Cela faisait un moment que j'attendais de dédier une chronique à The Americans. Un an après la naissance du Veilleur d'écran[s], et avec sa toute récente arrivée sur Amazon Prime Video, il semble que le moment idéal soit enfin venu.
- Vous voulez voir un traitement réaliste de l'espionnage en pleine guerre froide
- Vous cherchez des acteurs/actrices capables de jouer plusieurs rôles
- Vous aimez les personnages non manichéens et tiraillés entre leurs loyautés
- Vous n'aimez pas les séries lentes
- La période et le sujet traités ne vous intéresse vraiment pas
- 6 saisons, c'est un petit peu trop long
Le veilleur d'écran[s] S04E08 📺 : The Americans
Dans un contexte où l'offre en matière de séries n'a jamais été aussi pléthorique, le Veilleur d'écran[s] se propose d'être votre guide à travers les saisons. Qu'il s'agisse d'une ancienne série aujourd'hui culte, d'un carton récent ou d'un show plus anonyme, cette chronique vous aidera à ne perdre votre temps qu'en bonne compagnie.
Accompagnez la lecture de cet article avec la musique de la série :
Fiche technique The Americans
Genre | Thriller, Drame, Comédie, Mystère |
Réalisation | Joseph Weisberg |
Editeur | Amblin Television, DreamWorks Television |
Plateforme | Prime Video |
Nombre de saisons | 6 |
Nombre d'épisodes (Total) | 75 |
Classification | Tous publics |
The Americans what the Russians can't
À l'instar du mastodonte HBO, FX (et sa chaîne dérivée FXX) éveille automatiquement mon intérêt quand elle annonce un nouveau projet. Il faut dire qu'après des shows comme Fargo, Legion, The Shield, You're the Worst ou encore Man Seeking Woman, pour n'en citer qu'une petite poignée, elle n'a plus grand-chose à prouver quant à sa capacité à proposer du contenu de qualité.
C'est bien évidemment dans cette lignée vertueuse que s'inscrit la série phare du jour, j'ai nommé The Americans.
Terminée depuis 2018 après six saisons, la série se déroule dans les années 1980, en pleine guerre froide, dans les environs de Washington. L'intrigue suit la famille Jennings, composée du couple Elizabeth (Keri Russell) et Philip (Matthew Rhys, que vous avez peut-être aperçu récemment dans Perry Mason version 2020) et de leurs deux enfants, Paige et Henry.
Tout ce beau monde vit une existence heureuse d'Américains de banlieue, en apparence parfaitement lambda. Sauf qu'Elizabeth et Philip sont en réalité des agents infiltrés du KBG.
Chargés de réaliser différentes missions pour Moscou (espionnage, recrutements, assassinats, vols…) tout en maintenant leur couverture, y compris auprès de leurs enfants qui, avec l'âge, sont de moins en moins aisés à tromper, nos « héros » n'ont pas une existence de tout repos. Forcés de jongler en permanence entre leur identité de parents, de faux couple et leurs multiples personas à coups de déguisements tous plus bluffants les uns que les autres, Elizabeth et Philip doivent également faire spécialement attention au FBI.
Philip ! Je sais où tu t'caches !
Et ce d'autant que leur voisin et ami, Stan Beeman (Noah Emmerich), est un agent de l'organisation notamment chargé de trouver et d'arrêter les espions russes sur le territoire américain. Il est d'ailleurs assez délicieux de voir le couple jouer avec lui pour rester caché tout en glanant quelques informations au passage. On se délecte tout autant de la tension engendrée par les doutes que nourrit Stan au fil des saisons. Et les doutes justement, parlons-en.
Soutenues par une solide reconstitution historique (décors, tenues, objets…), engendrant un réalisme et une sobriété esthétique difficilement attaquables, les différentes missions et intrigues liées à la confrontation indirecte entre KGB et FBI sont fort intéressantes à suivre. Néanmoins, le véritable cœur du show est ailleurs. L'évolution des motivations et des relations entre les personnages de The Americans sont assurément les enjeux les plus captivants à étudier alors que les épisodes défilent.
« l'écriture non manichéenne des nombreux personnages pris dans ce tourbillon complexe qu'est la guerre froide est véritablement à saluer »
En tête de ces enjeux personnels, on trouve la relation entre Philip et Elizabeth. Ce faux couple au mariage arrangé et factice finit forcément par ressentir beaucoup de choses à force de vivre sous le même toit, et avec leurs enfants. Leur loyauté réciproque et envers Moscou, comme leurs croyances et convictions, subissent de nombreuses fluctuations, tandis que les conflits impactant les décisions à prendre sont toujours plus nombreux et complexes avec le temps. En bref, The Americans est une série profondément psychologique et l'une des meilleures du genre.
« Le doute m'habite, et non pas l'inverse. » - Philip Jennings (je crois)
Jusqu'à la (très satisfaisante) dernière saison, l'écriture non manichéenne des nombreux personnages, pris dans ce tourbillon complexe qu'est la guerre froide, est véritablement à saluer. Les trois acteurs cités dans cette chronique - plusieurs fois récompensés, à juste titre, pour leur travail devant la caméra - ne trahissent jamais les lignes qui leur sont données. Ils jouent notamment à merveille de l'équilibre entre la poker face nécessaire à l'espion, et le visage chargé en émotions permis par le relâchement en privé ou induit par une nouvelle comédie à jouer.
Moscow loin, mais Washington d'ici
À côtés de ces personnages principaux, les rôles secondaires sont tout aussi solides (à commencer par Margo Martindale en guest), et on appréciera en passant la prise de risque des scénaristes, qui n'hésitent pas à proposer de nombreux passages en russe renforçant ainsi encore un peu plus le réalisme du show. Il faut dire que le créateur de la série, Joe Weisberg, est un ancien agent de la CIA. L'homme ne devait donc pas manquer de sources d'informations et d'inspiration pour sa création.
Attention cependant : en insistant sur la dimension psychologique et la volonté de rester plausible, le résultat peut régulièrement paraître lent. On est de fait assez loin d'un James Bond.
Plus portée sur l'intrigue et les dialogues que sur l'action, The Americans joue cependant avec cette lenteur et ce réalisme (il peut alors se passer pas mal de temps entre les missions, par exemple) pour surprendre le spectateur avec des passages où la tension grimpe en flèche en quelques secondes, sans prévenir.
Un show qui ne manque pas de toupets
La série de FX ne se destine donc pas à celles et ceux qui veulent des gunfights, des gadgets et des espions badass qui sauvent le monde (pour ça il y a plutôt la série militaire Strike Back dont je parlais il y a quelques semaines…). En revanche, The Americans plaira sans aucun doute aux amateurs d'Histoire, d'espionnage réaliste et de relations humaines complexes.
- Vous voulez voir un traitement réaliste de l'espionnage en pleine guerre froide
- Vous cherchez des acteurs/actrices capables de jouer plusieurs rôles
- Vous aimez les personnages non manichéens et tiraillés entre leurs loyautés
- Vous n'aimez pas les séries lentes
- La période et le sujet traités ne vous intéresse vraiment pas
- 6 saisons, c'est un petit peu trop long
Les 6 saisons de The Americans sont disponibles depuis peu sur Amazon Prime Video.
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