Piratage: un manque à gagner d'1,2 milliard d'euros

Guillaume Belfiore
Par Guillaume Belfiore, Rédacteur en chef adjoint.
Publié le 14 novembre 2008 à 16h52
Sur demande de la société Equancy & Co, le cabinet d'analyse Tera Consultants a publié une étude afin de déterminer l'impact du piratage en France et dans le monde. En tout, sur l'année 2007, le manque à gagner est estimé à 1,2 milliard d'euros.

Avec une « perte de recettes » de 605 millions d'euros, c'est le secteur du cinéma qui serait le plus touché suivi du marché de la musique (369 millions d'euros), de la télévision (234 millions d'euros) puis du livre (147 millions d'euros). En tout cela aurait conduit à la suppression de 10 000 emplois dont 5000 de manière directe. L'étude n'a pas pris en compte le piratage d'autres secteurs tels que ceux du logiciel ou du jeu vidéo.

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Taux de pénétration du peer-to-peer


Sans grande surprise, les logiciels peer-to-peer sont la principale source du trafic des fichiers musicaux. D'ailleurs, avec un taux de pénétration de 31% et une part d'environ 70% sur le trafic total, la France se trouve en seconde place derrière l'Allemagne et devant le Suède, les Etats-Unis, l'Italie, l'Espagne puis le Royaume-Uni. La France est en pôle position sur le temps moyen consacré à ces logiciels (512 minutes par mois), largement supérieur à l'Allemagne (301 minutes). Dans l'Hexagone, 700 millions de chansons auraient été téléchargées en 2007, un phénomène expliqué par le coût relativement bas des connexions haut débit sur le territoire.

Selon les analystes : « en raison de la croissance de la pénétration du haut débit et de la stratégie 'France Numérique 20012', la menace est de perdre encore 10 000 emplois dans les 3 prochaines années... ».

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Volumes des ventes de la musique des maisons de disque entre 2002 et 2007 et chiffre d'affaire des éditeurs sur la même période


Entre 2002 et 2007, les volumes de vente des éditeurs de musique ont baissé de 36% ce qui représenterait un chiffre d'affaire en chute de 45,3%. Sur cette période, les revenus sur les ventes de détail auraient chuté de 33%. Pourtant entre 2005 et 2007, les téléchargements légaux ont progressé de 86% en valeur et 65% en volume. ITunes reste le leader du marché avec une part de 34% du marché global. En ce qui concerne le téléchargement mobile, c'est SFR qui mène la danse avec une part de 33%.

Sur le marché du cinéma, le P2P domine aussi largement avec 14 millions de films téléchargés en juin 2008 pour une moyenne de 450 000 titres piratés chaque jour sur le premier semestre 2008. En moyenne, un film serait disponible au téléchargement 41 jours après sa sortie en salle. Pour la quatrième année consécutive, les éditeurs vidéos enregistrent une chute de leur chiffre d'affaire, lequelle s'élevait à 775 millions d'euros en 2007.

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Evolution du nombre de téléchargements quotidiens de films en 2008


Contrairement aux Etats-Unis, la copie illégale de séries télévisées s'intensifie en Europe. L'étude rapporte le chiffre de TorrentFreak qui avait enregistré un million de téléchargements européens du premier épisode de la quatrième saison de Prison Break alors que seuls 4% du trafic provenaient des États-Unis. Sur une journée ordinaire, le site de partage de fichiers BitTorrent Mininova enregistre 10 millions de téléchargements soit 117,6 par seconde. Les internautes français téléchargeraient chaque jour 450 000 épisodes de séries TV, ce qui représenterait pour les éditeurs une perte quotidienne s'élevant à 11 162 euros par jour ou 4 millions en 2007.

Des études qui sont parfois controversées

Après l'adoption de la loi Création et Internet en première lecture le 30 octobre dernier, Christine Albanel a commencé une campagne de communication dans laquelle elle reprend la conclusion d'une étude publiée par le cabinet GfK: 1 milliard de fichiers auraient été téléchargés. Intrigué par ce chiffre, Le Monde a interrogé Laurent Donzel, responsable du cabinet d'analyse en question : « On fait appel à la mémoire de l'intéressé, et les interviewés minimisent souvent le poids réel du téléchargement. Ils ne veulent pas l'avouer [...] Pour compenser, on extrapole et on multiplie les résultats par douze >. Pire, l'étude aurait été spécifiquement demandé par les éditeurs de vidéos et les maisons de disque.

De son côté, Equancy & Co, qui a commandé cette analyse, se définit comme une entreprise offrant des stratégies professionelles auprès de grands industriels avec pour mission d': « aider les grandes entreprises internationales dans leur combat permanent pour rester ou devenir leaders dans leur industrie, en tirant le meilleur parti possible de leurs investissements marketing et communication. ». Parmi ses clients, Equancy & Co a travaillé avec la FNAC, SFR, Total, Philip Morris ou Dassault Systèmes.
Guillaume Belfiore
Rédacteur en chef adjoint
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