Je pense que ça ne vous aura pas échappé : nous sommes le 31 décembre. Si ça vous a échappé, nous ne sommes PLUS le 31 décembre. Si vous avez un gros trou autour du 31 décembre, nous sommes le 4 janvier. Bref, qui dit 31 décembre dit bêtisier. Non, nous n'allons pas vous offrir les prises ratées de Virgile dans la Clubic Week, mais plutôt un petit retour sur les plus belles bourdes des éditeurs et constructeurs, dans ce domaine très pointu de la traduction française. Ah, pas facile de retranscrire dans la langue de Molière les spécifications techniques des produits : la langue anglaise étant tellement plus concise, on se retrouve parfois avec la lourde tâche de retranscrire des idées assez simples avec des tournures beaucoup plus complexes. Enfin ça, c'est pour ceux qui se compliquent la vie. Comme Julien me l'a rappelé en m'envoyant une capture d'écran assez gratinée, d'autres n'hésitent visiblement pas à abuser de Google Translate pour délivrer des traductions parfois cocasses ou même surréalistes sur leur site web ou dans leur documentation papier. En voici quelques unes, glanées au cours de l'année écoulée. L'erreur est humaine, surtout sur le web où l'urgence favorise les couacs, mais elle est tout de même bien drôle parfois.
Apple : parfaitement cons ?
On commence avec les maîtres absolus en la matière : Apple. Pour des raisons que l'on ignore encore, la firme de Cupertino entretient avec la langue française une relation d'amour/haine assez intéressante. Il faut dire que la communication d'Apple est souvent basée sur des phrases choc, très percutantes en anglais et particulièrement casse tête à traduire. L'effet « lost in translation » fait que ça tombe souvent à plat en français... Ce serait déjà suffisamment compliqué comme ça si leurs traducteurs n'étaient pas les rois de la bourde. On l'avait vu l'année dernière avec l'extraordinaire accroche du MacBook « unibody » : Parfaitement con. Rapidement corrigée pour y ajouter le « çu » manquant, cette boulette aura fait son effet pendant ses quelques minutes d'affichage.
Début 2009, Apple France innovait encore, en inventant le concept de notice « rayez la mention inutile » avec la documentation de la suite iLife '09. Morceaux choisis (véridiques, à l'espace près) :
« Avec iLife '09, il n'a jamais été aussi simple d'exploiter des vous simplifie encore plus la manipulation de vos photos, de vos séquencesdes vidéos et de votre la musique sur votre un Mac »
« iMovie applique automatiquement à votre vidéo les des transitions, les des titres et leuns crédits présentés à lagénérique de fin de votre film »
« Garageband simplifie rend accessible l'apprentissage du piano et de la guitare accessible grâce à ses ccours d'initiationdébutants »
On imagine ce qui a bien pu se passer : le texte inachevé s'est sans doute retrouvé imprimé, alors que les traducteurs ne s'étaient pas encore arrêtés sur l'une des formulations. Ca n'explique pas complètement « la générique de fin » ou l'accessibilité excessive de Garageband. La notice en question est issue d'une boite achetée dès la sortie de la suite. Il n'est pas impossible (on l'espère) qu'Apple ait revu sa copie ultérieurement.
Optimisez votre pile !
2009 aura également vu l'arrivée d'une nouvelle version de WinDVD, le logiciel de lecture de DVD et de Blu-ray de Corel. On atteint sur le site de l'éditeur un degré de traduction presque poétique en parcourant les nouveautés de la version 2010, Corel traduisant littéralement « battery »par « pile ». Relativement correct techniquement, certes, mais pas franchement très heureux...« Gestion optimale de la pile. Optimisant la durée de la pile, sans sacrifier la qualité vidéo, un nouveau schéma d'alimentation pour Windows Vista et Windows 7 vous permettra de voir jusqu'à la fin ce film fabuleux qui vous tient tant à cœur ! »
« Lecture DVD plus fluide, de vive allure. Muni des derniers apports GPU/CPU, qui améliorent la qualité de lecture, WinDVD affiche des performances qui ne laissent rien à désirer. »
Gérez vos multimédias sans file !
Oh, merci Corel de penser à nous autres cinéphiles qui mettent un point d'honneur à regarder « de vive allure » tous ces films fabuleux jusqu'à la fin. Pendant ce temps, Linksys réinvente le routeur sans fil. Non seulement il n'y a pas de fil, mais en plus, vous n'êtes pas obligés de rester coincé dans la « file » d'attente pour l'acheter.On note également la répétition, au cas où on n'aurait pas compris. Et cette fois ci sans les fautes ! On ne sait pas trop ce que l'on peut faire « avec un route(u)r sans fil(e) de Linksys by Cisco », mais on leur fait confiance : ça doit être très intéressant, puisque la jolie utilisatrice en rouge (qui écoute de la musique sur son baladeur, ce qui n'a absolument aucun rapport avec un routeur) et le gentil couple senior ont l'air de s'éclater ! En fait, la réponse apparaît sur le site anglophone : la première partie de la phrase a tout simplement sauté : il s'agit d'une promotion familiale (un routeur acheté = un jeu offert). Mais Linksys ne s'arrête pas aux routers sans file : le constructeur propose également un hub pour gérer « ses multimédias ». Ca ne s'invente pas...
Mes multimédias ? Notre style de vie ? Y'a-t-il un rapport entre les deux ? L'énigme demeure... Précisons que pour Corel et Linksys, nous avions noté la plupart de ces bourdes il y a quelques semaines déjà, et elles sont toujours en ligne à l'heure où j'écris ce billet. Sur cette note insolite, il ne me reste plus qu'à vous souhaiter un excellent réveillon (consommez avec modération, bien sûr !) et à vous donner rendez-vous en 2010 !