Critique For All Mankind : Apple décroche la Lune

Antoine Roche
Publié le 25 janvier 2020 à 15h37
For All Mankind

En modifiant un simple élément de l'Histoire de la conquête de la Lune telle que nous la connaissons, For All Mankind raconte une histoire aussi passionnante que plausible.

Dans un contexte où l'offre en matière de séries n'a jamais été aussi pléthorique, le Veilleur d'écran[s] se propose d'être votre guide à travers les saisons. Qu'il s'agisse d'une ancienne série aujourd'hui culte, d'un carton récent ou d'un show plus anonyme, cette nouvelle chronique vous aidera à ne perdre votre temps qu'en bonne compagnie.

Accompagnez la lecture de cet article avec la musique de la série :

Slow burn rocket

*se frotte les mains de satisfaction* Ah, je suis content. Content d'enfin écrire cette chronique qui me brûle les doigts depuis plusieurs semaines. Même si elle n'est pas en première place de ma longue liste des meilleures nouveautés séries de 2019, For All Mankind est à n'en pas douter l'une de celles qui m'ont le plus agréablement diverti et impacté ; et, surtout, que j'ai apprécié toujours plus à chaque épisode diffusé.


D'ailleurs, merci à Apple (prenez ce compliment pour ce qu'il est, car c'est le seul que je daignerai donner à la firme à la pomme) de ne pas avoir succombé à la mode du binge watching en ne proposant qu'un épisode par semaine pour ses premières séries originales. Cette méthode de diffusion classique correspond bien plus à mon mode de consommation de séries ; cela permet, à mon sens, d'augmenter le sentiment d'attente et donc le plaisir au moment de la diffusion, quand tout dévorer d'un coup peut gâcher la saveur d'un show.

Mankinder Surprise

Dès le départ j'avais des attentes fortes pour la série et celle-ci aurait donc pu aisément me décevoir. Si vous avez déjà lu mes chroniques sur Battlestar Galactica et The Man in the High Castle vous devez déjà imaginer pourquoi. À la première, For All Mankind emprunte évidemment la thématique de l'espace, mais surtout son papa, Ronald D. Moore, une nouvelle fois aux manettes ; la série part ensuite sur le même concept que la seconde, à savoir tisser un récit historique uchronique.


Dans For All Mankind, c'est l'Union Soviétique qui pose le premier le pied sur la Lune avant Neil Armstrong, forçant ainsi les Etats-Unis à redoubler d'efforts pour rattraper leurs rivaux. De ce simple point de départ va découler une suite d'événements en chaîne, aux échelles de répercussions variées.

À polos tirés

Fonctionnant désormais à marche forcée pour compenser son retard et pour ne pas être annulé par le gouvernement qui impose des objectifs toujours plus compliqués à atteindre, le programme Apollo, et ses membres, vont tout tenter pour prendre la première place. Bien entendu cela ne se fera pas sans conséquences, humaines et familiales avant tout. Cette course vers l'avant pour la gloire, qui va crescendo, va être ponctuée de nombreux événements, tantôt dramatiques tantôt glorieux, à chaque épisode, à mesure que les mois passent et que les humains progressent (ou non) dans leur conquête spatiale.

Mais plutôt que de simplement enchaîner les événements pour divertir basiquement le spectateur avec ce what if déjà sympathique, For All Mankind garde aussi les pieds sur Terre (oh oh oh, j'adore l'humour) pour pointer du doigt des éléments symptomatiques de cette époque - et souvent toujours d'actualité de nos jours, il ne faut pas se leurrer - notamment grâce à des personnages féminins forts.


Racisme, place des femmes et des homosexuel(le)s dans la société, tensions internationales (tout en évitant de surfer sur l'américano-américanisme à outrance et de diaboliser les Russes, merci), impact psychologique de l'isolement dans l'espace... Tels sont quelques exemples de sujets traités avec justesse et talent dans le show, au milieu d'un drame humain très souvent poignant. On peut d'ailleurs remercier le casting, dont le jeu impeccable m'a souvent arraché des larmes. Le réalisme et la plausibilité du tout est également l'une des clés du succès de For All Mankind.

Red is not dead

Et pour cause, un peu comme The Man in the High Castle, les scénaristes ont la bonne idée d'essayer de coller au maximum à l'Histoire réelle avant d'opérer la bifurcation, pour que jamais l'immersion et la crédibilité ne se perdent. Cela passe bien entendu par le soin tout particulier apporté aux costumes et décors d'époque, par la représentation de nombreuses figures historiques réelles (Buzz Aldrin, Deke Slayton, Richard Nixon, etc. sont autant de personnages que l'on rencontre au fil de la série), par les quelques vraies et fausses images et sons d'archives, comme par le choix de ne modifier/inventer/supprimer des éléments que quand cela est nécessaire pour raconter cette Histoire alternative.


De même, les amateurs de physique, de science et de technologie spatiale devraient être servis car le réalisme est tellement de mise (les effets spéciaux de grande qualité aident également) que bien des fois j'avais l'impression de regarder From the Earth to the Moon, l'excellente mini-série historique de HBO sur la conquête de la Lune, la vraie. Les quelques éléments spatiaux inventés pour l'occasion font également mouche et j'ai sincèrement hâte de voir où la déjà confirmée saison 2 nous emmènera.

Alors oui, For All Mankind n'est pas une série d'action et penche plus du côté du drama relativement lent et bavard durant ses 10 épisodes d'environ une heure chacun. Mais ce n'est absolument pas un problème à moins de vouloir absolument du « pew pew » dans sa série spatiale (si tel est votre credo, regardez plutôt The Expanse, du coup).

« For All Mankind est l'une des séries de 2019 que j'attendais le plus chaque semaine »


Il y a d'ailleurs juste ce qu'il faut d'action, de tension, d'incertitudes et de surprises à chaque épisode (un mélange qui atteint son paroxysme au cours des derniers) pour donner encore plus envie de continuer et de lancer le suivant. L'équilibre de la série se retrouve aussi dans un rythme global assez posé malgré le rush subit par le programme Apollo. La présence de Jeff « je suis absolument partout en ce moment » Russo à la musique participe également à construire l'ambiance générale, puisque comme souvent le compositeur fait dans la sobriété et la douceur.


La série d'Apple n'est peut-être pas celle que j'ai préféré au global en 2019, mais elle trône tranquillement dans mon top 10 et c'est fort probablement l'une de celles que j'attendais le plus chaque semaine, curieux de voir où le récit allait nous emmener. Autant vous le dire, je n'ai jamais été déçu.

Cette série est pour vous si :

- L'Histoire de la conquête de la Lune, même modifiée, vous intéresse
- Vous souhaitez un drame consistant qui va vous prendre aux tripes
- Vous cherchez ce qui mérite d'être regardé sur Apple TV+

Cette série n'est pas pour vous si :

- Vous voulez de l'action et des explosions (il y en a, mais ce n'est pas le cœur du show)
- Vous pensez que la Terre est plate
- Vous n'avez pas Apple TV+ (cela dit l'essai gratuit de sept jours est tout indiqué)


La première saison de For All Mankind est disponible sur Apple TV+. La deuxième y sera logiquement aussi, normalement fin 2020.

Antoine Roche
Par Antoine Roche

Journaliste spé culture pop (séries/ciné/JV), technologie (SVoD, OS, apps…) et jeux de mots douteux. Pas forcément dans cet ordre.

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atahonfl

Je trouve cette série sans aucun intérêt et d’un ennui profond, et aucune des raisons ridicules invoquées dans le « pas pour vous » n’y est pour quelque chose.

ariakas

l’excès de gif nuit à la lecture.
Après pardon d’être dans l’air du temps et de préférer les saisons completes de façon à en regarder 2 à 3 par soir au lieu de 1 par semaine où je suis bien embétté de me souvenir précisément de ce qui s’est passé dans l’épisode précédent datant de 8 jours

yam421

J’ai tenu 5 épisodes.Le suite ne m’intéresse pas.

gonocoque

Le pitch de cette série m’avait donné de grandes attentes, et mon dieu que j’ai été déçu : c’est long, c’est fade. Si la réalisation est vraiment bien, l’histoire est pénible à souhait en tournant très rapidement autour d’un discours pro-feministe écoeurant tellement il est omniprésent et mal amené (les femmes DOIVENT aller dans l’espace, les femmes SONT mieux que les hommes…). Et quand le sujet de l’homosexualité commence à pointer le bout de son nez on atteint le fond du bidet du politiquement correct… Cette uchronie aurait pû être tellement mieux si elle c’était concentré sur ce changement dans les relations internationales avec une URSS dominante, ou tout simplement sur la cohabitation usa/URSS sur la lune (ce qu’on commence à entre apercevoir dans les 2 derniers épisodes. Mais non, on a juste un pamphlet pro féministe long et ennuyeux. Dommage.

atahonfl

Tellement d’accord avec toi, et au moins comme moi tu te moques bien des petits SJW qui ne manqueront pas de taper de leurs petits poings fragiles.

DIDLH

Pour ma part, du même avis que le rédacteur de l’article… sans doute un problème de génération pour ceux qui n’aiment pas et qui ont été biberonnés à la violence et aux effets spéciaux exagérés. j’ai adoré et j’attends la saison 2 avec impatience… peut être parce que quand j’étais mome je jouais avec un LEM miniature dans ma chambre…
Gonocoque , je trouve stupide la bagarre pour savoir si les femmes sont ou pas l’égal de l’homme ou inversement et je n’ai absolument pas le même ressenti que toi sur ce sujet concernant cette série. Rien à voir avec le féminisme mais juste une idée comme une autre dans le « combat » contre l’ennemi russe.

LameDeKorbo

J’ai hésité à prendre la parole.
Merci d’avoir ré-équilibré le discours qui manquait d’objectivité.

Maka

Les gifs gênent franchement la lecture de ta chronique… dommage.

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