En janvier, Meta a opéré un revirement aussi spectaculaire qu'inquiétant au sujet de sa politique de modération. Mais son conseil de surveillance pourrait bien changer les choses…

C'était il y a presque deux mois : souhaitant prêter allégeance au nouveau président américain, Mark Zuckerberg avait annoncé la suppression de la vérification des faits et la modification des politiques de modération de contenu sur les réseaux appartenant à Meta. Renonçant à l'inclusivité, sous couvert de protection de la liberté d'expression, il avait provoqué l'indignation de nombreuses personnes, ses employés inclus.
Alors que Meta a commencé à nourrir ses IA avec les données de Facebook et Instagram, le conseil de surveillance de la firme a décidé d'examiner de plus près sa politique sur les discours de haine. Une révision sera-t-elle possible ? Penchons-nous sur la question.
Un examen en cours des nouvelles politiques de l'entreprise
« Facebook ne devrait pas prendre seul autant de décisions importantes concernant la liberté d'expression et la sécurité ». Ce sont les mots que Mark Zuckerberg a prononcés il y a quelques années, lors de la création du conseil de surveillance de Meta. L'organisme, totalement indépendant, a pour mission de faciliter et guider la prise de décisions politiques sensibles.
Et il faut croire que ce groupe prend sa mission très au sérieux puisqu'il a décidé d'examiner les nouvelles procédures de modération de contenu de Meta. Paolo Carozza, professeur de droit et membre du conseil de surveillance, a donné quelques explications à Endgadget : « Nous essayons autant que possible d'utiliser les outils dont nous disposons pour obtenir plus d'informations, apporter plus de transparence et plus de certitude sur la manière dont cela va se dérouler dans la pratique. »

Meta mettra-t-il en œuvre les recommandations de son conseil ?
La nouvelle politique de Meta permet, en effet, à tous ceux qui le souhaitent « d’utiliser un langage déshumanisant pour décrire les immigrants et accuser les personnes LGBTQ d’être malades mentales. » Des pratiques pour le moins controversées qu'il est nécessaire d'examiner au plus vite. Travaillant déjà sur 4 affaires portant sur des discours haineux, le conseil souhaite se baser sur ces dossiers pour interroger Meta et demander la révision des nouvelles politiques.
Cependant, les avis du conseil de surveillance ne sont pas contraignants, comme le précise Paolo Carozza : « nous ne sommes qu'une pièce d'un puzzle complexe de responsabilité et de surveillance. » Meta n'est, en effet, pas obligé de suivre les recommandations émises dans le domaine des publications individuelles. De fait, le bilan du groupe est plutôt mitigé : la firme peut à tout moment choisir de n'en faire qu'à sa tête. Et il y a fort à parier qu'elle le fera, car elle n'a même pas pris la peine de demander son avis au sujet de ses derniers revirements de politique.
Malgré tout, si l'en en croit Paolo Carozza, le conseil de surveillance de Meta ne baisse pas les bras : « Si tout le monde démissionnait en masse… les seuls perdants seraient les utilisateurs finaux de Meta, en particulier ceux qui se trouvent dans des situations particulièrement vulnérables [et] les communautés du monde entier. »
Meta prendra-t-il en compte les recommandations de son conseil de surveillance ? Difficile de rester optimiste sur la question.
07 février 2025 à 17h46
Sources : TechCrunch / Engagdet