Avez-vous déjà entendu parler de Artamène ou le Grand Cyrus ? Ceux dont la réponse est « non » ont bien des excuses, car « l'ouvrage » est très peu diffusé. Et pour cause : il occupe à lui seul un demi mètre de rayonnages, au moyen de ses dix tomes repartis chacun en trois livres ! Le manuscrit s'est taillé de ce fait une place bien méritée dans le Livre des records, au chapitre du plus long roman français jamais publié dans l'histoire.
Si ce livre publié entre 1649 et 1653 fait à nouveau parler de lui aujourd'hui, c'est parce que la bibliothèque de l'Université de Neuchâtel a pris l'initiative de numériser ses quelques 13 095 pages. Cette mise en ligne a pour but de permettre à cet ouvrage, que peu d'éditeurs (aucun ?) prendraient le risque d'imprimer et de distribuer à nouveau, de sortir de la confidentialité. Redondance, démesure, profusion... à toutes ces critiques les initiateurs du projet répondent : « Et si tout cela n'était qu'un problème de « lecture » » ? Leur démarche n'est pas uniquement de rendre plus largement accessible cet ouvrage, mais aussi de profiter pleinement des outils offerts par l'édition en ligne pour rendre le livre plus « lisible ». Cela a été fait au moyen de liens hyper-texte notamment, et en rendant possible la recherche textuelle. Le manuscrit peut ainsi être consulté ou téléchargé en différents formats (HTML, texte, XML...) depuis cette page.
Cette initiative n'est pas sans rappeler les grands projets de numérisation des différents ténors de l'informatique et du web (Yahoo!, Microsoft / MSN, Google...), même si dans ce cas la démarche est différente, puisqu'il s'agit d'une initiative isolée et que l'œuvre est mise à disposition dans son intégralité, à la fois en modes image et texte (pour la recherche). Cette initiative se rapproche en fait plus du projet Gallica, mené par la Bibliothèque nationale de France, que nous présentons avec d'autres dans les premières pages de notre reportage sur une usine de numérisation industrielle dite « tourne pages ».