Les tentatives de Meta pour faire taire une ancienne cadre ont produit l'effet inverse. « Careless People », le livre de Sarah Wynn-Williams que le géant des réseaux sociaux cherchait à censurer, s'est propulsé en tête des ventes.

Meta pensait étouffer la voix critique d'une ex-directrice des politiques publiques en recourant à l'arbitrage. Cette stratégie s'est transformée en cauchemar de relations publiques pour l'entreprise de Mark Zuckerberg. Le mémoire explosif de Sarah Wynn-Williams, interdit de promotion par décision de justice, connaît un succès commercial retentissant.
Quand la censure booste les ventes
Malgré l'interdiction faite à son auteure d'en parler ou de le promouvoir, « Careless People » trône fièrement au sommet de la liste des best-sellers du New York Times. Le livre occupe également la troisième place du classement Amazon, une performance d'autant plus remarquable que Wynn-Williams ne peut participer à aucune activité promotionnelle.

Ce phénomène illustre parfaitement « l'effet Streisand » : tenter de supprimer une information ne fait souvent qu'amplifier sa diffusion. En essayant de museler son ancienne employée via une procédure d'arbitrage d'urgence, Meta a involontairement braqué les projecteurs sur un ouvrage qui aurait pu passer relativement inaperçu.
Des révélations qui dérangent l'empire Zuckerberg
Le contenu du livre explique l'empressement de Meta à en bloquer la diffusion. Wynn-Williams y dévoile notamment les coulisses des efforts de Facebook pour s'implanter en Chine, un sujet particulièrement sensible.
L'auteure affirme que Zuckerberg était prêt à d'importants compromis éthiques pour conquérir le marché chinois, notamment la mise en place d'outils de censure automatisée et le recrutement de modérateurs dédiés à la suppression de contenus jugés problématiques par Pékin. Elle l'accuse même d'avoir menti au Congrès américain concernant ces activités.
Le livre contient également des allégations troublantes sur le comportement de hauts dirigeants, notamment un cas présumé de harcèlement sexuel impliquant Joel Kaplan, l'actuel directeur des affaires mondiales de Meta. Ces accusations ont conduit Meta à obtenir une décision d'arbitrage interdisant à l'auteure de promouvoir son livre.
Une bataille médiatique aux multiples fronts
Meta n'a pas lésiné sur les moyens pour discréditer l'ouvrage et son auteure. L'entreprise qualifie « Careless People » de « combinaison d'assertions obsolètes et déjà rapportées sur l'entreprise, ainsi que d'allégations sans fondement contre nos dirigeants ». Le géant affirme avoir licencié Wynn-Williams en 2017 pour « mauvaises performances et comportement toxique », une version qu'elle conteste. L'ancienne cadre a d'ailleurs déposé une plainte confidentielle auprès de la SEC, accusant Facebook d'avoir « trompé » ses investisseurs.
Cette affaire survient à un moment délicat pour Meta, qui tente de redorer son blason après des années de scandales. L'ironie de la situation n'échappe à personne : une entreprise qui se présente aujourd'hui comme un champion de la liberté d'expression tente activement de faire taire une critique. Les ventes exceptionnelles de « Careless People » démontrent qu'à l'ère des réseaux sociaux, tenter de supprimer une information peut produire l'effet inverse. Pour Meta, la leçon est coûteuse : parfois, le silence est d'or.
Source : Engadget