Très régulièrement citée parmi les meilleures séries (de SF) de tous les temps, Battlestar Galactica fait également partie de cette poignée de titres qui m'ont spécifiquement donné envie de créer cette chronique. Ne soyez donc pas trop surpris si les prochains paragraphes font tout pour vous convaincre de la (re)regarder.
Accompagnez la lecture de cet article avec la musique de la série :
Galactica d'école
Diffusée de 2004 à 2009 sur l'ancêtre de la chaîne Syfy, Battlestar Galactica est en fait un reboot de la série Galactica qui, elle, date tout de même de 1978. Et grand bien a pris le créateur de la version modernisée : Ronald D. Moore. L'homme, à qui l'on doit plus récemment la sympathique - bien que longuette au fil des saisons - Outlander, et qui signera tout prochainement For All Mankind pour Apple, s'est en effet surpassé durant un peu plus de quatre saisons. D'autant plus que de nombreux épisodes bonus et même deux films (The Plan et Razor) viennent s'intercaler entre les saisons, portant l'ensemble à une durée de visionnage plus que conséquente (qui plus est pour l'époque : les saisons font environ 20 épisodes chacune).Complètement moi actuellement
Hasard du calendrier, une autre « suite/reboot » de la série, cette fois chapeautée par Sam Esmail, a été officiellement annoncée il y a peu. Le créateur de l'acclamée Mr. Robot a indiqué qu'il s'agirait d'une nouvelle histoire, prenant place dans l'univers précédemment créé par Moore. Les puristes pourront donc probablement reposer leurs torches et leurs fourches (en tout cas j'ai posé les miennes, en attendant de voir).
Une série qui va à Baltar
De quoi parle donc Battlestar Galactica, me demandez-vous après cette introduction assurément beaucoup trop longue ? L'action se déroule à bord d'un vaisseau de guerre spatial obsolète - qui donne d'ailleurs son nom à la série. Nous y suivons les derniers survivants humains des 12 Colonies de Kobol, qui ont été totalement éradiquées par les Cylons, des robots conçus par l'Homme pour accomplir de nombreuses tâches à sa place, et qui, vous l'aurez compris, finissent par se retourner contre leurs créateurs.Ce moment de basculement est d'ailleurs traité dans la série dérivée Caprica (2010), que nous vous déconseillons cependant de regarder, tant il n'y a presque rien à en sauver. Si le cœur vous en dit, tournez vous plutôt vers le film de 2013, Battlestar Galactica : Blood and Chrome, qui se déroule également quelques années avant les événements de la série principale. Mais trêve de digression, retournons à Battlestar Galactica, BSG pour les intimes.
Pourquoi cette série mériterait-elle plus votre temps qu'une autre ? Tout simplement parce que BSG est un exercice de style du space opera particulièrement réussi, qui repousse les frontières du genre. En dehors de The Expanse (débutée en 2015, et dont la S04 est attendue pour fin 2019 sur Prime Video), aucune série n'est arrivée ne serait-ce qu'à la cheville de BSG dans cette catégorie. Il y a bien eu des shows sympathiques dernièrement (on pense par exemple à Dark Matter, Killjoys et, surtout, Star Trek : Discovery), mais aucun n'a jamais atteint la richesse d'écriture, la pertinence des différents niveaux de lecture, la qualité de la réalisation ou encore l'ambition scénaristique et les jeux d'échelles, de la série de Moore... (Pas de panique, je n'oublie pas ici ma série de cœur qu'est Firefly, mais il faut bien avouer que BSG joue dans la catégorie au-dessus).
Plus Cylon, plus c'est bon
Même si le genre du space opera n'est pas votre tasse de thé, il y a tant d'éléments de qualité à trouver dans BSG qu'il serait dommage de ne pas y plonger ne serait-ce que par curiosité. Par où commencer ? Probablement par les très riches personnages qui portent l'histoire, non moins riche, du show. De l'insubordonnée pilote Starbuck (Katee Sackhoff) au charismatique Amiral Adama (Edward James Olmos) et son grincheux second Saul Tigh (Michael Hogan), en passant par la Présidente Laura Roslin (Mary McDonnell) ou les plus cryptiques docteur Gaius Baltar (James Callis) et Numéro Six (Tricia Helfer), les nombreux personnages brillamment écrits et incarnés évoluent avec brio d'une saison à l'autre au rythme des révélations et changements souvent radicaux de situation, que nous nous garderons bien évidemment de dévoiler.Mais au-delà de l'histoire centrale qui retourne régulièrement le cerveau tout en conservant une cohérence solide (coucou les médiocres Perdus dans l'Espace et Another Life, c'est à vous que je pense), BSG aborde également avec tact et pertinence de nombreux thèmes et sujets universels (l'Humanité, l'esclavage, la politique, la religion, la philosophie, etc.). Il serait alors extrêmement réducteur de cantonner la série à une simple course-poursuite dans l'espace quand il y a bien plus que cela à trouver au fil des épisodes.
« Battlestar Galactica relève d'une ambition et d'une profondeur rarement égalée »
Si je l'ai déjà dit, il me semble nécessaire d'insister sur ce point : Battlestar Galactica relève d'une ambition et d'une profondeur rarement égalées dans le secteur du space opera. Très peu de shows, tous genres confondus, peuvent d'ailleurs se targuer d'une telle richesse scénaristique. En d'autres termes, BSG est au space opera ce qu'est The Wire au « policier documentaire », ce qu'est Band of Brothers à la série de guerre, ce qu'est Game of Thrones à la fantasy (n'en déplaise aux « haters ») ou ce qu'est Rome au peplum : un leader tout simplement incontournable.
A Helfer of a ride
Impossible de ne pas parler de la musique composée par Bear McCreary. C'est d'ailleurs cette bande originale qui m'a donné l'idée de mettre de la musique en tête de chaque épisode de cette chronique et j'espère que vous apprécierez la playlist amoureusement fabriquée à la main.Bear McCreary tire sa notoriété auprès du grand public, en partie, du jeu vidéo God of War sorti en 2018 ; il a également composé d'excellentes choses pour les oreilles dont les OST des séries Black Sails, Outlander (ah, encore toi !) ou encore The Walking Dead et plus récemment du film Godzilla : King of the Monsters.
Le monsieur mérite même une petite vidéo en live en plein article parce que zut.
Cela dit, son travail sur BSG reste à mon sens une de ses plus belles œuvres, si ce n'est la plus belle, et c'est probablement grâce à lui que j'aime aujourd'hui autant écouter les musiques de films, de séries et de jeux vidéo. Qu'il souligne avec intensité un moment dramatique avec des cordes ou qu'il accompagne, voire mène l'action à grands coups de percussions, McCreary est un acteur à part entière de la série. Celle-ci lui doit en partie son rythme maîtrisé et son intensité, ponctuelle mais efficace, notamment durant des combats spatiaux épiques même malgré la technique vieillissante.
Ouais, hein
Car même si la série est longue et que le scénario parfois complexe nécessite une quantité non négligeable de dialogues (heureusement bien écrits et ponctués de lignes mémorables), à aucun moment le spectateur n'a envie d'abandonner l'équipage du Galactica avant le dénouement final. Et puisque l'on parle du final - un sujet clivant parmi les fans -, sachez qu'à mon humble avis la fin de la série est, à un détail près, extrêmement satisfaisante (quoi de plus triste d'un long chemin gâché par un aboutissement raté ?).
Pour toutes ces raisons et bien d'autres encore dont je ne peux pas parler sans gâcher la surprise, Battlestar Galactica est l'une des séries que j'ai le plus envie de revoir, tous les ans, malgré sa longueur et quelques effets spéciaux qui commencent à piquer les yeux.
Alors, si d'ici quelques temps, après l'avoir (re)vue, vous reveniez en commentaire de cette chronique pour écrire un simple « So say we all », je serais assurément le plus heureux des
Cette série est pour vous si :
- Vous aimez les personnages, les intrigues et les musiques riches d'intensité- Vous attendez avec impatience la S04 de The Expanse
- Vous voulez vous impliquer dans quelque chose de mémorable
Cette série n'est pas pour vous si :
- Vous n'avez pas beaucoup de temps à lui consacrer- Vous êtes vraiment allergique à la SF ou aux effets spéciaux (un peu) datés
- Vous n'aimez pas les séries bavardes et la politique
Faute d'une bande-annonce officielle qui ne spoile pas la série n'importe comment, voici la scène d'ouverture du show. Celle-ci indique par ailleurs les grandes lignes du scénario à connaître au démarrage pour pleinement comprendre la suite.
Les 4 saisons (mais pas les films, malheureusement) sont disponibles du côté de Prime Video.