Les quatre principales maisons de disque du marché, représentées par l'IFPI, viennent selon le quotidien Irish Times d'intenter des poursuites en justice contre le principal fournisseur d'accès à Internet irlandais, Eircom. Elles l'accusent de faciliter le téléchargement illégal de musique du fait de l'absence de solutions de filtrage sur son réseau, et souhaitent que la justice remédie à ce qu'elles considèrent comme une grave carence.
Pour Willie Kavanagh, directeur d'EMI en Irlande et président de l'Irish Recorded Music Association (IRMA), le marché irlandais serait passé d'une valeur de 146 millions d'euros en 2001 à 102 millions d'euros en 2007. Sans surprise, il invoque le piratage comme l'une des principales causes de cette régression.
Eircom aurait déjà été sollicité par l'industrie locale pour mettre en place un dispositif de filtrage, mais aurait toujours refusé, d'une part parce qu'aucune obligation légale ne l'y contraint, et d'autre part, parce qu'aucune solution technique ne permet selon lui de différencier avec exactitude un contenu régulier d'un fichier illégal.
Ce n'est pas la première fois que l'industrie du disque tourne sa vindicte vers les fournisseurs d'accès à Internet plutôt que vers les internautes. Saisie par l'IFPI, la justice belge a imposé en juillet dernier le filtrage au FAI Tiscali, depuis racheté par Scarlet. Au Danemark, c'est le blocage du site The Pirate Bay qui a été ordonné en février dernier au FAI Tele 2. Du fait de la médiatisation de l'affaire, il semblerait au passage que le site ait connu un regain de popularité. En France, les conclusions de la mission Olivennes prévoient que les FAI s'engagent à étudier la réalisation technique d'un dispositif de filtrage sous 24 mois.