Sharp aussi s'est lancé sur le marché des trottinettes électriques. Nous testons ici son « petit modèle », équipé d'un moteur de 350W et d'une batterie de 6,6 Ah. Voyons ce que la chose a dans le ventre.
En mars dernier, le constructeur Sharp faisait une annonce assez surprenante en informant de son entrée sur le marché des trottinettes électriques en France, avec deux modèles : les KS1A et KS2A. Cette dernière est la version « haut de gamme », et nous aurons sans doute l’occasion de la tester prochainement. Pour l’heure, le constructeur nous a envoyé la EM-KS1A. Un modèle vendu 449 €, soit exactement le tarif de la célèbre Mi Electric Scooter 3 de Xiaomi (entre autres) déjà testée dans nos colonnes. Voyons avec quels arguments cette nouvelle entrante entend faire la différence.
- Large deck
- Qualité des éclairages
- Application mobile et prise USB
- Poids plume
- Sensations de conduite désagréables
- Moteur un peu poussif
- Confort discutable des poignées
Conception et ergonomie
Sur ce segment de prix, il faut bien reconnaître qu'il est assez difficile de faire dans le « radicalement différent » côté look. Ainsi, la Sharp EM-KS1A ressemble vaguement à des modèles déjà vus. Toutefois, le constructeur Sharp fait quelques choix qui sautent aux yeux, et les tests sur la route nous diront s'ils payants ou non.
Commençons par l'un des éléments qui interpellent le plus : les roues. Celles-ci sont au format 8,5 pouces et montées de pneus durs avec une structure alvéolée. Attention : les trous qu'on aperçoit sur les flancs des pneus ne sont pas « traversants » et il reste de la matière au centre, ce qui aura inévitablement pour conséquence de moins absorber les défauts de la route. Nous vérifierons ce qu’il en est du confort, mais sur le papier, le résultat devrait se situer entre le côté très raide des pneus durs et l’amortissement des pneumatiques à chambre à air. Le moteur brushless de 350 W est intégré dans la roue avant, et on peut lire dans la notice qu’il serait suffisamment performant pour gravir des routes à l’inclinaison de 15°.
Tout à côté, la potence et le mécanisme de pliage de cette trottinette Sharp montrent déjà quelques améliorations sur certains produits concurrents. Tout semble très robuste… peut-être même un peu trop : les premières manipulations nécessitent un peu de « poigne » pour déverrouiller le mécanisme et abaisser la colonne de direction. En tout cas, on ne note aucun jeu entre les éléments mécaniques.
On retrouve aussi une vis de réglage qui permettra, justement, de régler un éventuel jeu qui pourrait se créer au fil des kilomètres parcourus au guidon de la KS1A. Notons aussi que Sharp a pris le soin d’intégrer de grands caches pour protéger le moyeux de la roue avant. A cette occasion, on découvre aussi un robuste garde-boue à l’avant, qui ne vibre pas du tout sur les irrégularités du macadam.
Sécurité et législation obligent, quelques réflecteurs sont collés sur la colonne ainsi que sur les flancs du deck. Ce dernier profite d’une conception tubulaire apparente que l’on rencontre de plus en plus sur les trottinettes électriques. D’ailleurs, la conception comme l’intégration de la batterie sous le deck ne sont pas sans rappeler la Pure Electric Air Pro déjà testée dans nos colonnes.
Quoi qu’il en soit, de cette construction découle un passage des câbles apparent, lorsqu'on regarde par dessus le deck et sous la trottinette. Les gaines employées, semblables à celles utilisées sur les vélos, devraient encaisser les projections d'eau et les projections de (petits) graviers. Espérons-le en tout cas, car ce câble permet de commander le frein à disque à l’arrière, mais aussi de récupérer l’alimentation de la batterie et piloter le phare arrière.
Concernant le deck, il s’agit comme toujours d’une affaire de goût, mais nous sommes plutôt convaincus par sa conception. Il est intégralement recouvert d’une bande de grip en caoutchouc, qui reprend d’ailleurs le logo de Sharp. Le fait qu’il remonte vers le haut sur sa partie avant est un choix très malin, puisque lorsque vous circulez par temps de pluie ou sur routes humides, cela fait office de protection et limite quelque peu les projections d’eau sur les pieds.
À l’arrière, on retrouve une roue dure 8,5 pouces à pneu alvéolé. Là aussi, le garde-boue est assez robuste, jusque dans l’emplacement dédié à accueillir la fixation intégrée à la colonne de direction et qui permet de porter la trottinette à bout de bras. A noter d’ailleurs que cette version EM–KS1A pèse 14,6 kg, ce qui en fait un modèle plutôt simple à transporter.
Vous l’aurez sans doute compris, lorsque la colonne est déployée, ce même système de fixation rouge en plastique dur qui se loge dans le garde-boue, fait aussi office de crochet où vous pourrez suspendre un sac léger et éviter que celui-ci ne soit trop balloté en le bloquant avec un genou, par exemple. Ce n’est pas toujours très simple, mais pas impossible non plus.
Fiche technique Sharp EM-KS1A
Puissance du moteur | 350mW |
Vitesse maximale | 25km/h |
Capacité de la batterie | 6,6 Ah |
Temps de charge | 5h |
Autonomie annoncée | 25m |
Poids | 14.6kg |
Puissance du moteur | 350mW |
Vitesse maximale | 25km/h |
Angle d'ascension maximum annoncé | 15 |
Nombre de modes de vitesse | 3 |
Écran LCD | Oui |
Type de freins | Mécanique |
Suspensions | Aucune |
Phares | Avant et arrière |
Type de batterie | Lithium ion (Li-ion) |
Capacité de la batterie | 6,6 Ah |
Temps de charge | 5h |
Autonomie annoncée | 25m |
Charge maximale supportée | 120kg |
Taille de l'utilisateur pour utilisation optimale | 1.75m |
Hauteur | 118cm |
Largeur | 47cm |
Epaisseur | 109cm |
Hauteur (Pliée) | 44.5cm |
Largeur (Pliée) | 47cm |
Epaisseur (Pliée) | 109cm |
Pneus | 8.5 pouces |
Poids | 14.6kg |
Au guidon de la Sharp EM-KS1A
Poursuivons la découverte de cette trottinette sur la route. Premier point notable : le constructeur adopte des poignées d’une conception que nous n’avions jamais eu l’occasion de tester sur ce type d’engin.
Celles-ci sont réalisées en caoutchouc et d’une finition très quelconque, voire plutôt bas de gamme, comme en attestent ces traits de résidus de matière qui parcourent les poignées sur toute la largeur. Résidus qui ne passe d'ailleurs pas inaperçus sous la paume ou les doigts, mais c'est encore une autre histoire.
Toujours sur la prise en main, elle n’est ni trop dure, ni trop molle, mais elle n’offre aucune forme ergonomique qui contribuera au confort ou plaisir de conduite. Ici, pas question de trouver un petit repose-paume : on est sur du très basique. S’il fallait y voir quelques avantages, nous dirions que le grip est excellent en raison de la matière choisie (vous aurez l’impression de tenir la gomme d’un pneu en main), ainsi que de leur taille avec un diamètre d’environ 3,5 cm et une longueur de 11,5 cm environ.
Cela a-t-il réellement posé problème pendant nos tests ? Pas vraiment, mais ce n’est pas passé inaperçu pour autant. Vous pourrez aussi en changer facilement, pour les remplacer des poignées plus ergonomiques si vous le souhaitez. En effet, il suffit de tirer dessus pour les extraire du guidon et les remplacer par des modèles de vélo. Celles pour les cintres de 22 mm devraient faire l’affaire.
© D. Nogueira pour Clubic
Nous n’avons aucune critique, en revanche, pour ce qui concerne la gâchette de l’accélérateur, plus classique. Elle tombe bien sous le pouce et répond bien. Idem pour le frein situé sur la main gauche et qui pilote un système de frein à disque (115 mm) sans marque. Sa conception, aux airs de déjà vu, laisse toutefois penser que les plaquettes à l’intérieur sont classiques, et vous ne devriez pas avoir de mal à trouver des consommables.
Parmi les choses appréciables, on notera que le levier de frein active les pistons à l’arrière, mais également un léger frein moteur. Sans oublier qu’il fait aussi clignoter les huit petites diodes présentent sur le garde-boue arrière. Le frein moteur est vraiment très léger. Nous avons pu vérifier que la trottinette utilise bel et bien un système combiné, mais la puissance est assez légère et n'espérez pas recharger la batterie lors des longs freinages. Toutefois, sur la route, il se passe un petit quelque chose et la sensation que la roue avant aussi est freinée se vérifie. C'est surtout notable à basse allure.
Aux alentours des 10km/h, à l'approche d'un stop, une priorité ou encore un rond-point (par exemple), on sent bien que la roue avant est freinée elle aussi. Le frein à disque à l’arrière est assez progressif, et en cas d’extrême d’urgence il est toujours possible de presser fortement du pied le garde-boue arrière. Dans l'ensemble, c'est assez rassurant, même s'il faut garder en tête que ces pneumatiques durs ont la fâcheuse tendance de déraper rapidement, surtout si la chaussée est mouillée.
Dans l’ensemble, la position de conduite est confortable. Le deck offre près de 16 cm de largeur et 46 cm de longueur (hors la partie qui remonte), soit une surface suffisante pour accueillir nos deux pointures 43. Vous l’aurez sans doute remarqué, le guidon n’est pas réglable et il se situe à une hauteur d’environ 1 mètre du deck, ce qui s’est révélé convenable pour notre mètre soixante-quinze.
Nous sommes également convaincus par la qualité de l’écran de contrôle. Sans être un modèle du genre, ses indications sont claires et il est lumineux et bien lisible, même en plein jour. Les deux boutons qui sont couplés permettent de changer de mode de conduite, de consulter le kilométrage total de la trottinette ou celui du parcours en cours, mais aussi d'allumer les lumières.
Le large phare, à l’avant, est composé de trois diodes offrant une bonne puissance. A noter que celui-ci ne peut pas du tout s’incliner de haut en bas, et Sharp privilégie ici une orientation du faisceau convenable.
Certes, la route est éclairée plutôt au loin et vous pourriez manquer quelques défauts dans la chaussée, mais le faisceau est assez large et on a l’impression d’être en sécurité.
À l’arrière, le feu de stop est positionné lui aussi au plus haut sur le garde-boue arrière. Nous conseillons tout de même le port d’un éclairage rouge à l’arrière d’un casque à tous ceux qui circuleraient sur des voies très fréquentées de nuit ou en soirée (notamment en hiver) - sans oublier que le gilet réfléchissant reste de mise.
Enfin, allumer les phares permet également d’allumer quelques LED bleues intégrées sous le deck. Celles-ci ne peuvent pas changer de couleur, mais il est possible d’en changer l’intensité depuis l’application mobile.
Une trottinette plutôt pour les ados que les adultes
Mais tout n’est pas rose à son guidon, malheureusement. Dès les premiers tours de roues on se rend compte que les pneus durs, même s’ils sont alvéolés, n’absorbent pas ou trop peu les défauts de la route. Le moindre relief se ressent immédiatement sous les pieds et jusque dans les mains.
Quitte à choisir des pneus de ce type pour annuler le risque de crevaison, autant faire en sorte d’y coupler des systèmes d’amortisseurs. Le constructeur nous répondrait sans doute que les coûts sont trop serrés pour cela, surtout à l’heure où tous les composants et matières premières ont vu leur prix augmenter - sans parler des coûts annexes liés à la logistique. Si ce produit vous intéresse, gardez bien en tête que la conduite est raide… et pas très dynamique.
Sur le plat, la Sharp EM-KS1A atteint les 25 km/h, comme les autres trottinettes dotées d'un moteur de 350 W. L'accélération est linéaire, mais les démarrages et les relances sont plutôt poussifs, en tout cas sous notre poids de plus de 85 kg. Il est parfois nécessaire de redoubler de vigilance sur la route pour ne pas se mettre en danger.
Sur la durée, le moteur 350 W semble avoir bien du mal à puiser la ressource nécessaire dans la batterie 36 V - 6,6 Ah (237,6 Wh) dès que le dénivelé positif s’invite à la balade. Si la réelle perte de puissance n'est notable qu'à partir de 15 % de batterie restante (à 10 % elle peine à dépasser les 15 km/h), nous avons pu décelé une perte de puissance dès la mi-charge de cette petite batterie.
Dans notre configuration de test, par une météo estivale quasi caniculaire, nous avons mesuré une autonomie d'à peine 20 km. Sur ce point, même si ce n'est pas grand chose, c'est à vrai dire une bonne surprise compte tenu de la petite capacité de la batterie.
Toutefois, elle atteint peut-être cette « performance » car elle est aussi moins nerveuse en montée. Comptez ensuite près de 5 heures pour refaire le plein avec le chargeur 42 V - 1,5 A. Sachez également que le chargeur offre environ 2,3 m de longueur de câble, soit la distance qu'il faudra respecter entre la prise électrique et la prise de charge situé sur le côté droit, sous le deck de la trottinette.
Sharp Life : une application bienvenue
La présence d'une application Bluetooth est plutôt à considérer comme une bonne chose sur une trottinette électrique, tout du moins si le constructeur a fait le nécessaire pour que celle-ci soit suffisamment sécurisée pour éviter les mauvais comportements. Dans le cas de ce modèle Sharp, la connexion est très simple à mettre en place, à condition toutefois de se référer à la notice pour connaître la procédure.
Une fois que c'est fait, vous pourrez consulter quelques informations liées à votre monture telles que son kilométrage ou son dernier emplacement GPS lorsque celle-ci a été connectée pour la dernière fois à votre smartphone en Bluetooth. L'appli renseigne évidemment sur le niveau de batterie restante et vous propose de choisir le mode de conduite, d'activer ou non le régulateur (celui-ci maintient la vitesse lors d'une pression prolongée sur la gâchette d'accélérateur) mais aussi de piloter l'éclairage.
C'est dans le second niveau des paramètres que vous pourrez décider d'allumer ou non les deux rubans de LED bleues situés sous le deck. Ceux-ci sont appelés « lumière ambiante » et peuvent être ajustés selon six niveaux.
Une dernière option de l'application vous permet de transformer votre smartphone en un tableau de bord plus évolué. Il faudra l'installer alors sur un support dédié (attention, assez robuste pour encaisser les secousses). Le cas échéant, vous pourrez même en profiter pour le recharger grâce à une prise USB Type A disponible sous la petite console.
Attention, il n'est pas question ici de vous servir de l'application de Sharp pour vous guider : celle-ci se limite à de l'enregistrement de parcours. Enfin, dernière petite chose pratique : Smart Life permet de verrouiller électroniquement le moteur de la trottinette. Cela ne remplace pas la nécessité de l'attacher à un point fixe, mais cette sécurité pourrait contribuer à dissuader un éventuel voleur.
Sharp avait créé la surprise en annonçant son arrivée sur le marché des trottinettes électriques. Malheureusement, le bilan concernant la EM-KS1A n'est pas très positif. Les « gros gabarits » sont sans doute trop lourds pour son duo petit moteur et petite batterie et nous ne pouvons que conseiller une meilleure autonomie : si elle n'est pas ridicule sur ce modèle, elle sera bien moins confortable en hiver ou sur des routes plus vallonnées.
Mais c'est le confort qui pose le plus grand souci : l'agrément de conduite n'est pas là. C'est dommage, car avec son deck plus large, ses éclairages plus nombreux et sa robustesse, ce modèle aurait fait une alternative de premier choix à sa rivale, la Xiaomi Mi Electric Scooter 3. En l'état les performances modestes de la Sharp EM-KS1A nous poussent à penser qu'elle conviendra mieux à des ados, ou des jeunes adultes pesant idéalement moins de 75 kg et réalisant des trajets pas trop longs. Les autres pourront se laisser tenter aussi, mais il faut aimer encaisser les secousses pendant le trajet.
- Large deck
- Qualité des éclairages
- Application mobile et prise USB
- Poids plume
- Sensations de conduite désagréables
- Moteur un peu poussif
- Confort discutable des poignées