Alors que 72% de la population américaine a déjà expérimenté l'usage d'Internet (220 millions contre 38 millions en Russie), plus de la moitié des Russes âgés de plus de 12 ans ne s'y sont jamais connectés. Pire, parmi ces « déconnectés », plus d'un sur dix n'en aurait jamais entendu parlé. Et pour cause : un tiers d'entre eux n'a jamais utilisé d'ordinateur. C'est le constat affligeant que fait la Fom dans un rapport de 144 pages basé sur les réponses de 34.000 personnes dans 1920 villes du pays.
Contrairement à il y a quelques années, les internautes russes surfent plus souvent de chez eux que depuis leur lieu de travail, « un constat qui reflète une plus grande connectivité et probablement un nouvel impact du Web sur les habitudes des Russes », écrit la Fondation. Pourtant, l'étude montre qu'à part Moscou et Saint-Petersbourg, le taux de pénétration d'Internet dans les campagnes n'atteint pas plus de 11%. Tandis que dans certaines provinces, comme celle qui inclue le Sud Caucase, plus d'un quart des connectés (28%) surfent depuis leur mobile. « Un constat qui reflète moins la pénurie de lignes fixes dans cette région qu'un modèle qui fait d'Internet un outil encore plus important dans le fait de lier ceux qui s'opposent au régime », écrit le blog Windowoneurasia.com, du spécialiste des cultures eurasiennes Paul Globe.
Pourtant, selon Paul Globe, « cette attitude démontre (seulement) que les Russes ne sont pas si passionnés et tributaires d'Internet que les Américains et les Européens ont pu le croire ». Pour lui, cela prouve que Moscou rencontrerait bien moins de résistance que prévu s'il décidait, comme le parlement Kazakh fin juin, de fortement restreindre l'accès au Web. D'ailleurs, selon lui, « il ne faudrait pas tant croire qu'Internet puisse être d'une telle force d'influence et de transformation ». Il semble pourtant difficile de laisser la liberté, qui s'exprime désormais en ligne, en pâture aux régimes autoritaires. En Iran ou en Chine, les plateformes vidéos, réseaux sociaux, et autres Twitter rappellent que le cyberspace peut tout autant servir d'outil d'instrumentalisation que d'un outil utile au dialogue des cultures.