Le géant des réseaux sociaux obtient gain de cause contre une ancienne cadre qui vient de publier ses mémoires sans autorisation. L'ouvrage, qui dévoile des détails embarrassants sur Mark Zuckerberg et ses ambitions en Chine, pourrait disparaître des rayons après seulement quelques jours de commercialisation.

 Meta a été très prompte dans sa réponse juridique. © Valery Evlakhov / Shutterstock
Meta a été très prompte dans sa réponse juridique. © Valery Evlakhov / Shutterstock

Le groupe Meta vient de remporter une première bataille juridique contre Sarah Wynn-Williams, ancienne responsable des politiques publiques chez Facebook. Un arbitre a tranché en faveur du géant, ordonnant à l'auteure de cesser la vente et la promotion de son livre Careless People (que l'on pourrait traduire par « Les Négligents »), sorti cette semaine. Cette décision intervient juste après une requête d'urgence déposée par Meta, qui accuse l'ex-employée d'avoir enfreint un accord de non-dénigrement signé avec la société.

Pour une fois, Meta ne se retrouve pas sur le banc des accusés, comme ce fut le cas au mois de septembre dernier pour non-respect du RGPD ou en novembre pour pratiques anti-concurrentielles.

Des révélations qui font trembler l'empire Zuckerberg

L'ouvrage, présenté par son éditeur comme un « témoignage interne explosif », lève le voile sur plusieurs aspects méconnus des coulisses du réseau social. Wynn-Williams y détaille notamment les efforts déployés par Mark Zuckerberg, il y a une dizaine d'années, pour implanter Facebook en Chine.

Le PDG aurait été prêt à de nombreux compromis pour permettre à son réseau social de pénétrer le marché chinois : outil de censure automatisée pour se conformer aux exigences du gouvernement, embauche d'une cohorte de centaines de modérateurs pour supprimer les contenus jugés problématiques par Pékin, etc.

Selon elle, Zuckerberg aurait menti au Congrès américain au sujet de ces activités et pointe du doigt Meta pour avoir accepté de cibler les comptes des contestataires et de partager des données d'utilisateurs avec les autorités chinoises.

L'ouvrage de Wynn-Williams relatait également des comportements présumés inappropriés de Joel Kaplan (harcèlement sexuel notamment), actuel directeur des politiques de Meta, et relate des rencontres gênantes entre le fondateur de l'entreprise et divers dirigeants mondiaux.

 Le grand Zuckerberg aurait-il des choses à cacher ? © Frederic Legrand - COMEO / Shutterstock
Le grand Zuckerberg aurait-il des choses à cacher ? © Frederic Legrand - COMEO / Shutterstock

Meta contre attaque

Face à cette publication surprise, Meta n'a pas tardé à réagir. Le groupe a lancé une campagne médiatique musclée pour discréditer l'ouvrage, le qualifiant de « livre qui ne fait que ressortir de vieilles affaires ». De nombreux anciens employés se sont également dressés contre l'ouvrage et ont contesté le récit de Wynn-Williams concernant des événements survenus pendant son passage chez Facebook.

Andy Stone, porte-parole de Meta s'est prononcé : « Cette décision confirme que le livre faux et diffamatoire de Sarah Wynn Williams n'aurait jamais dû être publié. Plus de huit ans après son licenciement, elle a intentionnellement dissimulé son projet de livre et s'est soustraite au processus de vérification des faits en usage dans le secteur. Tout cela pour le mettre en vente précipitamment après cette attente, ce qui a rendu cette action juridique urgente indispensable ».

La portée exacte de la décision arbitrale reste floue concernant les exemplaires déjà en circulation. L'éditeur de Careless People, Flatiron Books, pareillement visé par la plainte de Meta, n'a pas immédiatement réagi à cette situation. N'y aurait-il pas là une volonté du groupe de masquer certaines informations compromettantes ? La rapidité de la réponse juridique ainsi que le recours à des accords de non-dénigrement ; parfois utilisés pour étouffer les voix critiques ; sèment tout de même le doute.

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