Innovateurs, représentants du monde politique ou culturel et créateurs d'entreprise étaient à l'honneur ce jeudi au sénat pour la première édition du forum NetXplorateur, une conférence accueillant près de 400 personnes et plusieurs personnalités du monde de l'internet dont Rafi Haladjian (Violet), Florence Devouard (Wikimedia), Mitchell Baker (Mozilla) ou encore Chris Kelly Vice President et Chief Privacy Officer de Facebook.
Invité à une table ronde sur la gestion de la vie privée sur internet, ce dernier a d'abord rappelé le succès de Facebook, un site qualifié de “social utility” et réunissant désormais plus de 65 millions d'utilisateurs actifs à travers le monde dont plus de 30 millions s'y connectant chaque jour.
Mais Chris Kelly a surtout profité de l'occasion pour revenir sur le programme Beacon, décrié fin 2007 lors de sa présentation officielle par Mark Zuckerberg. “Beacon n'est pas un programme publicitaire. C'est un service permettant à nos utilisateurs de partager des informations avec des sites partenaires en dehors de la plate-forme” a rappelé Chris Kelly, en prenant l'exemple d'une recette de cuisine postée sur Epicurious.com par un membre et dont la mention peut désormais être reprise dans le flux d'actualité (newsfeed) de Facebook.
Applicable pour des sites de recettes de cuisine ou des sites commerciaux, Beacon avait néanmoins été très critiqué pour avoir prévu un partage “à priori” (opt'in) des informations diffusées sur la cinquantaine de partenaires du programme. “Nous avons écouté nos utilisateurs et nous avons instauré l'opt'out, la possibilité de paramètrer très précisément avec qui partager ces informations sans oublier la simple suppression directe de chacun des messages” ajoute Chris Kelly.
Au delà du cas Beacon, Jean-Baptiste Soufron, journaliste et avocat, a profité de la table ronde pour rappeler au représentant de Facebook que la collecte d'informations sur l'origine ethnique, la confession religieuse ou les opinions politiques étaient tout simplement interdites en France, notamment depuis 1978 et la création de la CNIL. “Mise devant le fait accompli, la loi française doit elle s'aligner sur facebook ou est-ce à Facebook d'appliquer en France la loi Française ?” s'interroge t'il, rappelant le précédent de Yahoo et des enchères d'objets nazis.
Une objection toutefois nuancée par Chris Kelly : “Nous sommes une société mondiale et malgré tous nos efforts, il nous est parfois difficile de coller aux différentes réglementations sur le sujet. Par ailleurs, ces informations sont parfaitement optionnelles et n'entravent en rien le processus d'inscription d'un membre.” explique t'il.
Egalement critiqué pour la conservation par Facebook des données de ses membres ayant désactivé leur compte, Chris Kelly a enfin rappelé que ce choix répondait à la majorité des attentes de ses utilisateurs, que la suppression définitive des données pouvait se faire en envoyant un e-mail sur le sujet à Facebook et que sa société réfléchissait à la proposition européenne de suppression définitive des données au bout de 18 mois en cas de désactivation de son compte.
Reste à savoir si ces précisions rassureront les utilisateurs de Facebook, une plate-forme créée il y a tout juste quatre ans et dont le succès repose, rappelons-le, sur le fragile équilibre entre diffusion et protection des informations personnelles. Un terrain explosif que Facebook démine seul mais dans lequel pourraient toutefois rapidement s'engouffrer ses concurrents Google, Yahoo ou encore Microsoft.