Directeur Produits et Marketing pour Augeo Software à Paris, un éditeur européen de progiciels de gestion de projets et de travail collaboratif, Simon Trudelle propose cette tribune libre dans laquelle il revient sur la révolution du travail des cadres induite par l'internet software.
L'arrivée des « killer applications » de l'Internet de première génération telles que l'email et les moteurs de recherche ont révolutionné le comportement des cadres et managers en entreprises durant les dix dernières années. Peut-on encore s'imaginer travailler sans ces outils ? En accélérant la communication et l'accès à l'information pertinente pour tous, Internet a déjà permis des gains de productivité importants tout en ouvrant de nouvelles perspectives de communication, de développement et d'innovation. Et qu'il s'agisse de travailler avec ses collègues du bureau voisin, ceux d'autres sites de la société ou avec ses partenaires à l'international, grandes et petites entreprises en bénéficient pleinement. Le journaliste américain Thomas Freidman, dans son best-seller, The World is Flat, illustre par des exemples concrets ce en quoi Internet et les technologies numériques changent la donne économique, créant de nouveaux marchés ou redéfinissant les frontières et potentiels de marchés existants. A bien des égards - et c'est un fait constaté à maintes reprises dans le passé - l'innovation technologique apportée par un outil comme Internet a servi de catalyseur et de solution de substitution pour répondre à des besoins de base: mieux communiquer pour mieux partager des ressources et des idées permettant d'atteindre un but commun. C'est l'essentiel de notre travail de manager au quotidien et le principe de base pour toute activité pérenne de création de valeur.
Le manager du XXIème siècle - poussé par une génération entière de nouveaux cadres arrivant sur le marché du travail et ayant grandit depuis 1995 avec l'Internet et ce, dès leur plus jeune âge - est maintenant « connecté » en permanence au réseau. Les outils numériques, des logiciels en lignes jusqu'aux gadgets mobiles de toutes formes, permettent de reproduire en virtuel les contacts, réseaux, échanges et communications du monde physique, sans contrainte de temps, de distance ou de coûts. La relation au travail, son organisation et la manière de collaborer avec d'autres ressources de l'entreprise s'en trouve chamboulée - et pour le mieux. Alors que le Taylorisme s'avérait la manière la plus efficace de faire travailler ensemble une armée de spécialistes, en général au prix d'une forte perte d'autonomie individuelle, l'Internet collaboratif redonne aux spécialistes et professionnels de tous secteurs la liberté d'innover, de créer et de servir des besoins client en auto-fédérant les actions et apports des autres membres du réseau.
Ce n'est donc pas une surprise de constater que de plus en plus de managers et de cadres travaillent maintenant en « mode projet » au sein d'une structure hiérarchique collaborative, souple et distribuée - et non plus en « mode tâche » en attendant les instructions venant des penseurs au sommet. Ces grandes mutations dans le comportement des cadres, à la fois accélérées par les nouvelles technologies et les impératifs de performance des individus et des entreprises à l'échelle mondiale, créent une demande pour de nouvelles manières de communiquer, d'échanger et de collaborer, et donc de travailler. L'émergence des solutions Internet collaboratives et sociales en entreprise, avec l'arrivée de blogs, wikis et réseaux sociaux de gestion de contacts - ces fameux concepts émergeant du Web 2.0 - n'en sont que des illustrations préliminaires.
Malgré l'industrialisation de l'Internet et son omniprésence sur nos postes de travail en entreprise, nous restons pour la majorité d'entre nous confinés à utiliser le Pack Office de Microsoft pour générer des fichiers que nous transmettons par email, en oubliant des destinataires, en voyant des messages se perdre dans les filtres anti-spams ou en téléphonant pour s'assurer que le message a été bien reçu. Bref, on a remplacé le cheval Fax par l'email Train-à-vapeur. Il est temps de passer à l'AGV, l'A380 et à la voiture hybride ! Quelques éditeurs de logiciels innovants ont anticipé la demande en commençant à proposer des solutions logicielles en ligne sur Internet - l'Internet Software - dont les exemples les plus remarquables sont déjà entre nos mains - Google, Yahoo, MSN, Skype, Amazon ou eBay mais aussi des outils professionnels d'éditeurs tels que Salesforce, SAP/BusinessObjects ou Cegid. Déjà, cette nouvelle offre de services en ligne sur abonnement, accessible depuis un simple navigateur Web - le « software as a Service » ou SaaS - est en voie de révolutionner l'informatique d'entreprise en rendant accessible aux cadres et professionnels de tous secteurs confondus des outils de gestion et de collaboration qui permettent de mieux travailler à moindre coût. En quelques clics, un manager peut ainsi commencer à utiliser des logiciels d'entreprise puissants et simples d'utilisation, lui permettant d'atteindre plus rapidement ses objectifs et être plus efficace.
Des solutions de gestion collaborative de projet ouvertes au-delà du pare-feu de l'entreprise ont commencé à faire leur apparition. Un chef de produit peut ainsi rassembler dans un espace de travail collaboratif sécurisé sur Internet tous ses partenaires contribuant au succès de son produit : équipes R&D produit, fabrication et logistique, fournisseurs, designers, agence de communication - en interne ou en externe - et les faire travailler plus efficacement ensemble, en suivant une méthodologie, un calendrier et des objectifs partagés de tous. Mieux, ce chef de produit peut ainsi amener son équipe de projet à contribuer à un espace de travail collaboratif interactif, les fameux Wikis, ces pages Web éditables par tous depuis un navigateur, pour définir des spécifications produit, discuter de stratégies de lancement ou simplement informer l'ensemble de l'équipe. Et rien n'empêche ensuite d'ouvrir certaines informations du projet à une communauté professionnelle sur Internet pour solliciter des appels d'offres de fournisseurs, recruter des partenaires, impliquer des chercheurs universitaires ou même embaucher des ressources spécialisées. C'est le fameux modèle de Wikipédia adapté au monde de l'entreprise réelle, couplé avec des outils de gestion de contraintes, des processus et des coûts.
En synthèse, de l'univers du travail super hiérarchisé, nous passons progressivement à l'ère du travail décloisonné en réseau, un environnement où la pertinence, la créativité, l'initiative personnelle et le partage des savoirs sont réunis. Ce concept « social » du travail de demain - au sens anglo-saxon du terme - est superbement décrit par le chercheur canadien Dan Tapscot dans son dernier ouvrage Wikinomics (http://www.wikinomics.com/). C'est la puissance de l'Internet collaboratif - ou, pour paraphraser un slogan qui résonne dans les médias français - c'est l'art de travailler mieux pour gagner plus. Les plateformes de travail collaboratif sur Internet seront les catalyseurs de ce changement dans la manière de faire les choses pour apporter plus de valeur ajoutée tout en ayant plus de plaisir à travailler.
"Travailler mieux pour gagner plus avec l’Internet Software" une tribune de Simon Trudelle
Par Simon Trudelle
Publié le 28 mars 2008 à 11h47
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