Le « Windows du téléphone » ne sera plus indépendant. Dix ans après la création de la société Symbian, un consortium d'industriels réunissant Nokia, Ericsson, Matsushita/Panasonic, Motorola et Psion, dont le système d'exploitation EPOC servit de base au futur Symbian OS, l'éditeur britannique devrait finalement tomber dans l'escarcelle d'un seul de ses actionnaires : le puissant équipementier finlandais Nokia.
Arrivée de Siemens et de Samsung, création de Sony Ericsson, départ de Psion puis de Motorola ... En dix ans, l'actionnariat de Symbian a beaucoup évolué, essentiellement au profit de Nokia, qui a même failli prendre le contrôle de l'éditeur en 2004 si les autres actionnaires ne s'y étaient pas opposés en faisant valoir leurs droits de préemption.
Principal actionnaire (47,9%) mais également principal client de Symbian puisque ses logiciels équipent la majorité de ses smartphones de milieu et de haut de gamme (N Series, E Series,...), Nokia aura finalement mis quatre années supplémentaires à convaincre les autres actionnaires.
Le groupe finlandais a lancé ce matin une offre publique d'achat de 264 millions d'euros sur les 52,1% qu'il ne contrôle pas encore. Etudiée par Samsung, l'offre a par contre déjà été acceptée par Sony Ericsson (13,1%), Ericsson (15,6%), Siemens (8,4%) et Panasonic (10,5%), ce qui devrait donner permettre à Nokia de contrôler 95,5% du capital de Symbian.
L'autre volet consiste à transformer Symbian en.. logiciel libre (licence Eclipse), développé par une fondation, soutenue par AT&T, LG Electronics, Motorola, NTT DoCoMo, Samsung, Sony Ericsson, STMicroelectronics, Texas Instruments et Vodafone. Une stratégie, faisant penser au développement de Linux ou Mozilla, et qui devrait permettre aux actuels clients de Symbian d'exploiter gratuitement ce logiciel, en complément de leurs propres interfaces : S60 chez Nokia, UIQ chez Sony Ericsson ou encore MOAPS chez les partenaires DoCoMo.
En dix ans, Symbian n'aura donc pas réussi à réunir les principaux constructeurs de téléphones mobiles mais ce sera tout de même imposé sur plus de 250 millions de smartphones, distribués par plus de 200 opérateurs cellulaires à travers le monde. Reste désormais à savoir si l'adossement à Nokia et la création d'une fondation permettront au logiciel européen de s'imposer sur un marché des logiciels pour téléphones mobiles revendiqué par Microsoft (Windows Mobile), Access (ALP, Palm OS), RIM (Blackberry OS), Apple (iPhone OS) ou prochainement Google, avec son très attendu Androïd.