Selon le Wall Street Journal, Google serait entré en discussion avec les principaux câblo-opérateurs et opérateurs de téléphonie mobile américains afin d'obtenir un traitement privilégié pour ses propres services web. Parallèlement, le géant de Mountain View précise qu'il pourrait interférer manuellement avec son algorithme de recherche.
Neutralité : l'accessibilité au réseau
Don't be evil, tel est le leitmotive de Google, et pourtant, la firme californienne semble être en passe de déroger à cette règle de plusieurs façons. Non satisfait de dominer le marché de la recherche sur Internet, Google tente désormais d'obtenir des partenariats avec les FAI américains afin de proposer un accès optimisé à ses services Internet. Se pose alors la question de la neutralité du réseau.
De leur côté, les opérateurs expliquent que les fournisseurs de contenu devraient partager les coûts de leur infrastructure, notamment du fait d'un trafic qui augmenterait de plus de 50% chaque année. Aussi, ils estiment que pour faire face à cette forte consommation de bande passante (notamment à cause de la vidéo en streaming) ils doivent donc trouver de nouveaux revenus afin de mettre à jour leur réseau. Parmi ces solutions, les opérateurs n'excluent pas de monétiser des accès rapides auprès des fournisseurs de contenu, tels que Google.
L'un des gros câblo-opérateurs américains a refusé de signer un tel partenariat avec Google parce que cela serait en violation avec les principes de la FCC (Federal Communications Commission) vis-à-vis de la neutralité des réseaux Internet. Interrogé par le Wall Street Journal, l'un des dirigeants du fournisseur d'accès à Internet en question explique qu'une telle décision pourrait entraîner de lourdes répercussions judiciaires : « si nous avions signé, cela aurait des ravages à Washington »
Dans cette affaire, Google ne serait pas le seul à remettre en cause les principes de neutralité du réseau et Yahoo! et Microsoft se seraient tous deux retirés d'une coalition visant à assurer la neutralité de la Toile. Ainsi, chacun tente d'imposer son moteur de recherche par défaut sur les téléphones des opérateurs et Google semble avoir précipité son navigateur Google Chrome en version finale afin qu'il soit distribué par les fabricants d'ordinateurs sous version OEM.
Neutralité : la recherche sur Internet
L'introduction de Search Wiki au sein des résultats de recherche de Google laissent aussi certains spécialistes assez sceptiques sur cette technologie. Search Wiki permet à l'internaute de changer la place d'un résultat de recherche à la volée afin de personnaliser les résultats d'une requête pour le compte utilisateur.
Cependant, lors du sommet LeWeb'08, qui s'est déroulé à Paris la semaine dernière, Marissa Meyer, vice-président de Google, a expliqué que la société était actuellement en train d'observer la manière dont les internautes utilisent Search Wiki et, à terme, pourrait s'en servir pour raffiner les résultats de recherche globaux automatisés par l'algorithme du moteur de recherche. Mme Meyer explique que si des milliers d'internautes procèdent à un changement évident, alors ce dernier sera effectué par défaut au sein du moteur.
Le débat s'intensifie au sein des experts en SEO (Search Engine Optimization) et certains jugent cette pratique abusive. Après tout, qu'est-ce qu'un changement évident ? D'autres estiment que le système de vote introduit par Search Wiki, est complémentaire à la technologie PageRank qui analyse la popularité d'un site au travers des liens entrants.
Le tumulte de ces débats autour de la neutralité du net face à la position dominante de Google souligne la dimension commerciale inévitable et le malaise qui subsistent entre la FCC et les FAI américains. A ce jour, Internet ne dispose pas réellement d'un autorité globale internationale capable d'intervenir dans ces discussions.