Jean Louis Bénard, BrainSonic : « La vidéo est devenue un usage de masse »

Jérôme Bouteiller
Publié le 03 septembre 2008 à 10h43
Après l'obtention d'un diplôme d'ingénieur de Centrale Paris puis la création d'une première société, FRA, spécialisée dans la création de solutions eCommerce, jean-louis-benard est désormais à la tête de Brainsonic, un spécialiste de la vidéo sur internet et des Web TV pour entreprises. Entretien exclusif pour NetEco.com, en présence de son associé, Guillaume Mikowski.
 
JB - Jean-Louis Bénard, bonjour. Comment passe t-on du secteur du eCommerce à celui des Web TV ? 
 
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Jean-Louis Bénard
JLB -Bonjour. Au début des années 90, Centrale Paris était l'une des premières écoles d'ingénieurs connectée à internet et je me suis forgé très tôt la conviction qu'il y aurait une convergence entre les médias, que la vidéo serait une lame de fonds. Mais le marché n'était pas encore mure et ma première aventure entrepreneuriale était effectivement dans le secteur du commerce électronique. Elle m'a permis de développer des méthodes et des outils de classe industrielle que je peux à présent appliquer à Brainsonic, ma nouvelle société.
 
JB -Comment analysez vous l'échec des premiers modèles français de WebTV comme CanalWeb ou Cyperus TV
 
JLB -CanalWeb avait sans doute des coûts opérationnels trop élevés, se rapprochant de ceux de l'univers de la télévision, mais Cyperus TV aurait pu atteindre la masse critique. Ces deux projets ont peut être surestimé la vitesse d'adoption du haut débit car le marché n'est devenu mature que beaucoup plus tard.
 
A notre lancement, en 2003, le terme de WebTV était d'ailleurs un peu péjoratif et il nous a fallu faire beaucoup d'évangélisation. Nous avons néanmoins profité de ce marché pour appliquer des process issus du monde IT avec notamment une vraie maîtrise des coûts de production. Cela nous a permis de nous imposer rapidement quand des sociétés comme DailyMotion ou YouTube ont relancé l'intérêt pour ce type de solutions même si elles ont également détruit beaucoup de valeur en laissant entendre que production ou diffusion étaient gratuits ce qui n'est jamais le cas.
 
JB -Quel est le modèle de Brainsonic ? Quels sont vos métiers ?
 
JLB -Nous revendiquons un positionnement « BtoBtoC ». Concrètement, nous sommes une agence web, spécialisée dans la production et la diffusion de contenus vidéo et rich media. Nous accompagnons nos clients sur l'ensemble du cycle de vie : éditorialisation, captation, production, post production, diffusion en direct, à la demande, modération, etc...  
 
Notre activité, qui devrait dépasser les 5 millions d'euros cette année, s'équilibre entre la production mensuelle de plus de 500 contenus (vidéo, rich media, etc...) et des prestations d'hébergement de web TV ou de content management.
 
Contrairement à certains de nos concurrents qui ont conçu une plate-forme monolithique dont ils ne changent que l'apparence, Brainsonic propose une customisation totale de tout le front office (en HTML, Flash, Flex ou SilverLight) ainsi qu'une intégration fine du back office avec le système d'information du client, son annuaire LDAP, son CMS ou tout simplement les ordinateurs de ses collaborateurs, grâce à des logiciels de compression vidéo et d'aide au téléchargement.
 
JB -Intégrez vous la notion de création de trafic à votre prestation ?
 
JLB -Nous avons plusieurs types de clients. Certains, à l'image de Microsoft pour le lancement de Vista, ont intégré la web TV événementielle dans le cadre d'un processus plus global. D'autres n'ont pas cette volonté ou cette compétence et n'hésitent pas à nous confier cette problématique de création de trafic. 
 
Nous commençons d'abord par un travail de référencement naturel (SEO), avec des interfaces en flash afin d'optimiser l'indexation par les outils de recherche comme Google. Mais nous maîtrisons également d'autres leviers comme l'achat de mots clef, l'email marketing et bien entendu le vidéo mail.
 
Comme l'a souligné récemment Thomas Owadenko dans vos colonnes, la nouvelle « recherche universelle » de Google met désormais en avant les contenus vidéo ce qui correspond d'ailleurs à l'usage des internautes. Une récente étude comScore estimait en effet que le nombre de vidéos vues dépassait désormais celui des recherches sur les outils de recherche. La vidéo est devenue un usage de masse.
 
JB -Un usage de masse qui bute encore sur la question de la monétisation. Avez vous des solutions ? 
 
JLB -J'ai récemment entendu un responsable de Google expliquer que seuls 3% des contenus de YouTube étaient d'une qualité suffisante pour justifier l'affichage de bannières publicitaires. La vraie question n'est donc pas celle de la monétisation de la vidéo mais bien de leur qualité et c'est ce qui justifie de passer par un prestataire comme Brainsonic qui maîtrise tout le cycle de vie d'une vidéo.
 
Même si la majorité de nos clients n'attendent que de la génération de prospects, l'animation d'une communauté voire la simple création d'une image sur le net, nous réfléchissons néanmoins à cette question de la monétisation au travers d'un site pilote, TVforIT, dont nous sommes les éditeurs.
 
En ciblant les architectes de systèmes d'informations, nous avons réussi à fédérer une communauté de près de 10 000 membres qui consultent, réagissent et parfois produisent des contenus sur le sujet. Même si cette WebTV n'est qu'une vitrine, nous avons réussi à attirer des annonceurs prestigieux tels que Microsoft, Adobe ou Sun, qui sont toujours à la recherche d'un lectorat très ciblé. Notre conviction est qu'une WebTV ne peut être rentable que si elle touche une niche marketing recherchée par les annonceurs.
 
JB -Vous maîtrisez l'éditorialisation, la production, la diffusion voire la monétisation de vos WebTV. Pourquoi ne pas lancer vos propres médias ?
 
JLB -Il est vrai que l'effet de levier est plus fort chez les médias que chez leurs prestataires mais ce statut de modeste « vendeur de pelles et de pioches » nous convient dans ce nouvel eldorado de la vidéo sur internet. 
 
Nous affichons une belle croissance rentable à trois chiffres depuis plusieurs années et nous visons un chiffre d'affaires de plus de 5 millions d'euros cette année. Pour le moment, peu de WebTV peuvent se prévaloir de ce type de performances financières.
 
JB -Eyeka, Kewego, Vpod, TiViPro, VideoMark, Scroon, Video Agency... Le secteur des WebTV est déjà bien occupé par les sociétés françaises. Anticipez vous une consolidation du marché ? 
 
JLB -Le succès de DailyMotion sur le marché grand public a effectivement poussé beaucoup d'acteurs français de la WebTV sur le marché professionnel. Mais ce marché est exigeant : il faut identifier les clients, gagner les appels d'offre, gérer des cycles de vente parfois très longs. Nous pressentons donc une concentration du marché car beaucoup d'acteurs ne sont toujours pas rentables, malgré plusieurs tours de table. 
 
Avec le récent rachat de Slideo.com, nous avons démontré notre intérêt pour la croissance externe. Nous recherchons des actifs pouvant améliorer notre technologie ou nous ouvrir de nouveaux marchés mais nous serons évidemment très attentifs à la valorisation car notre priorité reste de maintenir la croissance rentable de Brainsonic.
 
JB -Envisagez vous une introduction en bourse ?
 
JLB -Nous avons toujours été rentables et nous n'avons pas encore dépensé l'argent injecté par AXA Private Equity car nous attendons le bon timing pour racheter les actifs qui nous intéressent. La bourse peut être un moyen, certainement pas une fin, pour poursuivre notre croissance mais j'estime qu'il faut atteindre un chiffre d'affaires de l'ordre de 10 millions d'euros pour solliciter les marchés financiers. Nous devrions donc pouvoir en rediscuter sans doute d'ici 2 ans.
 
JB -Jean-Louis Bénard, je vous remercie.
Jérôme Bouteiller
Par Jérôme Bouteiller

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