Le 9 juillet au matin, il ouvre sur la plateforme hébergée Wordpress un site, « chromeosleak », et poste quatre photos d'un ordinateur portable équipé d'une version préliminaire de Chrome OS. Il affirme travailler pour l'un des fournisseurs du fabricant Acer, et avoir eu accès par l'intermédiaire de ce dernier à une présentation en avant-première du système de Google.
Un canular qui en moins de douze heures a fait le tour du Web
Dans son billet initial, il délivre quelques informations au sujet de ce supposé OS : l'installation prend moins de dix minutes, le système est étonnamment réactif, surtout pour une version de test, deux modes de navigation au sein des fichiers sont proposés, etc. Au terme d'une abondance de détails, dont la farfelue touche Chrome qui viendrait remplacer la touche Windows, il confesse risquer de perdre son poste si ses supérieurs ont vent des photos qu'il a prises en une dizaine de secondes et en tremblant.
Bien qu'il redoute les foudres de son employeur, il prend soin de faire savoir que ces photos existent à quelques blogs américains qui, attirés par l'odeur du scoop, relaient rapidement ces images. Portées à l'attention du public, ces dernières sont alors commentées sur les forums, réseaux sociaux et blogs, puis rapidement reprises par bon nombre de sites Internet, professionnels ou amateurs, qui parfois les utilisent pour illustrer leur sujet du jour sur Chrome OS, ou leur consacrent un article dédié. Bien sûr, le conditionnel est systématiquement de rigueur et tous soulignent que ces images peuvent tout à fait être des faux, mais les publications les ayant reprises se comptent par dizaines sur le Web anglophone.
« Je suis désolé que vous y ayez cru. C'était un très mauvais essai. Vous êtes tous des gens intelligents. Je n'avais pas prévu que les choses prennent une telle ampleur. Mais elles l'ont fait », indique l'auteur de la supercherie, douze heures après la publication de son billet initial. Il accompagne la révélation du pot aux roses d'une séquence vidéo qui illustre à quel point le Web s'est embrasé pour cette poignée de captures.
A l'heure où certains louent l'efficacité des réseaux sociaux tels que Twitter pour la dissémination instantanée de l'information, l'anecdote illustre à quel point il convient de prendre un peu de recul et de s'accorder le temps de la réflexion avant de bondir sur la moindre information aux relents du scoop. Une leçon de morale qui vaut aussi bien pour les médias - à commencer par notre rédaction ! - que pour leurs lecteurs.