse moyenne de 19 km/h si on en croit les données enregistrées par notre smartphone.
Et il nous a fallu faire encore 3 km de plus pour que la jauge de la batterie n’affiche plus qu’une seule barre, signe qu’il est temps de regagner ses pénates, sous peine de rentrer à pieds.
Pas si mal, compte tenu de notre poids et de la petite capacité de la batterie. Deux choses importantes toutefois : notre parcours était essentiellement plat, et les températures très favorables à l'endurance.
Au point de charge, refaire le plein de la petite batterie 6 Ah de la Pro 8 prend un temps considérable. Comptez près de 5h en raison d'un chargeur 42 Volts
1,5 Ah. Là où certains constructeurs ont tendance à faire des économies de câble, le chargeur de la Surpass Pro offre 3 mètres de longueur de câble, ce qui peut s'avérer très pratique.
Enfin, nous terminerons ce test sur une autre bonne idée du côté de la prise de charge : celle-ci est dissimulée derrière un cache à bascule à un endroit facilement accessible, qui n'impose aucune contorsion désagréable.
Surpass Pro 8 : pour quels utilisateurs ?
A l'heure où nous finalisons ce test, pas moins de 309 avis de client permettent à la Surpass Pro 8 d'obtenir une note globale positive (4,1/5) sur le site du revendeur. On sait qu'il faut rester prudent vis-à-vis de ces avis en ligne, mais on peut reconnaître qu'avec son prix plancher cet EDPM semble avoir trouvé son public.
Selon nous, la Pro 8 est une option à considérer si vous êtes un utilisateur occasionnel et sujet à prendre des routes en bon état avec peu de dénivelé. Le produit n'est pas forcément idéal pour un public jeune : avec un freinage léger, cette trottinette doit être bien contrôlée et maîtrisée. Elle s'adresse donc à des utilisateurs qui peuvent appréhender ses limites techniques, et qui bénéficieront ainsi d'un moyen de déplacement personnel à très faible coût.
Surpass Pro 8 : la fiche technique
Fiche technique Surpass Pro 8
Puissance du moteur | 350W |
Vitesse maximale | 25km/h |
Capacité de la batterie | 6Ah |
Temps de charge | 6h |
Autonomie annoncée | 25km |
Poids | 12kg |
Puissance du moteur | 350W |
Vitesse maximale | 25km/h |
Nombre de modes de vitesse | 3 |
Écran LCD | Oui |
Type de freins | Frein à pied |
Suspensions | Avant |
Phares | Avant et arrière |
Type de batterie | Lithium ion (Li-ion) |
Capacité de la batterie | 6Ah |
Temps de charge | 6h |
Autonomie annoncée | 25km |
Charge maximale supportée | 100kg |
Hauteur | 1,000mm |
Largeur | 420mm |
Epaisseur | 1,120mm |
Hauteur (Pliée) | 940mm |
Largeur (Pliée) | 420mm |
Epaisseur (Pliée) | 380mm |
Pneus | 8 pouces |
Poids | 12kg |
Indice de protection | IPX4 |
Pour une trottinette à 180 euros, la Surpass Pro 8 ne frise pas le ridicule. Son autonomie est convenable, sa puissance également et elle devrait répondre aux attentes d'utilisateurs poids plume qui roulent peu. Attention sa suspension est inexistante et son freinage bien trop léger impose une extrême vigilance. Reste à savoir comment la chose vieillira.
- Le rapport qualité/prix
- Le guidon réglable en hauteur
- Le poids contenu
- L'autonomie loin d'être ridicule
- La qualité du freinage
- Le confort sur routes dégradées
- Le klaxon inutile
- Le deck un peu étroit
- Quid de la durée de vie ?