Alors qu'Orelsan doit se produire au festival le Printemps de Bourges fin avril, différentes associations demandent à ce que le chanteur soit déprogrammé. En parallèle, la secrétaire d'Etat à la Solidarité Valérie Létard a appelé jeudi les plateformes de vidéo en ligne à retirer le clip incriminé, suivie vendredi matin par la ministre de la Culture Christine Albanel.
Dans un communiqué, celle-ci se dit « choquée et même révoltée » par cette chanson, « apologie sordide de la brutalité envers les femmes, d'une cruauté inouïe », et en « appelle au sens des responsabilités des dirigeants des chaînes de télévision et des sites internet, pour que le clip de cette chanson ne soit plus diffusé ».
Alertées, les plateformes YouTube et Dailymotion qui hébergent aujourd'hui le clip ont restreint l'accès à la vidéo incriminée aux utilisateurs enregistrés, et âgés de plus de 18 ans, mais ne l'ont pour l'instant pas placée hors ligne.
Contacté, YouTube France indique suivre toujours la même procédure lorsqu'un contenu pose problème, « que la vidéo soit signalée par un ministre ou par un internaute ». Ici, il a été décidé après réception de l'alerte, que la très forte connotation du texte justifiait la mise en place d'un accès restreint, mais que la vidéo en tant que telle ne présentait pas de caractère « manifestement illégal ». « La décision a été prise au regard des conditions d'utilisation du service », explique YouTube qui garantit une suppression instantanée en cas de réquisition judiciaire.
Si les paroles d'Orelsan sont particulièrement crues (« Tu n'es juste qu'une truie, tu mérites ta place à l'abattoir »), il n'est pas le premier à utiliser un langage ordurier et des termes violents. Début 2007, alors que clip de « Sale Pute » faisait son apparition en ligne, le transfuge de la TV Michael Youn chantait déjà « Toute ta famille va y passer, même ton chien, même ton chat », « J'espère que tu vas crever », dans un morceau élégamment baptisé « Sale Connasse ». Lui pouvait certes se camoufler derrière le registre de l'humour, mais n'a pas eu les honneurs d'une telle polémique.
La maison de disques d'Orelsan tente quant à elle de dédramatiser. « Comme toute création artistique, aussi violente soit elle, cette narration ne peut et ne doit pas être sortie de son contexte. (...) En aucun cas Orelsan ne se pose en agresseur de la gent féminine », explique 3ème Bureau (Wagram). Les organisateurs du festival berruyer ont quant à eux assurer que « Sale Pute » ne serait pas chantée par Orelsan lors de son passage sur scène.
Pour le jeune homme, l'affaire est bonne : il profite d'un effet buzz sans précédent dans sa courte carrière grâce à ces propos volontairement outranciers. Elle servira également les intérêts de ceux qui estiment qu'il est nécessaire d'instituer une autorité de contrôle de type CSA, chargée de veiller au respect des bonnes moeurs sur Internet.