Les autorités doivent-elles avoir accès aux emails des délinquants sexuels sortis de prison ? Telle est la polémique soulevée par les défenseurs des libertés individuelles aux Etats-Unis. En effet, depuis jeudi dernier, une loi de l'état de Géorgie oblige les accusés à remettre la totalité de leurs identitifants et leurs mots de passe aux autorités sous peine de retourner en prison.
Jusqu' à présent, plusieurs lois fédérales votées en 2006 obligeaient les anciens détenus à partager leurs adresses emails mais à ce jour, seuls deux états - l'Utah et la Géorgie - exigent les mots de passe associés.
Sara Totonchi, du centre des droits humanitaires d'Atlanta, explique : « il y a des problèmes de protection de vie privée », puis ajoute : « cela donnera la possibilité aux autorités de lire les emails échangés avec les membres de la famille et les employeurs ».
De son côté, la sénatrice Cecil Staton, qui a rédigé cette loi, déclare : « nous limitons les endroits où ils pourraient vivre, nous publions leurs informations sur Internet. Dans une certaine mesure, nous violons leur vie privée [...] mais n'ont-ils pas eux-mêmes violé ces droits ? »
Cette polémique, qui dresse une situation plutôt paradoxale de la protection de vie privée soulève cependant plusieurs questions : peut-on réellement placer la violation d'une boite électronique à la même échelle qu'une violation physique. Certainement pas. Par ailleurs, est-il possible pour le délinquant sexuel de se repentir véritablement de ses actes ? Et quid de la victime traumatisée ?
Kelly Piercy, un homme accusé de pédophilie en 1999, estime de son côté : « j'ai fait une erreur et il fallait que je paie. J'ai déjà payé. Mais désormais nous sommes la cible d'une justice préventive et cela me rend anxieux. Jusqu'où les délinquants sexuels seront-ils poursuivis ? »