Découverte à la mi-mai, cette faille existe en vérité depuis deux années maintenant, date à laquelle des développeurs ont supprimé une portion de code utilisée par le package OpenSSL de Debian en vue de stopper l'apparition d'alertes dans les outils de validation de la sécurité du code comme Valgrind et Purify. Hélas, la suppression de ces lignes de code a introduit une vulnérabilité au niveau de la génération de nombres aléatoires dans la bibliothèque OpenSSL : au lieu d'utiliser des données aléatoires pour générer les valeurs des clés, la bibliothèque OpenSSL utilise l'identifiant du processus en cours. Le problème est que sous Linux, la valeur maximale par défaut utilisée pour identifier un processeur est 32 768. En clair, il n'existe que 32 768 clés possibles pour une architecture, un type de clé et une longueur de clé donnée ce qui rend les attaques en brute force réalisables.
Un patch vient d'être distribué mais il ne peut hélas pas réparer les dommages sur les systèmes compromis puisque tous les certificats générés doivent être recréés et renvoyés à l'autorité de certification pour une nouvelle validation. En clair, tous les certificats émis à partir de systèmes Debian doivent être révoqués et regénérés alors que les administrateurs systèmes sont vivement encouragés à pratiquer un audit des clés utilisées sur leurs serveurs par le protocole SSH pour interdire l'utilisation de clés vulnérables.
Un peu moins de 24 heures après l'annonce de cette faille, divers outils ont déjà été publié pour compromettre la sécurité des systèmes Linux à base Debian. Pour l'heure, personne ne sait exactement combien d'ordinateurs sont concernés et divers analystes se demandent si cette faille est belle et bien due à une erreur ou à une volonté délibérée d'introduire des portes cachées dans les systèmes d'exploitation libres. D'autres se contentent simplement de faire remarquer que le très décrié Windows Vista de Microsoft a prouvé depuis quelques mois sa fiabilité en matière de sécurité, notamment face à Windows XP. Rappelons pour conclure que seules les distributions Debian et ses dérivés (Ubuntu inclus donc) sont concernées par cette faille.