Camille Pinet pour Clubic
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Avant une offensive électrique annoncée par son nouveau patron, Renault s’investit aussi dans l’hybride grâce à son système original décliné sur toute sa gamme. Le dernier à en profiter est l’Arkana, un SUV coupé qui conjugue avec un certain succès toutes les tendances automobiles du moment.

Renault est depuis quelques années dans la tourmente, avec des résultats commerciaux peu satisfaisants et une gamme de produits pas toujours en cohésion avec le marché. Certes, le Losange a été la première des marques françaises à investir massivement sur l’électrique et en récolte en partie les fruits grâce au succès de la Zoe. Mais tous ses derniers hauts de gamme ont enregistré un échec patent, et certaines de ses lignées historiques comme les monospaces Scenic et Espace sont arrivées en bout de course, incapables de séduire à nouveau.

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Arkana : la recette du succès ?

Partant du principe que les recettes qui marchent ailleurs peuvent aussi rencontrer le succès chez lui, le constructeur a lancé au début de l’année l’Arkana, qui concentre tout ce qui attire le client d’aujourd’hui. Il s’agit bien sûr d’un véhicule surélevé posé sur de grandes roues, mais aussi d’un coupé tel qu’en proposent, avec un succès jamais démenti, les marques allemandes Audi BMW et Mercedes. Une carrosserie qui permet de proposer un modèle un peu moins haut et un peu plus aérodynamique qu’un SUV traditionnel : un procédé déjà employé par la Citroën C4, qui économise de précieux grammes de CO2.

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Il permet également au constructeur d’exister sur le segment des SUV compact, en attendant l’arrivée du nouveau Kadjar. Contrairement à Peugeot et Citroën, Renault mise également sur l’hybride non rechargeable grâce à sa nouvelle motorisation inaugurée par la Clio. Rappelons que celle-ci utilise une transmission originale, constituée par une boîte à crabots pilotée par deux moteurs électriques. Un système à la fois simple sur le plan mécanique et très compact. L’Arkana vient tout juste d’en bénéficier, ce qui lui permet de faire l’impasse sur le diesel, de plus en plus rare dans la gamme Renault.

Précisons enfin que ce nouveau modèle est produit en Corée sur les chaînes du constructeur Samsung, qui appartient à Renault. Dans l’industrie automobile, la délocalisation n’est décidément pas un phénomène du monde d’avant !

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Dans l’habitacle de l’Arkana : la discrétion n’est pas son crédo

Proposé en quatre finitions, l’Arkana laisse le choix en haut de gamme entre une définition discrète, l’Intens, et une beaucoup plus voyante, la R.S. Line, dont était équipée notre modèle d’essai. Avec ses jantes de 18 pouces noire avec un insert rouge, ses encadrements de vitre et son aileron noirs, elle fait tout pour attirer l’œil, singeant les définitions les plus appréciées chez les constructeurs de luxe, S Line chez Audi et M Sport chez BMW. Renault ne manque d’ailleurs jamais de rappeler que la formule du SUV coupé n’existe que dans cet univers « premium ».

A l’intérieur, ce parti-pris spectaculaire se retrouve avec des décorations en faux carbone assez convaincantes, des surpiqures rouges sur les ceintures et les sièges et les contreportes et des inserts rouges sur la planche de bord et le volant. Une ambiance aux frontières du tuning très à la mode. La qualité de finition apparait satisfaisante, même si l’Arkana ne fait pas mieux que le Captur de catégorie inférieure. On retrouve d’ailleurs l’écran 9,3 pouces et le système multimédia de ce dernier. Moderne, l'écran se montre fluide et offre une ergonomie satisfaisante de ses menus, ce qui s’avère paradoxalement de plus en plus rare dans la production actuelle.

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On retrouve sur notre modèle l’instrumentation numérique de 10,2 pouces déjà vue sur la Mégane et le Captur, entièrement configurable, ce que ne permet pas, par exemple, celle des BMW. Malheureusement, les exemplaires actuellement à la commande ne disposent que de la version 7 pouces en raison de la pénurie de semi-conducteurs. Nonobstant, ce Renault est à jour sur le plan des technologies embarquées.

La meilleure surprise concerne l’habitabilité : si les SUV coupés ont la fâcheuse tendance à rogner l’espace disponible à l’arrière, ce n’est pas le cas ici puisque deux adultes de plus de 1,85 m peuvent s’installer confortablement sur la banquette arrière, même avec l’option toit panoramique. Même constat au niveau du coffre : si son seuil de chargement apparaît un peu élevé, il propose avec 480 litres (soit 33 litres de moins que les versions thermiques) un volume relativement satisfaisant. Cependant, ne nous y trompons pas : pour ceux qui aiment charger jusqu’au toit, la carrosserie impose des sacrifices pratiques importants par rapport à un SUV compact traditionnel : c’est là toute la limite du concept de « SUV coupé », qui roule joyeusement sur le terme « utility » présent dans l'acronyme (Sport Utility Vehicle).

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Au volant du Renault Arkana E-Tech hybride

Depuis le lancement des premiers modèles hybrides en 2020, Renault a encore affiné la mise au point de son nouveau système, et c'est nettement perceptible à la conduite de l’Arkana. Les quelques à-coups dont pouvaient souffrir les Captur rechargeables sont totalement absents sur le nouveau modèle, qui se caractérise par une douceur de fonctionnement contrastant avec ses apparences agressives.

Efficace, la motorisation hybride préfère la conduite souple et ne peut en aucun cas être qualifiée de sportive, même si elle propose des performances très correctes. Elle se caractérise par les très nombreuses phases de fonctionnement en mode 100% électrique, mais aussi par un fonctionnement de la transmission qui impose quelques changements d’habitudes. Même si elle compte bien quatre rapports mécaniques, elle distille dans certaines phases de fonctionnement des sensations proches d’une boîte à variation continue, lorsque le régime moteur est décorrélé de la sensation d’accélération. Une sensation qui s’explique par le fait que l’Arkana a constamment besoin d’énergie électrique, et doit donc périodiquement utiliser le moteur thermique pour recharger la batterie. Voilà qui ne peut être considéré comme un défaut, au contraire de la lenteur de réaction dont il fait preuve lorsque l’on écrase l’accélérateur.

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L'ensemble se révèle en tout cas plutôt silencieux, même sur autoroute où les pneumatiques se font plus entendre que le moteur thermique. A noter enfin que le Renault dispose bien d’un mode B, qui permet d’augmenter la force de la régénération. Pour ceux qui ont pris l’habitude de conduire en touchant très rarement la pédale de frein, c’est toujours un plus. En revanche, la commande de boîte électrique se révèle toujours un peu agaçante en manœuvre, car il faut souvent insister pour changer de rapport.

Basé sur la récente plateforme CMF, l’Arkana a fait l’objet d’une mise au point soignée de ses trains roulants. Il propose un compromis confort/agilité qui figure parmi les meilleurs que propose le constructeur dans sa gamme actuelle. Il parvient en effet à allier une maîtrise du roulis et une agilité remarquable, avec un niveau de confort de suspension très satisfaisant, parfaitement adapté à une utilisation familiale.

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Renault a d’ailleurs apporté des modifications à la direction depuis le lancement du modèle afin de supprimer l’impression de flou au point milieu qu’elle inspirait, et les changements ont porté leurs fruits. Seules les jantes de 18 pouces génèrent des trépidations à basse vitesse : les concepteurs de l’auto incriminent la traverse déformable utilisée à l’arrière, mais nous connaissons d’autres modèles qui s’en accommodent sans ces inconvénients.

Du côté de la consommation, l’Arkana affiche des scores très proches de ceux du Captur hybride simple. Il faut compter un peu plus de 7 litres sur autoroute, 6 litres sur route, et bien entendu des scores bien plus bas en ville, où la magie de l’hybride opère à plein : plus la circulation est dense, plus son appétit baisse, avec une consommation qui peut passer sous la barre des 4,5 litres aux 100 km. Le constat est le même que pour le Captur doté de la même motorisation : pour un usage familial, l’économie de carburant est très proche de celle d’un diesel.

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Acheter un Renault Arkana E-Tech hybride

L’Arkana n’étant pas disponible en diesel, la version hybride joue le rôle de version la plus sobre de la gamme. D’ailleurs, ses émissions de CO2 de 111 g/km apparaissent particulièrement compétitives pour ce qui reste un SUV moyen essence. A titre de comparaison, un Peugeot 3008 1.2 Puretech 130 EAT8 affiche 144 g/km de CO2. Bien évidemment, cette motorisation n’est pas la moins chère. Néanmoins, le surcoût exigé reste plus modéré : la e-Tech 145 ch est vendue 300 € plus cher que la version TCe 160 EDC et 2 500 € de plus que la TCe 140 EDC. Les écarts entre les finitions sont plus importants : il faut compter 2 150 € entre la version Zen d’entrée de gamme et l’Intens, et encore 2 750 € de plus pour accéder au haut de gamme R.S. Line.

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Le meilleur compromis semble être l’Intens, qui n’est pas dotée de roues et d’enjoliveurs de carrosserie noirs mais fait appel à des jantes argent et des encadrements de portes chromés plus classiques. Elle dispose déjà en série du système multimédia 9,3 pouces, de l’entrée mains libres, du régulateur de vitesse adaptatif et de l’alerte de trafic arrière. La R.S. Line propose en sus les éléments de présentation déjà cités : la sellerie mixte cuir suédine et l’assistant de parking automatique. Dans tous les cas, il faut rajouter au pot pour bénéficier de la conduite semi-autonome sur autoroute, et du toit ouvrant.

Quoiqu’il en soit, L’Arkana joue sur du velours : en hybride il ne compte qu’un seul concurrent direct, le Toyota C-HR proposé en version 122 ch ou 184 ch. Le Japonais apparaît cependant beaucoup moins pratique et logeable, tout en offrant un équipement technologique moins évolué. Néanmoins, le constructeur japonais a vu le coup venir et casse les prix de son modèle avec près de 5 000 € de promotion ces jours-ci.

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Bilan Renault Arkana E-Tech hybride

Même si Renault prétend être le premier des constructeurs généralistes à proposer un SUV coupé, l’Arkana apparaît comme un produit parfaitement dans la tendance du moment et il ne fait guère de doute qu’il sera bientôt rejoint par des concurrents directs (on sait déjà que Peugeot travaille sur un tel dérivé pour le futur 3008). Si on peut discuter de l’utilité d’une telle carrosserie, qui réduit les aspects pratiques, il faut reconnaître que ce nouveau Renault est bien réalisé et se montre efficace dans cette version hybride. Il ne constitue pas une rupture comme l’Espace ou la Twingo en leurs temps, mais l’expérience montre que le sens de l’à-propos fait parfois de plus grands succès.

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Fiche technique Renault Arkana R.S. Line E-Tech 145

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Prix et équipement

Prix Renault Arkana R.S. Line : 36 100 €
Bonus écologique : 0 €

Equipement de série

  • Caméra de recul
  • Jantes Alliage (18 pouces)
  • Entrée et démarrage sans clé
  • Navigation
  • Phares à LEDS

Equipement en option

  • Peinture métallisée : 650€
  • Caméra 360 : 350€
  • Conduite semi-autonome sur autoroute : 600€
  • Sellerie cuir : 1 700€
  • Sièges et volant chauffant : 400€
  • Stationnement automatique : 400€
  • Toit ouvrant électrique : 900€