Mauvaise pioche pour Thomson. L'ancien géant français de l'électronique désormais repositionné en équipementier audiovisuel vient de publier ses résultats 2008. Il fait état d'une perte annuelle approchant les 2 milliards d'euros (+98,95% / 2007) pour un chiffre d'affaires de 4,8 milliards d'euros, en baisse de 7,7% par rapport à 2007 (taux de change constant). Le groupe évoque son repositionnement pour tenter de restaurer la confiance de ses créanciers.
Car l'hécatombe ne s'arrête pas là. Thomson accuse une dette de 2,1 milliards d'euros, avec un niveau de trésorerie avoisinant les 769 millions d'euros. « Nos résultats non audités 2008 reflètent un environnement de marché difficile et sont principalement impactés par des dépréciations d'actifs. Thomson a donc pris les mesures nécessaires pour améliorer sa performance opérationnelle et sa situation financière. Nous poursuivons activement des discussions constructives avec nos créanciers, dans l'intérêt de l'ensemble des parties prenantes, explique Frédéric Rose, le nouveau directeur général. À l'avenir, Thomson va recentrer ses activités autour de ses clients créateurs de contenu. À cet égard, les deux contrats que nous annonçons aujourd'hui avec Disney et Paramount sont des signes encourageants en ce début d'année 2009. »
Les pertes annoncées par le groupe seraient essentiellement dues à des dépréciations d'actifs et aux charges de restructurations. « Thomson a acheté près de 50 sociétés en huit ans », insiste Frédéric Rose. D'ailleurs, après avoir nommé Stéphane Rougeot, ex-contrôleur de gestion de France Télécom au poste de directeur financier, Frédéric Rose avait prévenu que, « lorsque les comptes du groupe seront audités et certifiés, fin avril, les clauses financières de ses dettes ne pourront pas être respectées ». Sanction immédiate : l'entreprise n'est plus valorisée que de 125 millions d'euros (17h).
Reste à Thomson à envisager des cessions et une profonde refonte de sa stratégie. Le groupe a, entre autres, engagé les processus de cession de Grass Valley (équipements de diffusion), de PRN (publicité sur le lieu de vente) et de Screenvision (régie publicitaire pour le cinéma), comme annoncé le 28 janvier 2009. Thomson « a souffert de divers événements défavorables, dont l'impact de la grève des scénaristes à Hollywood (... ainsi qu') un faible niveau d'activité dans d'autres activités en particulier publicitaires et de systèmes d'équipements de diffusion professionnelle. » Les activités de recherche fondamentale, à l'origine des brevets qui ont rapporté 390 millions de chiffres d'affaires en 2008 avec une marge de 70 %, ont pour leur part été recentrées sur la France et les États-Unis. Malgré cela, à 17 heures, l'action du groupe perdait 17% à 0,465 euro.