Malgré ce lourd passif, Microsoft a procédé, dès le début des années 2000, à une certaine ouverture. Celle-ci a véritablement pris tournure avec l'arrivée du format XML dans Office 2003, une première approche qui vaudra à Microsoft de recevoir une recommandation, de la part d'une agence européenne, l'enjoignant à poursuivre ses efforts en matière d'ouverture. Dès 2005, Microsoft fonde un comité technique auprès de l'ECMA, un organisme de standardisation. Ce dernier travaille pendant près d'une année pour définir l'ECMA 376, une première ébauche du standard OpenXML et qui intègre une documentation de 2000 à 6000 pages sur la structure des binaires Office. A la mi-2006 Microsoft rendra public un premier brouillon de la norme avant de soumettre, à la fin 2006, l'ECMA 376 au comité ISO, l'organisme international de validation des standards. Et Microsoft d'opter pour un procédé de soumission rapide baptisé « Fast Track ».
A partir de là, les organismes de chacun des pays constituant le groupe ISO avait huit mois pour étudier le standard et se prononcer quand à son adoption ou non, sachant que trois types de vote sont autorisés : le vote pour, le vote contre et le vote non avec commentaires également perçu comme un oui conditionnel. A l'issu de ce premier tour de vote, en Septembre 2007, Microsoft a vu son format OpenXML rejeté et près de 3000 commentaires techniques ont été publiés. Des commentaires émanant principalement d'un acteur, un certain , dont Marc Gardette, responsable stratégie plate-forme de Microsoft France, reconnaît la qualité et le fondement de la contribution apportée. Sur 3000 commentaires il y avait un certain nombre de doublons et au final, ce sont 1100 commentaires uniques qui ont été retenus.
Au début du mois de janvier, l'ECMA a travaillé avec ses partenaires sur une proposition de réponse à l'ensemble des commentaires soumis depuis le premier tour de vote. Une étape qui a une fois de plus déchaîné les passions et déclenché toutes sortes de polémiques. Selon Marc Gardette, tous les commentaires ont été traités alors que les différents représentants nationaux, tels l'AFNOR pour la France, ont eu depuis accès à l'intégralité des réponses. Pendant ce séminaire, qui a tout de même duré une semaine, près de 32 délégations représentant 32 pays ont pu s'exprimer avec 43 thématiques discutées en séance et 98,73% d'approbation des commentaires techniques.
En septembre 2007, il manquait à Microsoft cinq votes positifs pour faire adopter son format OpenXML par l'ISO. Le géant des logiciels va de nouveau être confronté à l'épreuve des urnes puisque les pays participants ont jusqu'au 31 mars pour reconsidérer (ou non) leurs votes. Pour ce qui concerne la France, l'AFNOR se réunit à la fin du mois afin de prendre sa décision finale. Interrogé sur les chances de succès quant à la normalisation d'OpenXML, Microsoft indique, par la voix de Marc Gardette :
« Il est difficile de faire des prédicitions car la décision finale dépend d'énormément de facteurs. Si le résultat du premier tout est effectivement le fruit des commentaires techniques, on peut imaginer que les réponses apportées, et leur qualité, influeront positivement sur l'avis des différents pays. Microsoft a fait les choses dans le bon ordre puisqu'à chaque étape du processus, la spécification a été un peu plus ouverte. Il serait donc idiot de refuser aujourd'hui cette spécification. Bien sûr la décision n'appartient pas à Microsoft mais il est évident que nous souhaitons un vote positif vu toute l'énergie et les efforts que nous avons effectué.
Au final, ceux qui souhaitent barrer la route de l'ISO à l'OpenXML sont peu nombreux. La standardisation est le meilleur moyen d'aller vers l'interopérabilité tout en permettant une co-évolution d'OpenXML et de son pendant l'ODF afin que chaque standard puisse se nourrir des meilleurs pratiques de l'autre. OpenXML n'est pas là pour faire perdurer le monopole de Microsoft : songez que notre solution permet aux ASF (Autoroutes du Sud de la France) de réaliser des publipostages sans recourir à la suite Office. »