C'était un des feuilletons Microsoft de l'été dernier : Windows 7 allait il inclure d'autres navigateurs qu'Internet Explorer 8 ? Avec un casting de choix : dans le rôle du méchant empereur dominant la galaxie sans partage, le vil Internet Explorer. Dans le rôle des gentils rebelles résistant encore et toujours à l'envahisseur, Opera Software et la fondation Mozilla, rejoints par Google. On le sait, Microsoft est dans le collimateur de la Commission Européenne. Déjà saisie pour l'inclusion jugée abusive de Windows Media Player, elle avait accouché d'une souris : l'édition N de Windows, une version sans Media Player, sans obligation de vente et, au final, sans le moindre impact. Cette fois ci, c'est l'inclusion d'Internet Explorer 8 dans Windows 7 qui est reprochée, suite à une plainte des trois compétiteurs cités plus haut. Après avoir considéré le retrait pur et simple d'Internet Explorer 8 dans les versions européennes de Windows 7, Microsoft est heureusement revenu en arrière avec un compromis : un écran d'accueil permettant de télécharger le navigateur de son choix.
Problème : la première version présentait les navigateurs par ordre alphabétique, mettant Safari (Apple) en tête de liste. De quoi énerver les concurrents. Finalement, alors que Windows 7 est sorti en Europe, sans écran de sélection et avec Internet Explorer 8, l'affaire est désormais réglée. La Commission Européenne a accepté la proposition de Microsoft et une mise à jour obligatoire proposera l'interface tant décriée... présentant désormais les navigateurs de façon totalement aléatoire.
On pourrait estimer la partie gagnée, mais au fond, est-ce vraiment important ? Même si Internet Explorer reste le navigateur web le plus utilisé au monde, il demeure en perte de vitesse, ce que montrent toutes les études de part de marché. C'est d'ailleurs la progression de Firefox qui a fini par réveiller Microsoft alors qu'Internet Explorer 6 stagnait : la fondation Mozilla avait su exploiter les faiblesses d'Internet Explorer de manière intelligente et proposer une alternative sérieuse qui a grignoté les parts de marché de Microsoft de manière significative. Preuve que c'est possible, même sans l'aide de la Commission Européenne. Depuis, Microsoft a fait évoluer Internet Explorer mais les versions 7 et 8 sont loin d'avoir fait l'unanimité. En face, en revanche, la concurrence s'aiguise, et Google peaufine un Chrome de plus en plus séduisant.
Google Chrome : un concurrent de plus en plus gênant ?
Chrome a vu le jour il y a à peine un an. Le butineur impressionnait à l'époque par sa rapidité et l'épuration rafraichissante de son interface mais accusait quelques lacunes : pas de gestionnaire de signets digne de ce nom, un gestionnaire de téléchargement posant problème avec certains sites, et aucune possibilité de personnalisation par des extensions ou des thèmes. En un an, Google Chrome a rattrapé son retard sur ces points. La version 4, actuellement en bêta, prend désormais en charge l'ajout d'extensions en plus des thèmes ajoutés à la version 3. Pour enfoncer le clou, Google Chrome s'attaque désormais à Mac OS X et à Linux.
Faut-il y voir un signe d'agacement dans la récente polémique lancée par Asa Dotzler, directeur des communautés autour du développement de Firefox chez Mozilla ? Réagissant aux propos d'Eric Schmidt, le CEO de Google, autour des risques de conservation de données personnelles sur les moteurs de recherche, Asa Dotzler en est arrivé à une conclusion choc : Bing, le moteur de recherche de Microsoft, respecterait davantage votre vie privée que Google ! Et Asa d'expliquer la marche à suivre pour faire de Bing son moteur par défaut sous Firefox. Cette sortie médiatique largement reprise sur le web est elle fortuite ? Après tout il ne s'agit que de l'avis personnel d'un représentant de Mozilla exprimé dans le cadre d'un blog. Néanmoins, elle est peut être révélatrice des relations entre Google et Mozilla. On ne peut pas nier que l'intégration de Google dans Firefox est une manne financière considérable pour Mozilla. En s'ouvrant à Linux et Mac OS X, et en se dotant d'extensions, Google Chrome attaque Mozilla Firefox de manière plus frontale que jamais. La route est encore longue pour Google, ne serait-ce que pour dépasser la part de marché de Firefox. Néanmoins, un an après sa sortie, Chrome est déjà devant Opera, et taquine Safari. Bientôt la fin de l'entente cordiale ?