Fondée en décembre 2007, l'Association des services internet communautaires (Asic) qui réunit des acteurs du Web tels que Dailymotion, Google, Yahoo, PriceMinister, MySpace ou Wikimedia ambitionne de promouvoir les fondements et les valeurs de l'Internet nouvelle génération, de sensibiliser les pouvoirs publics à l'importance de la nouvelle économie de l'immatériel. Clubic.com revient en trois questions sur le lancement de l'association, ses objectifs et ses récentes prises de position avec Giuseppe de Martino, directeur juridique de Dailymotion et co-président de l'Asic.
Clubic.com : Le lancement de l'Asic est intervenu quelques jours seulement après la remise du rapport Olivennes au chef de l'état. Faut-il y voir un lien de cause à effet ?
Giuseppe de Martino : Non, le lancement n'a en aucun cas été motivé par la mission Olivennes, simple hasard du calendrier. Les membres de l'Asic sont toutefois convaincus de l'absolue nécessité de protéger le droit d'auteur. Dailymotion utilise par exemple depuis le mois de juillet dernier une solution de fingerprinting. Les ayants droits n'ont donc plus qu'à envoyer l'empreinte numérique de leurs contenus à l'Inria ou à Audible Magic, ce qui permet ensuite à Dailymotion de les supprimer automatiquement. Il faudrait donc que cette démarche, gratuite pour les ayants droits, soit généralisée. Nous ne sommes pas signataires de l'accord Olivennes, mais l'Asic s'inscrit dans cette démarche de protection des droits de la propriété intellectuelle.
Pourquoi une association telle que l'Asic, quelles ont été vos premières actions ?
L'Asic a été lancée il y a environ trois mois, début décembre, parce que nous avions besoin d'une entité qui puisse rassembler les acteurs de l'Internet communautaire. Les associations existantes n'étaient pas forcément à même de comprendre et de défendre nos particularités. L'objectif pour nous est de prendre position sur des questions comme la responsabilité d'un hébergeur de contenus, la protection de l'enfance ou des données mais également sur la neutralité du Net, un débat dont on risque d'entendre à nouveau parler prochainement.
En termes d'actions, nous continuons à recruter des membres. Récemment, Wikimedia, Over-Blog, Kewego ou MySpace nous ont rejoints. Nous essayons d'expliquer clairement aux acteurs du Web l'intérêt de se regrouper au sein de cette association. Lycos devrait d'ailleurs être le prochain à nous rejoindre, dans les jours à venir. Quelques jours après la création de l'Asic, nous avons réussi à obtenir le retrait de l'amendement qui proposait la taxation de la vidéo à la demande. Enfin, nous nous sommes exprimés au sujet du projet de loi qui propose la taxation de l'internet.
Au sujet de ce projet de loi justement, et du comportement général par rapport aux sociétés du monde de l'Internet, que demanderiez-vous à un éventuel secrétaire d'état au numérique ?
Internet est un atout pour la France. Le haut débit marche très bien, mais la propagation d'Internet reste relativement limitée auprès de la population. Le taux d'équipement des ménages en matériel informatique reste dans la moyenne basse européenne. Il faudrait que toutes les couches de la population puissent découvrir Internet, un peu comme lors de l'essor de la téléphonie mobile. Nous demanderions donc à un tel secrétaire d'état d'être notre porte-parole et d'aider au développement du secteur. On devrait nous soutenir, nous appuyer, plutôt que d'essayer à tout prix de nous taxer. Il devrait y avoir une rupture dans la façon de penser l'Internet en France : le concevoir comme un relais de croissance et non comme une vache à lait.