Numericable devient opérateur de télécommunications et dévoile ses objectifs

Romain Heuillard
Publié le 11 septembre 2008 à 19h25
Le groupe numericable-completel faisait sa rentrée aujourd'hui. Au cœur de l'actualité pour diverses affaires depuis plusieurs mois, l'opérateur de télécommunications repart sur de nouvelles bases, dévoilant lors d'une conférence de presse une nouvelle équipe de direction et de nouveaux objectifs communs au groupe.

Conscient des griefs dont Numericable fait l'objet, Pierre Danon, PDG du groupe depuis le mois de juin, assurait en début de conférence que la situation s'améliorait progressivement, admettant notamment que le service client était passé du « catastrophique » au « pas très bon ». Épaulé par ses nouveaux collaborateurs, il a exposé les grands axes de la stratégie qui mèneront le groupe « du renouveau à la conquête ».

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  • Nouvelle structure pour nouveaux objectifs
Emmenée par Pierre Danon, qui a été entre autres directeur général d'une des divisions de British Telecom, une nouvelle structure de direction commune à Numericable et Completel a été mise en place. Ils ont dévoilé aujourd'hui une nouvelle stratégie.

De nombreux aspects de cette dernière reposent sur l'acquisition de l'opérateur Completel, qui commercialisait jusqu'à son rachat des services exclusivement auprès des entreprises. Les deux fonds d'investissement partenaires à l'époque de Numericable, Altice et Cinven, se sont progressivement approprié l'entreprise qui dispose d'un des plus important réseau dégroupé de France, dans l'optique de compléter l'offre de certains abonnés Numericable d'un accès à internet en utilisant la technologie ADSL, mais aussi pour profiter de son expertise dans le domaine de la fibre optique.

L'infrastructure de Numericable quant à elle est l'objet d'un grand plan de rénovation depuis environ quatre ans. Ainsi 3,4 des 9,6 millions de prises présentes chez les particuliers sont raccordées au réseau fibré qui arrive au pied de l'immeuble.
  • Une offre grand public attrayante sur le papier
Numericable l'a bien compris, son renouveau passe par une offre à la pointe de la technologie. Car à défaut d'avoir la confiance des consommateurs, l'opérateur multi service propose une offre qui dépasse, du moins sur le papier, celle de ses concurrents utilisant la technologie ADSL.

Du côté de l'offre Internet par exemple, Numericable totalise d'ores et déjà 104 000 foyers connectés en très haut débit à 100 Mbps, tandis qu'un peu plus de 2 millions de prises seraient éligibles à l'offre. L'opérateur a profité d'un amendement qui lui facilitait la tâche, mais ses privilèges ont été révoqués un peu plus tard. De quoi expliquer l'avance qu'il a pris sur son principal concurrent Orange qui ne compte que 14 000 fibrés ?

L'opérateur multi service va également proposer prochainement l'offre Homezone qui, combinée à une offre de téléphonie fixe et à une ligne de téléphonie mobile sur son MVNO, permettra de profiter des conditions de l'offre de téléphonie fixe (l'illimité vers 45 destinations) depuis son portable lorsqu'on est à portée de son modem.
  • Des offres pour les professions libérales comme pour les grands groupes
Le prestataire de service se lance également dans le domaine professionnel, jusqu'à présent chasse gardée de Completel, en proposant l'offre NumeriPRO aux petites entreprises. Facturée 35 euros par mois, cette dernière propose l'accès à Internet jusqu'à 100 Mbps descendant / 5 Mbps montant et deux lignes téléphoniques avec deux numéros distincts.

À l'opposé de cette offre, Numericable Completel devient également opérateur de télécommunications. Basés sur les infrastructures de Completel, de nombreux pilotes sont actuellement menés. Par Darty notamment pour une offre triple-play, mais aussi par Bouygues Telecom qui utilise des relais reliés entre eux par de la fibre optique ou encore par Neuf Cegetel pour son offre de FTTH. Le groupe tient à ouvrir son réseau, de quoi lui assurer d'importantes entrées d'argent tout en présentant l'avantage pour le consommateur de fournir un environnement hautement concurrentiel.
  • Un service client qui revient de loin
Avec une offre de pointe sur le papier, reste à être à la hauteur dans la pratique. C'est justement l'un des points sur lequel Numericable est le plus critiqué.

Pour améliorer sa relation avec le client, l'opérateur a ouvert plusieurs boutiques (69 sont ouvertes à ce jour, 142 son prévues pour fin 2009) et a amélioré celles existantes. L'assistance téléphonique a enregistré une baisse du nombre d'appel de 30% depuis un an. Des mesures de Numericable révèlent que la durée d'attente moyenne est inférieure à 1 min 30 et que 88% des appels sont traités avec satisfaction. Le portail d'assistance quant à lui a été revu et corrigé. La DGCCRF enfin a constaté une baisse constante des réclamations depuis 2007. Pierre Danon se veut confiant, il estime que dans un an, la situation sera « acceptable ». Espérons-le !
  • Premiers pas vers la transparence
Le manque de transparence était l'un des reproches fait à Numericable. Ce dernier répond partiellement à cette accusation en promettant de publier chaque semestre quelques chiffres clés et une partie de ses résultats financiers.

On apprend ainsi aujourd'hui que le chiffre d'affaires du groupe s'élève pour le premier semestre 2008 à 640 millions d'euros et que 170 millions d'euros ont été investis, dont une part importante pour le déploiement de la fibre optique. Le groupe n'a en revanche pas souhaité communiquer sur d'hypothétiques bénéfices nets.

Numericable compte 3,5 millions d'abonnements à la télévision, 930 000 à l'Internet et 650 000 au téléphone fixe. L'opérateur ne souhaite toutefois pas communiquer le nombre d'abonnés à son offre de téléphonie mobile, ajoutant qu'il n'a pas d'objectif de parts de marché sur ce segment. Completel pour sa part compte 4450 entreprises clientes.

Le groupe fraichement constitué met donc les bouchées doubles en s'attaquant de front à tous les points qui lui faisaient défaut. Reste à fournir en pratique ce qui est proposé en théorie !
Romain Heuillard
Par Romain Heuillard

C'est vers l'âge de 12 ans, lorsque j'ai reçu mon premier ordinateur (un Pentium 100), que j'ai décidé d'abandonner ma prometteuse carrière de constructeur de Lego pour me consacrer pleinement à ma nouvelle passion pour l'informatique. Depuis je me suis aussi passionné pour l'imagerie en général et pour la photo en particulier, mais je reste fan de sujets aussi obscurs que les procédés de fabrication de composants électroniques ou les microarchitectures de processeurs, que l'infiniment grand et l'infiniment petit. Je suis enfin foncièrement anti-DRM et pro-standards ouverts.

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