En poste depuis tout juste quelques semaines, le nouveau ministre de la culture, Monsieur Frédéric Mitterrand, a décidé d'être prudent sur la question de l'éventuelle participation de Google au programme de numérisation de la Bibliothèque Nationale de France.
"Il est tout à fait normal que la Bibliothèque ait des échanges avec des entreprises engagées dans la numérisation telles que Google." estime Bruno Racine, actuel président de la BnF. "Confier à Google la responsabilité du choix des livres, la maîtrise planétaire de leur forme numérisée et la quasi-exclusivité de leur indexation sur la Toile, le tout étant au service, direct ou indirect, de ses seuls gains d'entreprise, voilà bien qui n'était pas supportable" juge pour sa part Jean-Noël Jeanneney, ancien président de cette même BnF.
Entre ces deux avis, Frédéric Mitterrand cherche la voie médiane. "il ne faut pas numériser tout, tout de suite (..) La numérisation du patrimoine de la Bibliothèque nationale est un sujet bien trop important pour qu'on le laisse s'envenimer par des controverses" a expliqué le Ministre dans les colonnes du quotidien LeMonde.
A l'instar de Nathalie Koscisko-Morizet, secrétaire d'état à l'économie numérique, Frédéric Mitterrand laisse toutefois entendre que la France pourrait augmenter ses investissements dans la numérisation du patrimoine, estimés à 5 millions d'euros par an, notamment dans le cadre du nouvel emprunt national, piloté par Alain Juppé et Michel Rocard.
Il faut dire que la France et l'Europe ont été pris de vitesse par Google. Face aux 10 millions d'ouvrages déjà numérisés par le moteur américain, Gallica, la bibliothèque numérique de la BnF n'en oppose que 830 000 contre un peu plus de 4,6 millions de documents (textes et images) pour Europeana, la bibliothèque numérique européenne.
Reste désormais à savoir si les pays du vieux continent, fiers de leur patrimoine, se donneront les moyens de le numériser et d'en assurer la valorisation. Une question qui renvoie à d'autres projets comme Quaero, déjà lancé en réaction à l'hégémonie de Google.